Pourquoi l'inflation est tout proche d'exploser à la hausse à cause d'une proposition de loi ?
Cette proposition de loi signée d'un député macroniste a été validée ce mercredi 11 janvier en commission à l'Assemblée nationale. Pour beaucoup, elle est annonciatrice "dans les prochaines semaines" d'une forte hausse des prix à la consommation. Explications.
Ce mercredi 11 janvier, une proposition de loi concernant les négociations commerciales sur les prix entre les industriels de l'agroalimentaire et la grande distribution a été adptée par la Commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale. Emise par le député Renaissance Frédéric Descrozailles, ce projet de loi en quatre articles affole la grande distribution qui promet, en cas d'adoption (elle sera examinée autour de 16 janvier par les députés, et pourrait être votée avant le 1er mars, qui marque la fin des négociations commerciales pour 2023, selon LSA), une explosion des prix dans les grandes surfaces.
L'article 3 de cette proposition est le détonateur de la levée de boucliers dans la grande distribution. Cet article indique en effet qu'en cas de désaccord entre distributeurs et industriels lors de ces négociations, ce sont les conditions voulues par les industriels qui s'appliqueront jusqu'à ce que le contrat entre les deux parties soit rompu, souligne Le Figaro.
Jusqu'à présent, en cas de désaccord, les industriels livraient leurs produits aux prix fixé l'année précédente jusqu'à la fin de ce préavis. Pour les députés, "une telle pratique crée un fardeau économique insupportable pour l’industriel et une désincitation à trouver un accord pour le distributeur".
"Les 6 premiers mois de l'année 2023 vont être catastrophiques"
Sachant que la durée du préavis peut aller suivant les cas jusqu'à un an, durant tout ce temps, "les demandes d’augmentations tarifaires des industriels s’appliqueront en rayon. Elles varient de 10 à 25%. C'est à se demander si les députés vont faire leur courses", s'interroge pour sa part Jacques Creyssel, le délégué général de la Fédération du commerce et de la distribution.
Il y a une semaine, le 5 janvier, le président du comité stratégique des centres E.Leclerc Michel-Edouard Leclerc s'indignait déjà que si cette proposition de loi était adoptée, "aucune enseigne de commerçants ne pourrait s'opposer à des augmentations de tarifs de 10 à 30%".
Incroyable : des députés seraient désormais favorables à la hausse des prix ? Deux députés veulent faire en sorte que les multinationales puissent répercuter, sans négociation, leurs hausses sur les consommateurs ! Ca provoquerait de nouvelles augmentations de 10 à 30% !
— Michel-Edouard Leclerc (@Leclerc_MEL) January 5, 2023
Il accuse ainsi les députés d'être du côté "du parti de l'inflation".
"C'est une loi pro-inflation, ça va exploser !", s'alarme également sur RMC Michel Biero, le patron de Lidl France, cité par Midi Libre. "Aujourd’hui, un industriel qui nous demande 30% en décembre, on a jusqu’à fin février pour négocier. Cette loi est là uniquement pour défendre les multinationales. Elle n’est pas là pour défendre les TPE, ni les PME, ni les ETI (...)", juge-t-il. Et d'ajouter : "Je pense que les six premiers mois de l’année 2023 vont être catastrophiques (...) On a actuellement des propositions de hausses tarifaires de nos fournisseurs qui sont à deux chiffres. Ça va pour certains jusqu’à 49% de hausse demandée."
Un rapport de force "féroce"
Défendant sa proposition de loi dans une interview à L'Usine nouvelle, le député Renaissance Frédéric descrozailles a déposé lui-même un amendement sur cet article 3, en proposant, "en cas d’échec des négociations, une période de transition d’un mois" pour saisir le Médiateur des relations commerciales. Ce n'est qu'après, si le désaccord persiste, que "les conditions de l’industriel s’appliquent". "Ce que j'ai à l'esprit, a dit le député lors de la présentation de son texte devant la Commission, ce sont des lignes de production qui peuvent fermer, du chômage technique, des décisions d'investissements qui peuvent être reportées voire annulées, c'est même possiblement des dépôts de bilan".
Deux visions qui s'opposent donc dans ce combat "féroce" des négociations commerciales, dans lequel le consommateur n'a guère de mot à dire...
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