Pour l'Aveyronnaise Justine Pereira, basée à Lille, c’est "à fond la mode" chez Decathlon

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  • La création de tissus, de textiles, s’est imposée comme une évidence pour la jeune Aveyronnaise.
    La création de tissus, de textiles, s’est imposée comme une évidence pour la jeune Aveyronnaise. Reproduction L’Aveyronnais
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Emmanuel Pons

Designer Composant pour Decathlon, l’Aveyronnaise Justine Pereira conçoit des textiles pour l’enseigne de sport. Un métier qui la passionne depuis toujours et dans lequel elle a développé une véritable expertise.

J’ai toujours aimé la couleur, la forme, toucher la matière." Très tôt, Justine Pereira, qui a grandi à Mondalazac, commune de Salles-la-Source, a pratiqué le dessin et a développé "une sensibilité pour le textile". Née en 1990 à Rodez, elle est élève de l’école Jean-Auzel de Marcillac puis du collège Kervallon où elle se souvient avoir été "un peu rebelle". "Je sortais un peu du lot, je m’habillais en couleur." Elle redouble d’ailleurs sa troisième et reconnaît qu’elle n’était pas bonne en maths, en français, en sciences. "C’était un peu compliqué pour moi", avoue-t-elle. Alors l’adolescente dessine : "Ça me permettait de m’évader. Et puis c’était les seules compétences que j’avais, à l’époque."

Consciente que sa fille a du potentiel, sa mère, Sylvie, prend rendez-vous au lycée François-d’Estaing, à Rodez. Malgré ses notes moyennes, le directeur accepte cependant, au vu de ses réalisations, que la collégienne intègre la filière Arts appliqués. Et là "tout a décollé", se souvient Justine Pereira qui s’épanouit enfin dans ses études, encouragée notamment par l’une de ses profs, Barbara Dubienko, avec laquelle elle a d’ailleurs gardé contact.

Bac en poche, la jeune Aveyronnaise intègre les Beaux-Arts de Tarbes (Hautes-Pyrénées), le temps d’une année, où elle découvre la céramique et la sérigraphie.

Une expérience réussie en Italie

En 2011, elle part en Belgique où elle passe le concours d’entrée de l’école de La Cambre, à Bruxelles. École dont elle sort en 2015, auréolée d’un master en design textile, obtenu avec distinction du jury. Elle se spécialise dans ce domaine, que ce soit le tissage, la maille, l’ennoblissement, la teinture.

Les années difficiles, au collège, sont alors loin derrière elle.

"Je me suis épanouie, j’ai vu que c’était ma voie. Tout avait du sens, c’était une évidence !, avance-t-elle. Je me donnais à fond."

Tout juste diplômée, elle prend la direction de l’Italie pour intégrer la maison d’édition de tissus de luxe Dedar, basée dans le Sud, à Appiano Gentile. "J’étais chargée de toute la recherche, explique la jeune designeuse, alors installée à Côme. J’analysais les futures tendances dans l’ameublement, j’étais en contact avec les fournisseurs et je travaillais sur les tissus – pour les fauteuils, coussins, rideaux, le revêtement mural… – qu’on intégrait à notre collection. J’ai adoré."

Après cette très enrichissante expérience, elle décide de partir sillonner l’Europe, et même la Colombie, durant une année. Année pas tout à fait sabbatique puisque l’Aveyronnaise, inscrite en tant qu’autoentrepreneuse, va rencontrer des éditeurs, des fournisseurs. "Une période d’exploration des possibilités", souligne-t-elle.

Elle travaille notamment avec l’atelier Neolice, dans la Creuse, spécialisé dans le tissage numérique artistique, ainsi qu’avec d’autres studios de création. Et débute sa collaboration, en freelance, avec Decathlon. Enseigne qui finira par lui proposer un CDI en 2019. "Ça tombait bien, dit-elle, parce que j’avais envie de stabilité, de me concentrer sur un projet."

"Les yeux de Decathlon"

"C’est une boîte très humaine et très innovante. Avec une bonne mentalité et beaucoup de jeunes", apprécie la designeuse qui est chargée d’analyser les tendances. "Je suis les yeux de Decathlon, tournés vers l’extérieur pour être en avance sur le marché, explique-t-elle. Je les pousse vers l’innovation, pour que les gens aiment porter du Decathlon au quotidien." Justine Pereira construit ainsi l’offre textile pour tous les vêtements de sport signés de la marque – de Starever pour la danse à Solognac pour la chasse en passant par Quechua, Forclaz ou encore Domyos.

Basée à Lille – "une des villes de tradition du textile" – où est installé le bureau d’études et process industriel de développement du textile de l’enseigne, la jeune Aveyronnaise apprécie la proximité "des trois capitales Londres, Paris et Bruxelles". "À Lille, le ciel est souvent bas, note-t-elle. Mais les gens sont très humains et chaleureux. Et puis c’est une ville très riche culturellement."

Parallèlement, Justine Pereira poursuit son activité en freelance, participant à des projets artistiques, donnant des cours de design, collaborant avec des écoles d’art notamment à Toulouse – où elle retrouve son compagnon – et à Paris.

"Ça a du sens pour moi de transmettre et d’accompagner les jeunes pour qu’ils trouvent leur voie."

Et l’Aveyron ? "Quand j’étais jeune, je voulais en partir parce que je trouvais qu’il ne s’y passait rien, sourit-elle. Aujourd’hui, je m’y sens bien. J’aime y revenir, je m’y ressource. Je retrouve ma mère qui habite à Muret-le-Château. C’est chaque fois un retour à la nature. Je me pose sur les hauteurs de Mouret, du côté de la chapelle Saint-Jean-le-Froid.

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