L'hydrogène, entre défi écologique et enjeu de souveraineté

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BPI France

L'hydrogène, énergie phare du transport de demain ? Jean-Baptiste Djebbari d’Hopium et Mathieu Gardies de Hype se sont penchés sur la question lors de Big 8, à l’occasion d’un plateau coanimé par Big média et Loopsider sur la mobilité de demain.  

" Le transport représente environ 25 à 30 % des émissions de gaz à effet de serre en France ", affirme Jean-Baptiste Djebarri, président d’Hopium et ancien ministre des Transports. Conscientes de l’urgence de faire évoluer nos moyens de déplacement afin de les rendre plus vertueux, de nombreuses entreprises adoptent des alternatives au moteur thermique comme l’électrique ou l’hydrogène. De son côté, l’État redouble d’aides : " Avec le plan France 2030, nous allons investir près de deux milliards d’euros pour développer l’hydrogène vert ", a annoncé Emmanuel Macron en juillet 2022. Avec Mathieu Guardies, président-directeur général de Hype, une entreprise de taxis à hydrogène, l’ancien ministre des Transports revient sur les avantages et les avancées de l’hydrogène dans le secteur automobile. 

" Il faut s’assurer qu’avec l’hydrogène, nous ne dépendrons jamais de puissances extérieures "

" L’avenir, c’est la voiture électrifiée. Soit avec une batterie électrique, soit avec une pile à hydrogène ", assure le dirigeant d’Hopium, une entreprise automobile de luxe à l’hydrogène. Et si la première solution bénéficie de plus de notoriété et de médiatisation, c’est parce qu’elle a quelques années d’avance sur sa petite sœur, la pile à hydrogène. Néanmoins, il faut souligner les atouts de cette dernière qui offre " une autonomie identique à celle de l'électrique, mais avec une recharge bien plus rapide, en seulement 5 minutes ", d’après Jean-Baptiste Djebbari. " Il ne faut pas opposer les deux sources d’énergie, note tout de même Mathieu Guardies, président-directeur général de Hype. Pour nous, le véhicule idéal est hybride, 100% électrique avec un dispositif à hydrogène, mais également avec une batterie rechargeable raisonnable en termes de taille. " 

Pour l'économie française, l'hydrogène représente également un enjeu de souveraineté nationale avec l'émergence de nombreux acteurs. " Tandis que sur la batterie électrique, ce sont les Chinois qui détiennent une grosse partie de la valeur ", regrette Jean-Baptiste Djebbari. " Si la Chine est amenée un jour à, par exemple, réguler la commercialisation des matières premières, ce sera également très compliqué pour nous. " La crise actuelle avec le gaz prouve que la dépendance géopolitique est un risque, notamment pour le quotidien des Français et des Européens. " Il faut s’assurer qu’avec l’hydrogène nous ne dépendrons jamais de puissances extérieures qui viendraient casser notre stratégie émergente et fragiliser notre économie ", partage l’ancien ministre des Transports. 

Une fabrication responsable : enjeu majeur de l’hydrogène de demain 

Si maintenir notre indépendance géopolitique est un des principaux enjeux de l’hydrogène, la fabrication vertueuse de cette énergie reste sans aucun doute le plus important. Et bien que l’hydrogène, contrairement à l’essence et au diésel soit plus écoresponsable, il faut encore apprendre à mieux gérer sa fabrication afin de la rendre plus verte. " Aujourd’hui, 90% de l'hydrogène est fabriqué avec de l’énergie non renouvelable, explique Jean-Baptiste Djebbari. Cette méthode consiste à casser du méthane pour qu’il devienne fossile. " L’hydrogène peut également provenir du cassage de la molécule d’eau (H2O) en deux molécules d’oxygène (O) et une molécule d’hydrogène (H). "Cette méthode requiert tout de même de l’électricité, et on aimerait qu’elle soit bas carbone ", commente l’ancien ministre. La dernière consiste à carboniser de la biomasse (paille, bois…) puis séquestrer le carbone dans le sol afin d’en retirer l’hydrogène. 

"Sur tous ces sujets, la France a des avantages. On a du nucléaire bas carbone et des entreprises qui pratiquent cette technique de carbonisation de la biomasse ", affirme le président d’Hopium. Hype, portée par son président-directeur général Mathieu Guardies, réalise des travaux de recherche et déploie de son côté des capacités de production d’hydrogène vert. " Nous sommes dans une période absolument enthousiasmante, avec des défis, certes, mais des atouts importants. La France ne peut pas être hors de ce champ de conquête. Nous avons toutes les capacités techniques, universitaires et ingénieures pour réussir ", conclut Jean-Baptiste Djebbari.

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