Druelle Balsac. Le Druellois Gil Crozes aux petits soins des eaux usées de Los Angeles
Originaire d'un hameau du Pas, commune de Druelle, âgé de 58 ans, il est actionnaire et tête pensante de Carollo, la compagnie qui traite l’assainissement de la ville californienne. Il est installé de l’autre côté de l’Atlantique depuis plus de trois décennies, tout en rentrant deux fois par an revoir ses parents.
C’est le plus gros projet municipal au monde !". Gil Crozes n’y va certes pas par quatre chemins mais il est bien placé pour avoir les bons... tuyaux ! L’Aveyronnais âgé de 58 ans fait ainsi partie de la cinquantaine d’actionnaires de Carollo, la compagnie qui traite les eaux usées de Los Angeles. Il plante le décor : "Il n’y avait rien quand on est arrivé en 2012. Il existe trois réseaux pour importer l’eau. Il faut donc trouver d’autres solutions".
L’ingénieur a plusieurs pistes de réflexion ("Capture de l’eau pluviale", "Dessalement de l’eau de mer", "Conservation") mais il en est une sur laquelle il travaille depuis 2018 : "Je n’en verrai pas le bout car il y en a pour vingt-cinq ans ! C’est gigantesque. L’idée est une réutilisation massive de l’eau, de rendre les eaux usées potables. En gros, recycler tous les égouts de Los Angeles, et de 29 autres communes raccordées (soit 4,7 millions d’habitants), pour la resservir en eau potable, grâce à des procédés en série, en l’occurrence une dizaine de traitements variés à la suite.
Il y a déjà une campagne d’éducation auprès des habitants, il est question de technologies très avancées et de moyens financiers importants". L’enveloppe serait proche de 6 milliards de dollars... Mais, Gil Crozes est un homme de défis. Yes, he can !
Né à Rodez, en 1964, il a grandi dans la ferme familiale maternelle, située dans le hameau de Césars, au Pas, sur la commune de Druelle. Sa mère était exploitante agricole (vaches laitières et agneaux sous la mère) et son père artisan maçon. Originaire de Prévinquières, il n’était toutefois pas en terre inconnue puisque ses parents venaient des Planques. Alors que son frère Thierry est responsable des ventes chez Unicor, il n’est "pas décidé à reprendre le flambeau". Du coup, à l’heure de la retraite, il y a vingt ans, les trente hectares et les bâtiments ont été loués. Ils ont seulement gardé leur maison, où ils vivent d’ailleurs toujours.
La "révélation" au labo d'analyses du Département
Après l’école primaire au Pas et le collège Monteil à Rodez, Gil Crozes a décroché son bac C au lycée Foch ruthénois. Il n’a pas oublié : "J’évoluais dans la zone du milieu, sans objectif précis. C’était très sympathique comme vie". Ayant choisi une école d’ingénieurs, il n’a pas été reçu à celle de Purpan Toulouse mais à Nancy. Au retour de quelques jours de raft entre potes dans le gave de Pau l’été suivant, il s’est arrêté dans la Ville Rose, où il a eu un coup de foudre. "J’ai fait une croix sur le voyage en Lorraine et je suis resté là, explique-t-il. En dernière minute, il me fallait trouver quelque chose qui se rapprochait. J’ai opté pour fac de bio".
Après "des expériences diverses et variées", tout en étant pion à Monteil, il a eu "un petit et léger électrochoc" à l’occasion d’un stage estival au laboratoire vétérinaire du conseil général (il se nommait ainsi à l’époque) à Bel-Air à Rodez. Il développe : "C’est là que j’ai découvert l’univers des analyses de l’eau, un monde dont je ne supposais même pas l’existence. Cela a été une révélation". Une passerelle lui a permis de rejoindre l’Insa de Toulouse, au département des procédés industriels.
Passé ensuite par Suez, qui s’appelait alors Lyonnaise des eaux, Gil Crozes a dû effectuer une mission à l’étranger. Alors qu’il était prévu qu’il rejoigne Sapporo au Japon, il s’est retrouvé aux Etats-Unis, à Boise dans l’Idaho. Sur le papier, "en banlieue de San Fransisco", qui était, en fait, à... 90 minutes d’avion et 14 heures de route ! Là a commencé, en janvier 1990, sa relation d’amour avec le pays de l’oncle Sam. Avec des premiers pas chez Montgomery Watson.
Ambassadeur aux Etats-Unis des selles Gaston Mercier
Gil Crozes fêtera bientôt ses trois décennies de fidélité à Carollo. Comme directeur de la recherche pendant quinze ans, comme directeur des ventes techniques, tout en étant impliqué dans la veille technologique. S’il a ouvert des bureaux à Portland, Denver, Seattle ou Houston, il a pris ses quartiers à Los Angeles en 2012, créant cette agence avec Leneyde Chavez.
Entre-temps, il est devenu actionnaire et tête pensante de cette compagnie, qui comptait 230 salariés et affichait 35 millions de dollars de chiffre d’affaires. L’effectif est actuellement de 1 400 personnes pour un chiffre d’affaires proche de 400 millions de dollars ! "Ces statistiques donnent certes le vertige mais une de nos fiertés est d’être présent dans l’ensemble du pays, alors que nous avons commencé dans trois états (Utah, Californie et Arizona), se réjouit-il. Sans oublier aussi notre activité à l’étranger, en sous-traitance, en Chine, à Singapour...".
Marié et divorcé, à deux reprises, à des Américaines, père d’Alexandre, né en 1995 à Boise et aujourd’hui ingénieur en eaux usées chez... Carollo au bureau de Salt Lake City, Gil Crozes possède la double nationalité. S’il n’est visiblement pas décidé à retraverser de façon définitive l’océan Atlantique pour rentrer en France (il lorgnerait du côté du Wyoming pour acquérir quelques hectares), il n’a pas coupé le cordon avec le pays. "Je suis un homme d’ouverture et ça me fait plaisir de revenir assez régulièrement", confirme-t-il.
Il a même longtemps été un ambassadeur économique et un commercial pour un produit du savoir-faire aveyronnais... Grand amateur d’endurance équestre, discipline qu’il pratique dès qu’il le peut, il a ainsi importé dans l’Ouest américain, jusqu’en 2009, les selles de Gaston Mercier. De retour, "en règle générale", l’été et à Noël, il pose ses valises sur le site de la ferme familiale, où ses parents résident toujours. Mais, il se partage également avec Mostuéjouls où il a acheté une maison. "J’ai une relation quasiment physique avec la pierre du causse", conclut l’ingénieur.
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