Exclusif : "L'histoire d'Annette Zelman", une histoire inavouable et secrète de l'Aveyron ?

  • L'histoire d'Annette Zelman, une histoire d'amour tragique.
    L'histoire d'Annette Zelman, une histoire d'amour tragique. Capture d'écran - Youtube - France Télévisions
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France 2 a diffusé ce mercredi 25 janvier ce téléfilm qui conte une histoire d'amour tragique entre Jean Jausion, un jeune écrivain, et Annette Zelman, une jeune fille juive, à Paris, sous l'Occupation... Une histoire qui aurait quelques accointances avec l'Aveyron. Explications en "replay".
 

1942, Paris l'Occupation nazie, la Seconde guerre mondiale. Jean aime Annette et Annette aime Jean. Jean a 24 ans, écrivain, collaborateur... à une revue surréaliste. Annette a 21 ans, toujours enjouée, étudiante aux Beaux-Arts. Ils projettent de se marier le 25 mai. Une histoire d'amour comme il en arrive tous les jours, même en des temps tourmentés.

Sauf qu'Annette a pour nom Zelman, elle est juive. Un état civil qui ne convient pas aux parents de Jean, dont Hubert le père, un célèbre médecin. Pour ne pas qu'elle épouse leur fils Jean, ces derniers vont dénoncer Annette à la Gestapo. Elle sera arrêtée trois jours avant le mariage, puis déportée le 22 juin à Auchwitz, où elle mourra. Ce destin tragique a heurté en son temps et après les esprits, et évoquée par plusieurs artistes, Simone de Beauvoir, Boris Vian, Patrick Modiano.

Voici résumée "L'histoire d'Annette Zelman", un téléfilm de Philippe Le Guay, diffusé ce mercredi 25 janvier sur France 2, et que l'on peut revoir en "Replay" ici

Mais, même si le téléfilm ou même le témoigne qui y est contenu ne l'évoquent pas, pourquoi l'histoire d'Annette Zelman a-t-elle un sombre lien avec l'histoire de l'Aveyron ?

De l'affaire Fualdès à Annette Zelman

Voilà pourquoi. Le docteur Hubert et son fils Jean avaient un nom : Jausion. Un nom célèbre dans l'histoire de l'Aveyron, puisque lié à une affaire judiciaire remontant à un peu plus de deux siècles : l'affaire Fualdès. La plus célèbre affaire criminelle de l'Aveyron, qui n'est toujours pas clairement élucidée. Le maître du domaine de Lesclauzades, situé sur la commune de Salles-la-Source, est Joseph Jausion, un richissime agent de change réputé pour sa rapacité. Il sera l'un des condamnés à mort dans cette affaire Fualdès. En 1817, Jausion aurait égorgé, lui ou des complices, Fualdès, peut-être parce que ce dernier savait l'infanticide qu'il avait commis quelques années plus tôt à Lesclauzades. D'autres mobiles (querelles locales entre courants royalistes locaux -les Chevaliers de la foi)- et bonapartistes tels que Fualdès, dettes d'argent, d'honneur, voire sexe...) ont été avancés pour justifier cet assassinat.

Lesclauzades, sombre château ?

Mais l'histoire de la famille Jausion ne se limite pas à Joseph Jauzion. Exactement 100 ans après la mort de Fualdès naquit Jean Jausion, fils du professeur Hubert Jauzion, né lui en 1890 à Toulouse, mais qui avait, encore, des attaches en Aveyron. L'écrivain d'origine aveyronnaise Gérard Astorg fait en effet mention de ce docteur dans son ouvrage "Châteaux et personnages du Causse comtal", paru en 2007, en évoquant le domaine de Lesclauzades. Ce domaine et ce château du XIIe siècle ont appartenu à la famille Jausion durant plus de 6 siècles. Et probablement qu'il fut un temps propriété d'Hubert Jausion, comme le suggère la "biographie" de Lesclauzades. Gérard Astorg parle de lui comme d'un "professeur de médecine renommé (...) en dermatologie, en mycologie médicale et sur les maladies de la lumière". Ainsi donc, l'un des assassins présumés de Fualdès et le père qui dénonça la fiancée juive de son fils à la Gestapo faisaient partie de la même famille....

Mais nulle évocation dans l'ouvrage de Gérard Astorg de "L'histoire d'Annette Zelman". Une sombre histoire de plus tournant autour du beau domaine de Lesclauzades, silencieusement caché sur le Causse comtal, qui malgré qu'il ait changé de propriétaires, semble recéler encore bien d'étranges secrets. Entre ses murs, ou autour. 

Comme cette inscription, vue en 2015, bombée au pochoir sur le bitume de la D27, juste au croisement qui conduit au château de Lesclauzades. "Soral a raison." Que venait faire le nom de l'essayiste négationniste d'extrême droite ici, écrit en blanc sur le goudron, devant la route de l'ancien domaine des Jausion ?...

Une inscription étrange, devant l'intersection menant au château de Lesclauzades.
Une inscription étrange, devant l'intersection menant au château de Lesclauzades. Repro Centre Presse - LR

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