Aveyron : les TPE déjà fragiles qui attendent beaucoup du tarif spécial sur l'énergie

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  • Une réunion s'est tenue en préfecture, mercredi 11 janvier, afin de présenter les dispositifs permettant aux TPE de contenir leur facture d'électricité.
    Une réunion s'est tenue en préfecture, mercredi 11 janvier, afin de présenter les dispositifs permettant aux TPE de contenir leur facture d'électricité. -
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Le représentant de l’Etat en Aveyron, le préfet Charles Giusti a rencontré, mercredi 11 janvier, les représentants des chambres consulaires et des organisations professionnelles du département pour leur présenter les dispositifs de soutien aux très petites entreprises (TPE) dans la prise en charge de la hausse du coût du gaz et de l’électricité.

Depuis plusieurs mois, les entreprises, grandes comme petites, doivent faire face à une hausse des coûts de l'énergie inédite. Et qui peut mettre en danger certaines dont la trésorerie a été déjà fragilisée par la crise sanitaire ou d'autres facteurs qui viennent "se cumuler". "Aujourd'hui, c'est plutôt l'addition des difficultés qui vient compliquer le travail des entrepreneurs et qui met en danger certaines structures", glisse Dominique Costes, le président de la CCI.

Réunis en préfecture, mercredi 11 janvier, autour des services de l'Etat les représentants de différentes filières professionnelles (Umih, artisanat, BTP, etc.) ont ainsi pu exprimer leurs inquiétudes et rappeler la nécessité d'apporter des "réponses rapides et concrètes" à cette crise qui touche toutes les entreprises et en particulier les TPE (très petites entreprises). 

Un tarif spécial plafonné à 280 € le mégawatt heure a été obtenu en fin de semaine dernière auprès des fournisseurs d'énergie. Il va bénéficier pour toute l'année 2023 à toutes les très petites entreprises de moins de 10 salariés et dont le chiffre d'affaires ne dépasse pas les 2 millions d'euros. "Les représentants des chambres consulaires sont également là pour faire remonter les éventuelles inquiétudes, prendre les questions. Nous sommes là pour que chacun puisse trouver des réponses", rappelle le préfet de l'Aveyron, Charles Giusti. 

 "C'est une bonne chose que le dispositif ait été étendu à cette tranche d'entrepreneurs, souligne Daniel Druilhet, président de la FBTP. On ne pouvait pas rester sans rien faire  car de nombreuses entreprises seraient restées en souffrance. Depuis trois ans, entre la crise sanitaire et celle de l'énergie, les trésoreries de certaines entreprises ont été mises à mal. Même si de nombreux dispositifs de l'Etat sont venus les soutenir." 

À titre d'exemple, "de nombreux bouchers se sont lancés tout récemment dans des activités de traiteurs, ce qui peut coûter cher en installation et surtout en énergie avec l'utilisation de fours, etc. Auparavant, ils ne rentraient pas dans le dispositif", glisse Pierre Azémar, le président de la chambre de métier. Très certainement, dans les semaines à venir, de nouvelles questions se poseront pour les entrepreneurs. Jérôme Ourmières, conseiller départemental de sortie de crise de l’Aveyron, a été nommé afin de répondre au mieux à ces interrogations et épauler les entreprises dans ces démarches alors que la crise qu'elles traversent dure depuis trop longtemps. 

Après le coup de sang d’Emmanuel Macron sur la complexité pour une boulangerie à bénéficier des dispositifs pour contrer la hausse des factures d’électricité, un « tarif spécial » a été obtenu vendredi pour les très petites entreprises (TPE). Les 3 900 boulangeries recensées en Occitanie pourront donc en bénéficier. En France, cette mesure concerne 600 000 TPE (sur les 2,1 millions de TPE) qui ne bénéficient pas actuellement du tarif de vente réglementé. Elles pourront désormais bénéficier du plafonnement du prix de l’électricité à 280 € du mégawatt-heure après l’accord obtenu par le ministre de l’Economie Bruno Le Maire auprès des fournisseurs d’énergie. Un tarif bien en deçà des 400 € voire davantage que les TPE se sont vues proposer ces derniers mois par les fournisseurs d’énergie.
 

Comment ça marche ?
Les TPE (dont les boulangeries mais aussi les pressings, les restaurants…) doivent se signaler au plus vite auprès de leurs fournisseurs en renvoyant une attestation qu’elles trouveront dès ce lundi 9 janvier sur le site web de leur fournisseur d’énergie ou sur le site du ministère de l’économie. Elle pourra aussi leur être envoyée par mail ou par courrier. Il suffira ensuite de cocher la case « Je suis une TPE » qui implique d’employer moins de 10 salariés et de réaliser moins de 2 M€ de chiffre d’affaires et de cocher une autre case « Je veux bénéficier du tarif spécial ».
Le fournisseur rééditera alors un nouveau contrat qui plafonne le prix à 280€ le MWh en moyenne pour toute l’année 2023. Ce nouveau tarif spécial s’applique à tous les contrats énergie signés par les TPE au cours du second semestre 2022. Il reste réservé aux TPE qui ne bénéficient pas déjà du bouclier tarifaire mis en place le 1er janvier 2023.

Les aides énergie se déclinent en effet en trois étages pour les TPE-PME :
Le bouclier tarifaire pour les petites structures ayant un compteur électrique d’une puissance inférieure à 36 kVA, réalisant moins de 2 M€ de chiffre d’affaires avec moins de 10 salariés. La hausse du gaz et de l’électricité est alors plafonnée à + 15 % pour 2023. Pour bénéficier de cette aide, l’entreprise doit se rapprocher de son fournisseur d’énergie qui appliquera la réduction directement sur la facture.
L’amortisseur électricité pour les TPE-PME non couvertes par le bouclier tarifaire. Le dispositif est automatique après avoir envoyé une attestation au fournisseur d’électricité et permet de réduire de 20 % à 40 % la hausse des tarifs. Les TPE pourraient abandonner ce dispositif au profit du nouveau tarif spécial de 280 € le MWh obtenu par Bercy.


Le guichet électricité est fait pour les entreprises grandes consommatrices (3 % du chiffre d’affaires). Il est cumulable avec l’amortisseur. Le site du ministère de l’économie en détaille les conditions sur son site internet. La demande est à réaliser sur l’espace professionnel du site impots.gouv.fr comme lors du versement du fonds de solidarité pendant la crise sanitaire. Tous les deux mois, un nouveau formulaire de demande d’aide est mis en ligne. Le prochain sera actif le 16 janvier pour les dépenses d’énergie des mois de novembre et décembre 2022. Aujourd’hui en Occitanie, 115 demandes ont été réalisées, 21 ont été validées. Les autres sont en cours d’instruction.
 

Tous les numéros pratiques pour se faire aider
Par ailleurs, Etienne Guyot, le préfet d’Occitanie a rappelé que les services de l’Etat comme l’Urssaf ou les directions des impôts peuvent pratiquer des étalements sur le paiement de charges pour soulager les TPE – PME en difficulté. Onze conseillers de sortie de crise sont aussi joignables en direct pour l’Occitanie* (05 34 45 52 04 ou 05 36 47 65 02) alors qu’existe aussi un n° vert national (0 806 000 245). «Notre priorité est d’éviter toute liquidation d’une entreprise à cause de la hausse du coût de l’énergie. Nous avons donc aussi mobilisé les banques pour qu’elles soient attentives à proposer des solutions de trésorerie aux TPE et PME en difficulté mais aussi les experts-comptables qui sont des relais importants auprès des chefs d’entreprise», a répété le préfet de Région.

 

Gil Bousquet

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