Energie, loisirs, alimentation : face à l'inflation, 75% des Français vont consommer moins en 2023
La hausse des prix peut-elle nuire aux avancées faites depuis trois ans en matière d'éco-responsabilité ? Oui, à en croire une nouvelle étude qui nous apprend que les Français ne sont plus prêts à dépenser plus pour un produit respectueux de l'environnement, et ce quelles que soient les catégories socioprofessionnelles.
La pandémie a contribué à accélérer la transition écologique des populations à travers le monde, lesquelles ont commencé à revoir leur comportement pour adopter des gestes moins néfastes pour la planète. Chose qui passe inévitablement par une consommation plus responsable, que ce soit en matière d'alimentation, d'habillement, ou d'énergie.
Mais l'inflation pourrait se muer en obstacle à cette mutation des modes de vie. C'est ce que révèle le dernier baromètre des nouvelles tendances de consommation 2023 du cabinet de conseil Wavestone, qui a interrogé plus de 5.000 personnes en France, en Chine, aux Etats-Unis, en Allemagne, et au Royaume-Uni, sur l'impact de l'inflation sur leur mode de vie.
Une consommation en berne
Sans même évoquer l'aspect environnemental, au niveau mondial, ce sont entre 60 à 70% des sondés qui prévoient de baisser leur consommation pour faire face à la hausse des prix. Un nombre qui grimpe à 75% pour la France, tous secteurs confondus. D'une façon générale, les Français se montrent plus moroses - ou sobres - face à cette période, puisque l'étude observe 5 à 10 points de plus pour l'Hexagone par rapport aux autres pays interrogés pour chaque secteur mentionné. L'habillement et l'électricité comptent parmi les segments les plus touchés, puisque 80% des Français entendent réduire leur consommation en 2023. Suivent le gaz (78%), les loisirs (76%), l'essence (75%), les abonnements (71%), et l'alimentation (67%).
Déjà, relève Ouest France citant l'Insee, la consommation des ménages avait globalement baissé de 5,9% entre octobre 2021 et octobre 2022, avec une hausse des prix à la consommation de 6,2% durant la même période.
Contrairement à ce que l'on pourrait penser, cette tendance ne concerne pas uniquement les plus démunis, ou les plus âgés, mais bel et bien l'ensemble de la population. Les jeunes Français sont ainsi plus nombreux à prévoir de dépenser moins dans les mois à venir que les jeunes Chinois, Américains, Britanniques, ou Allemands. Et le constat est le même pour les catégories socioprofessionnelles supérieures (CSP+) qui envisagent "de diminuer leur consommation dans des proportions presque équivalentes à celles des Français plus modestes", précise l'étude. On apprend d'ailleurs que l'Hexagone et l'Allemagne sont les deux seuls pays dans lesquels les plus riches ne projettent pas de consommer davantage dans le courant de l'année.
Les enjeux environnementaux au second plan ?
Cette crainte face à l'avenir pourrait avoir un impact direct sur les avancées faites au cours des dernières années en matière de consommation éco-responsable, et ce même chez les populations les plus aisées. En France, près des deux tiers des répondants issus des CSP+ (63%) n'envisagent pas de consacrer un budget plus important à un produit qui serait plus respectueux de l'environnement, soit seulement 2 points de plus que les sondés les plus modestes. A titre de comparaison, ils étaient 45% et 57%, respectivement, en 2021. Mais cela pourrait aussi booster le marché de l'occasion, voire même faire émerger de nouvelles pratiques.
"L’inflation peut nuire à l’éco-responsabilité dès lors que cette éco-responsabilité implique une hausse du prix de vente. Pour autant, si on regarde le marché de la seconde main, qui est un modèle d’achat éco-responsable, celui-ci se porte très bien : 72% des Français ont acheté d’occasion au cours des 12 derniers mois. Et pas moins de 78% des Français seraient prêts à attendre plus longtemps la livraison d’un produit en contrepartie d’une livraison plus respectueuse de l’environnement… L’inflation n’est pas une fatalité pour la consommation responsable, et pourrait même faire émerger de nouvelles avancées comme un marché du 'slow delivery'", explique Julien Miniconi, directeur chez Wavestone.
Le luxe, une futilité pour les Français
Si la France est le pays qui a toujours le mieux incarné le luxe dans l'imaginaire collectif, ses habitants sont loin d'en être les premiers consommateurs. D'une façon globale, dans l'Hexagone, les consommateurs de luxe sont plus âgés et moins dépensiers que dans les autres pays interrogés. Les Français âgés de plus de 65 ans représentent 27% des acheteurs de luxe, tandis qu'ils n'atteignent pas les 10% en Chine, au Royaume-Uni, et en Allemagne. Ils ne représentent même que 5% aux Etats-Unis. A contrario, en France, 5% des consommateurs de luxe sont âgés de 18 à 24 ans, contre le double aux Etats-Unis et au Royaume-Uni (10%).
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