Un adolescent français sur deux connaît le mal-être et l'anxiété, 25% ont des pensées suicidaires
Le baromètre annuel d’Ipsos sur la santé mentale des adolescents révèle en un an une hausse de 10 % des collégiens touchés par des troubles de l’anxiété. Le Covid a laissé des traces.
Les chiffres sont alarmants. Selon une étude annuelle réalisée par Ipsos pour l’association "Notre avenir à tous", le taux de stress chez les 11-15 ans a encore augmenté en 2022. Plus de la moitié des collégiens ont déclaré en avoir souffert et près d’un quart d’entre eux dit avoir eu, même ponctuellement, des pensées suicidaires. "La situation est clairement inquiétante. La société française de médecine d’urgence a noté une augmentation des cas suicidaires en 2021 et en 2022, alerte Adrien Sommen. Ces chiffres sont à prendre très au sérieux, pour les professionnels, les parents comme les pouvoirs publics".
50 % ne trouvent plus de sens dans leurs études
Le psychologue montpelliérain, qui suit beaucoup d’enfants et d’adolescents, constate au quotidien cette montée de l’anxiété en lien direct avec "une suite d’événements déstabilisants successifs : le confinement, la crise Covid, l’assassinat du professeur d’histoire-géographie Samuel Paty, qui a marqué beaucoup de jeunes, puis des événements internationaux comme la guerre en Ukraine".
L’impact est très net sur la scolarité et sur le sens que les élèves donnent à leurs études. Un élève sur deux estime ainsi suivre des cours qui ne l’intéressent pas et ne lui permettent pas d’en savoir plus sur les sujets qui le stresse.
"On sentait s’installer depuis un moment une forme de malaise avec une hausse des réactions compliquées en classe et des exclusions provisoires, confirme Rémy Landri, président de la FCPE des P-O. Ce n’est pas étonnant après deux ans passés avec les masques, les confinements et un enseignement hybride, leur mental a été mis à rude épreuve."

L’association de parents d’élèves constate "une hausse également des situations de décrochage scolaire", souvent en lien avec des difficultés des parents eux-mêmes. "Un parent qui a du mal à boucler la fin de mois, c’est générateur de stress et parfois de tensions dans le foyer, confirme Adrien Sommen. Pendant le confinement, certains enfants ont été plus exposés à des disputes. L’espace social et régulateur de stress que sont les intercours, les moments d’échanges avec les copains, est important pour eux et leur a manqué".
Repenser le rythme scolaire ?
Les établissements ont mis en place un certain nombre de dispositifs d’alertes et d’écoute qui fonctionnent plus ou moins bien. "On est plutôt dans une bonne dynamique à ce niveau car beaucoup de parents et d’enseignants sont ouverts à l’éducation positive, note Adrien Sommen. Il est très important qu’un adolescent puisse exprimer ses craintes par rapport à l’avenir avec les adultes car le réseau social focalise justement sur les éléments anxiogènes".
Pour Rémy Landri, c’est tout le système scolaire proposé aux ados qui est à repenser : "Il est en situation d’échec par rapport à ce qui se fait dans les pays nordiques où les cours sont concentrés le matin et les après-midi consacrés à des activités sportives et culturelles pour s’aérer l’esprit. En étirant les cours sur toute la journée, on leur impose un système chronobiologique qui ne fonctionne pas."
Le sport contre le stress
"La réflexion sur une autre manière d’enseigner est nécessaire, abonde Adrien Sommen, à la fois pour les enfants et les enseignants. On voit des profs qui, par le poids des procédures et des injonctions, perdent le sens de leur travail."
Le psychologue insiste sur la nécessité de mettre en avant les activités sportives "essentielles pour la sécrétion de sérotonine", cette hormone antistress. "Ce qui favorise l’expression de soi, théâtre, danse, dessin, participation à une association… est primordial, conclut le psychologue, car l’ado exprime alors sa propre singularité. Le droit à l’espoir d’un monde meilleur passe par ce que je fais moi".
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