Aveyron : l'univers passionné de Léa Langereau, pâtissière et prévôt des Compagnons du Devoir

Abonnés
  • Léa Langereau, prévôt de la Maison des Compagnons de Rodez.
    Léa Langereau, prévôt de la Maison des Compagnons de Rodez. Anaïs Arnal
Publié le
Anaïs Arnal

À 24 ans, la jeune femme originaire d’Angers a pris ses fonctions de prévôt à la maison de Compagnons du devoir de Rodez fin août 2022. L’occasion d’évoquer son parcours et, en filigrane, l’univers passionnant et passionné des Compagnons, qui ouvrent les portes de leur maison à Rodez ce week-end des 14 et 15 janvier.

Entrée au lycée hôtelier de Saint-Nazaire à l’âge de 15 ans, Léa Langereau a poursuivi avec un BTS cuisine à La Rochelle puis s’est spécialisée en pâtisserie et a intégré l’univers des Compagnons en 2018 à Nantes. « Dans les métiers de bouche, on reste un an dans chaque ville. Mon tour de France m’a conduit à Paris, Pau, Strasbourg et Rodez », explique la jeune femme qui, comme tout apprenti puis aspirant, a dû réaliser un chef-d’œuvre pour pouvoir obtenir le statut de compagnon. « J’ai fait un buffet sucré-salé avec 55 produits différents pour un brunch de 100 convives. Je voulais montrer tout ce que j’avais appris au cours de mes différentes expériences professionnelles. »

Cette épreuve passée avec succès, les compagnons ont trois possibilités : s’installer à leur compte et devenir compagnon itinérant pour encadrer un groupe d’élèves qui apprend le même métier, devenir formateur dans une maison de Compagnons, ou devenir prévôt, c’est-à-dire directeur d’une maison de Compagnons. Le choix de l’Angevine – c’est ainsi, par la provenance géographique, que s’appellent les compagnons entre eux – s’est porté sur ce dernier poste qu’elle va occuper pendant trois ans. « J’avais envie d’accompagner les jeunes, de leur donner envie de partir sur le tour de France. C’est une manière de rendre le temps et de transmettre les valeurs que l’on nous a données pendant notre formation. »

Même fonctionnement qu’un CFA

La formation chez les Compagnons s’adresse à des personnes âgées de 15 à 25 ans. Elle peut être initiale pour les jeunes en apprentissage ou continue pour les adultes via des contrats de professionnalisation. Chaque année, après l’obtention du brevet des collèges, les élèves de 3e font trois vœux d’affectation dans les maisons qui enseignent leur futur métier (à Rodez il y a le BTMS taille de pierre qui équivaut à un bac + 2 et la formation qualifiante post BP de chef d’équipe couvreur). Les maîtres de métiers sédentaires et les prévôts travaillent ensemble pour leur proposer une place.

« Nous fonctionnons comme un centre de formation des apprentis (CFA). Nous sommes d’ailleurs rattachés à l’Éducation nationale et fiancés par les Opco. Il y a un dossier d’inscription à compléter, en entretien avec le jeune pour s’assurer de son choix. Les élèves alternent semaines de cours et travail en entreprise. Ils peuvent être internes ou externes », explique Léa Langereau qui officie sur quatre départements : l’Aveyron, le Lot, le Cantal et la Lozère. « Une quarantaine d’entreprises partenaires font travailler nos jeunes. Comme elles ne sont pas toutes en Aveyron, nous avons des campagnes c’est-à-dire des maisons que nous louons dans les villes et départements limitrophes (Millau, Saint-Affrique, Villefranche-de-Rouergue, Figeac, Montsalvy, Mende), pour que les élèves soient plus proches de leur lieu de travail. Ils vivent dans les campagnes la semaine et rentrent à Rodez le week-end. »

Cette année, la maison ruthénoise compte 65 élèves dont 15 % de filles. Des menuisiers, ébénistes, charpentiers, couvreurs, tailleurs de pierre, plombiers, électrotechnicien, mécaniciens, jardiniers paysagistes, sellier, maroquinier, fromager, pâtissier… Une fois leur bac pro ou CAP en poche, ils peuvent entrer dans la vie active ou partir sur le tour de France et continuer à se former en parallèle. « C’est l’objectif, ce qui distingue les compagnons des autres artisans. Faire le tour de France, c’est se perfectionner dans son métier, mais c’est aussi découvrir une région, rencontrer des gens, s’intégrer… C’est de l’investissement personnel, chacun se donne les moyens de rendre cette expérience la plus intéressante possible. »

La recherche de l’idéal

Si, selon la légende, les Compagnons du devoir pourraient dater de l’époque du prophète et roi d’Israël Salomon (970 av. J.-C. – 931 av. J.-C.), on peut avec plus de certitude dater la création de cette communauté laïque de travailleurs au temps des bâtisseurs de cathédrales, à partir du XIIe siècle. Elle vise à former la jeunesse aux métiers traditionnels et repose sur trois piliers : l’apprentissage, la vie en communauté et le voyage.
Léa Langereau la définit ainsi : « Le compagnonnage, c’est la recherche de l’idéal, la transmission de techniques anciennes et la recherche d’innovation, la tradition et la modernité. C’est aussi l’esprit de groupe, une grande famille dans laquelle chacun est impliqué. Si tout le monde appliquait nos valeurs de fraternité, d’entraide, de générosité et de partage, le monde serait meilleur. »
 

Cet article est réservé aux abonnés
Accédez immédiatement à cet article
2 semaines offertes
Voir les commentaires
L'immobilier à Rodez

450000 €

En exclusivité chez IMMO DE FRANCE, venez vite découvrir cet opportunité d'[...]

Toutes les annonces immobilières de Rodez
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?