Occitanie : la doyenne de l'humanité, soeur André, s'est éteinte à 118 ans, retour sur l'incroyable vie de cette Gardoise

  • Soeur André vivait à l'Ehpad de Toulon depuis 2009.
    Soeur André vivait à l'Ehpad de Toulon depuis 2009. Midi Libre - SYLVIE CAMBON
Publié le , mis à jour

La Gardoise, native d'Alès, soeur André, qui depuis le mois d'avril 2022, était la doyenne de l'humanité, allait fêter ses 119 ans le 11 février. Celle qui se rapprochait du record de longévité de l'Arlésienne Jeanne Calment, 122 ans, s'est éteinte ce 17 janvier. 

La Gardoise soeur André, de son vrai nom Lucille Randon, s'est éteinte ce mardi 17 janvier, à l'âge de 118 ans, à Toulon (Var) dans l'Ehpad Sainte-Catherine-de-Labouré où elle résidait depuis 2009. 

"Le Bon Dieu ne me veut pas"

"Trois fois, je suis allée à la mort. Chaque fois, je suis revenue. Le Bon Dieu ne me veut pas. Il veut que je travaille… alors, moi, je fais travailler les autres", confiait-elle avec tout l'humour qui la caractérisait. En cette mi-janvier, son souhait a été exhaucé et a rappelé à ses côtés, celle qui, toute sa vie, a consacré sa vie aux autres. 

C'est David Tavella, chargé de la communication de l’établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes Sainte-Catherine-Labouré qui a annoncé la disparition de celle dont il était devenu au fil des ans le confident et le porte-parole aussi auprès de la presse, car notre doyenne faisait régulièrement la Une des journaux pour son record de longévité. 

Doyenne des Français depuis 2017

"Elle est décédée à 2 heures du matin. Il y a une grande tristesse mais elle le voulait, c’était son désir de rejoindre son frère adoré. Pour elle, c’est une libération", a-t-il expliqué à l'AFP. Depuis octobre 2017, elle était devenue la doyenne des Français, d'Europe depuis 2019. Puis, depuis avril 2022, celle de l'humanité.

Une mémoire intacte

En 2019, alors qu'elle célébrait son 115e anniversaire, j'avais eu la chance de pouvoir rencontrer ce petit bout de femme exceptionnelle. Et malgré son âgé, quand elle se plongeait dans ses souvenirs les plus lointains, elle parlait comme un livre ouvert, livrant ses confidences avec une précision déconcertante. Lucille Randon est née le 11 février 1904 à Alès, dans le Gard. "On était une famille toute modeste. Maman était du Cros, sur les hauteurs du Gard, papa du Vigan. Mes oncles, mes tantes, toute la famille travaillait dans l’éducation."

Elle a connu trois guerres, 21 Présidents

Dernière d’une fratrie de cinq enfants, elle était la seule fille, sa sœur jumelle, Lydie, décède à l’âge de dix-huit mois. "Une toute petite fille avec trois grands garçons, c’était pas rigolo. L’aîné me prenait pour sa fille. C’était l’adoration. Le second, c’était le pantin qui me faisait marcher comme une girouette. Le troisième, il fallait faire tous ses caprices…", plaisantait-t-elle.

L'arrivée de l'électricité

118 ans, elle aurait fêté ses 119 ans le 11 février, d’une magnifique centenaire qui a traversé l’Histoire du XXe siècle et vivait au cœur du XXIe siècle. "J’ai vécu trois guerres (14-18, 39-45, la guerre d’Algérie)", l’arrivée de l’électricité, la voiture, l’aviation… Et qui a survécu au Covid-19 en 2021.

"J’étais petite fille, j’étais à l’école. Un matin, on cherchait les allumettes pour allumer la lumière. La maîtresse me dit : “Lucille tu vas allumer”. “Il n’y a pas d’allumettes, madame”. “Tu n’en as pas besoin, regarde autour de toi”. “Elle nous a alors expliqué : ce matin, on est venu finir d’installer l’électricité. On tourne maintenant un bouton pour éclairer”. C’était la joie, on voulait toutes aller tourner le bouton."

Les enfants, le fil rouge de sa vie

Célibataire et sans descendance, les enfants ont pourtant été le fil rouge de toute sa vie. "J’ai tellement souffert comme enfant que je les adorais et faisais tout pour les aimer et les aider. J’ai eu de beaux résultats." À 20 ans, elle quitte son Gard natal pour devenir gouvernante et institutrice. D’abord à Marseille. Puis, à Paris, deux ans durant chez la famille du constructeur automobile Peugeot.

"Mademoiselle"

Parmi les enfants dont elle a assuré l'éducation, il y avait Didier Borionne. La famille Borionne où soeur André a vécu quatorze ans durant. En 2016, soixante-douze ans après avoir vu pour la dernière fois c'est qu'il appelait avec tendresse "Mademoiselle", l'a retrouvé à Toulon grâce à Internet. "C’est un miracle. Je ne pensais pas qu’elle était encore en vie. J’espère l’accompagner au moins jusqu’à l’âge de Jeanne Calment. Elle aura 122 ans et moi je serai centenaire !", me confiait-il en 2019...

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Les commentaires (1)
Altair12 Il y a 1 année Le 18/01/2023 à 09:22

Une très belle âme !