Rodez : Me François-Xavier Berger, la Légion d’honneur au nom du droit

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  • Né en 1965, François-Xavier Berger exerce depuis 1990  au barreau de l’Aveyron. Né en 1965, François-Xavier Berger exerce depuis 1990  au barreau de l’Aveyron.
    Né en 1965, François-Xavier Berger exerce depuis 1990 au barreau de l’Aveyron.
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L’avocat ruthénois, ancien bâtonnier, a reçu la plus haute distinction de la République en début d’année. L’occasion de revenir sur des dizaines d’années d’exercice où la passion du droit ne l’a jamais quitté.

Cette fois, il n’a pas eu besoin de plaider. Ni de convaincre. La Légion d’honneur lui est tombée "comme une surprise" au petit matin du Nouvel an. Ce 1er janvier, François-Xavier Berger apprend par un SMS de son associée Me Anabel Montels-Estève, dans la confidence depuis plusieurs semaines, qu’il est promu au rang de chevalier de la Légion d’honneur. Il fait partie des 340 noms de la promotion 2023, aux côtés du prix Nobel de physique Alain Aspect, du tennisman Yannick Noah ou encore d’un autre Ruthénois, Richard Ferrand… "C’est un véritable honneur", ne cache-t-il pas, sans véritablement savoir qui a joué un rôle dans cette promotion… "Ça vient du ministère de la Justice", dit-il simplement. D’Éric Dupond-Moretti en personne qu’il avait jadis croisé sur les bancs de la cour d’assises de l’Aveyron et avec lequel il partage le même mentor, le pénaliste toulousain Alain Furbury ? Peut-être.

Avocat de province

Qu’importe finalement, François-Xavier Berger voit surtout des années de dévouement au droit récompensées de la plus belle des façons. Des décennies d’avocat "de province" comme il aime se définir. Loin d’une ultraspécialisation en vogue, la juridiction de l’Aveyron lui a offert le luxe de découvrir toutes les facettes d’un métier aussi divers que complexe. "C’est simple : ici, nous sommes 60 avocats pour un territoire quatre-vingt fois plus grand que celui de Paris. Là-bas, ils sont 33 000. Autant dire que de Mur-de-Barrez jusqu’aux douanes de Millau, on ne manque pas de travail et on voit tous types d’affaires du meurtre qui fait la Une des journaux jusqu’au problème de clôture de Mme Michel", résume-t-il à merveille.

Ses premiers pas au tribunal de Rodez remontent à décembre 1990. Il a alors 25 ans et sort de son service militaire à Toulouse (Francazal), ville dans laquelle il a obtenu l’examen du barreau. De ces premières heures avec la robe, François-Xavier Berger s’en souvient comme si c’était hier. Il y avait les "anciens, extrêmement à cheval sur la déontologie. Ils m’ont tout appris sur cela". Les premières permanences aussi qu’on réservait aux plus jeunes. Puis, vient la première plaidoirie.

C’était un mercredi de décembre. La veille, un de ses aînés lui "refile" un dossier : une histoire de violences à la prison de Rodez. Deux détenus en ont frappé un autre. Le jeune avocat se rend au parquet pour récupérer le dossier. Il passe la nuit entière dessus et le surligne, comme il est de coutume. Avant l’audience, il croise le juge et le procureur. Tous deux sont furieux. "On m’avait donné le seul dossier et pas la copie. Je me suis fait particulièrement sermonner ! C’est un souvenir atroce", rigole-t-il aujourd’hui. Sans son dossier annoté, il plaide néanmoins. Et reçoit les félicitations, comme le veut la tradition. "Ai-je été bon ou mauvais ? Je n’en sais rien !", se marre-t-il encore.

Des dossiers qu’il n’oubliera jamais, le Ruthénois en compte plusieurs. Il y a les plus tristes, ceux notamment dans lesquels des mineurs ont perdu la vie se souvient-il. Ils reviennent parfois en cauchemars, la nuit tombée. C’est aussi ça le métier d’avocat.

L’affaire Stranieri

Puis, il y a les plus médiatiques, les plus lourds. Comme l’affaire Stranieri, par exemple. En juillet 1999, celui qui est surnommé "le tueur des petites annonces" est arrêté en Aveyron. Un couple, propriétaire de l’auberge "La Bouriatte" à Bez-de-Naussac, a disparu. Sous le prénom de son frère, Alfredo Stranieri s’y était présenté comme un futur acquéreur. Les corps de Nicole Rousseau et Claude Mouly seront retrouvés quelques jours plus tard, tués par balles et enterré dans le jardin. Deux ans auparavant, à Evry, c’est à un patron de discothèque et à sa petite amie que Stranieri avait déjà enlevé la vie. Avec le même mode opératoire. Le jour de l’arrestation, Me Berger était de permanence. "Au départ, on m’a appelé pour une usurpation d’identité. Je suis parti à Capdenac et les gendarmes m’ont dit que c’était plus particulier… Et finalement, moi petit avocat, je suis resté tout le long du dossier". Deux procès devant les assises se tiendront. Avec à chaque fois, la perpétuité retenue.

De cette affaire, François-Xavier Berger dit avoir beaucoup appris. Sur ces grands principes qui veulent que chaque homme, même décrit comme monstre, doit être défendu, dans la dignité. "Aujourd’hui, on a trop tendance à confondre l’avocat avec son client. Cela m’énerve. On ne défend pas un crime, mais une personne. Nous sommes des techniciens du droit. Avec Stranieri, je n’ai pas honte de le dire, le contact a toujours été facile. Je me souviens qu’après sa condamnation à perpétuité en appel, nous sommes allés le voir en prison et il nous a demandé si nous n’étions pas trop déçus du verdict… C’était surprenant comme réaction". Durant l’affaire au retentissement national, il côtoie aussi les médias. "J’étais jeune et je ne savais pas comment faire. Sur ce point, j’ai donc appris des excellents pénalistes qui étaient à mes côtés, comme Jean-François Canis. Mais j’ai surtout compris qu’au même titre que les avocats, les juges et les procureurs, les journalistes font partie intégrante d’un procès. Sans l’un de ces quatre piliers, la justice est bancale."

Quelques années plus tard, l’avocat interviendra dans l’affaire de la postière de Flavin. Il y plaidera aux côtés d’Éric Dupond-Moretti, "qui n’avait pas la condescendance d’autres grands". Et en qui François-Xavier Berger voit "le ministre le mieux placé pour comprendre tous nos problèmes". Lui qui fut bâtonnier en 2006 et 2007 et farouche opposant à la réforme Dati voit d’un très bon œil celle portée aujourd’hui par l’ancien ténor. "L’arrivée de la cour criminelle, c’est le retour de l’instruction à Rodez, ce pourquoi nous nous battions avant !", se réjouit-il, sans oublier de remercier son ancien confrère "brillant" et aujourd’hui député : Stéphane Mazars.

Ces dernières années, François-Xavier Berger a quelque peu délaissé le pénal pour "se civiliser" comme il dit. Passionné par cette procédure, il a eu en 2020 les honneurs du Dalloz, bible du droit, qui avait publié son "guide à l’usage des praticiens du droit" sur la dernière réforme. Une première distinction. Avant la suprême : la Légion d’honneur.

Sur les réseaux

Sur Twitter et sous un pseudo qu’il ne souhaite pas dévoiler, Me François-Xavier Berger est depuis quelques années une personnalité incontournable du monde du droit… Il compte plus de 20 000 abonnés pour lesquels il partage son quotidien et toutes les péripéties d’un avocat de province "facétieux".
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