Aveyron : l’Office français de la biodiversité sur la piste du loup de l’Aubrac
Mercredi 25 janvier, des agents de l’Office français de la biodiversité sont partis à la recherche du loup sur l’Aubrac. La présence de l’animal sur le territoire depuis 2014 a été prouvée, mais aucune trace n’a été vue lors de ce suivi. Cette expédition n’a néanmoins pas été vaine.
Le loup est un animal fascinant qui nous a marqués dans les contes pour enfants. Ce n’est pas une légende, il est bien présent en France depuis 1992. Le loup gris d’Europe de la lignée italo-alpine est revenu naturellement, d’abord dans les Alpes françaises, puis s’est dispersé sur le territoire français. Gilles Privat, technicien de l’environnement auprès de l’antenne ruthénoise de l’OFB (Office français de la biodiversité), affirme que "le territoire est favorable. Si le loup arrive en France c’est parce qu’il y a des proies". L’espèce protégée à l’échelle européenne, connaît une croissance de 10 % à 15 % chaque année en France.
Un loup d’une dizaine d’années présent sur l’Aubrac
Localement, on estime sa population à un seul individu sur l’Aubrac : un mâle d’une dizaine d’années. Un autre serait sur le Larzac, sans précision de sa génétique. L’antenne ruthénoise de l’OFB a notamment pour but de rééquilibrer la biodiversité sur l’Aubrac en préservant les espèces protégées et en éliminant les espèces exotiques envahissantes telles que le ragondin. Les agents de cette institution sont rattachés à deux pôles : celui de la police de l’environnement et le pôle technique qui consiste au suivi des espèces et des milieux.
En chiffres
- 924 loups en France
- 2 loups en Aveyron
- 174 loups ont fait l’objet d’une autorisation de tir en 2023
- 10 à 15 % C’est le taux de croissance de la population nationale des loups.
- 4 500 personnes formées au prélèvement en France
Le loup fait l’objet, depuis quelques années, d’un plan national d’action qui permet de mettre le focus sur certaines espèces protégées. Un suivi de ses traces est organisé une fois par an sur tout le domaine forestier de l’Aubrac. Une vingtaine de personnes formées au prélèvement sont actives sur le département. Lorsque des traces, des excréments, de l’urine ou des poils appartenant au loup sont repérés, les agents les prélèvent pour analyser l’ADN de l’animal. L’objectif est de dénombrer les loups en France et de les répertorier sur le territoire.
Une première piste de chats forestiers sur l’Aubrac
Le suivi du loup s’organise sur une journée, en plusieurs étapes. Un guide, formé au prélèvement, accompagne un groupe de 3-4 personnes extérieures sur l’Aubrac. Équipé de raquettes, chaque groupe part à la recherche de la moindre trace, sur un des douze circuits d’environ 4 km chacun. Mercredi, le suivi du loup a rassemblé 40 personnes au total. S’en est suivi un débriefing. L’occasion d’exposer les découvertes de chaque groupe : comme des traces de renards, d’écureuils, de biches, de lièvres, de martres… Mais aucune trace du loup n’a malheureusement été découverte. Quinze pièges photos sont disposés sur l’Aubrac ce qui permet d’attester la présence bien réelle du loup sur l’Aubrac.

Cette expédition n’a, malgré tout, pas été vaine. Des traces de chats forestiers ont fait l’objet d’une trouvaille sur l’Aubrac. Des pièges à poil et un piège photo mis en place par la LPO au Fel, dans le nord Aveyron, ont confirmé la présence effective de chats forestiers en Aveyron. Aucune trace de cette espèce protégée n’avait encore été repérée sur l’Aubrac.
Le loup, un animal très controversé
Ce plan national d’action est également l’occasion, pour des particuliers intéressés par cet animal qui fascine de nombreuses personnes, de participer à cette recherche. Gilles Privat explique que ce suivi est ouvert gratuitement au particulier "pour prouver que l’on n’a rien à cacher". Le loup est un animal très controversé. Nous avons rencontré François Giacobbi, ancien éleveur et ancien responsable du dossier loup à la chambre de l’agriculture, lors de sa participation au suivi annuel. Il déclare : "Ça ne me dérange pas qu’il y ait cent loups autour de mon troupeau, ce qui me dérange c’est qu’un loup s’attaque à mon troupeau." Selon lui, la solution et simple et "doit passer par le tir afin de faire comprendre au loup que la proximité des troupeaux est significatif de danger".
Pourquoi le loup passionne autant de gens ?
Nous avons recueilli des témoignages de participants au suivi annuel des traces du loup sur l’Aubrac qui a eu lieu ce mercredi 25 janvier. Philippe Ayral, bénévole de la LPO et passionnés d’oiseaux, confie que la recherche du loup permet de lui procurer un bien-être intérieur, une satisfaction. "Il y a un résultat ; on est venu chercher quelque chose et c’est là". Quant à Alexandre Izard, salarié de l’Agence de l’eau, il révèle être intéressé à titre personnel de savoir s’il y a une présence du loup dans le département. Malgré le fait que son groupe et lui n’aient rien trouvé mis à part des ossements de gibier, il confie "vivre une bonne expérience ; je ne m’attendais pas à en voir, je ne suis pas forcément déçu". L’exaltation autour de la découverte du loup sur l’Aubrac est donc bien réelle et anime nombreux des habitants de l’Aveyron.
La dernière attaque a eu lieu en mars 2022 à Montpeyroux. Les agents de l’OFB sont en charge d’effectuer des constats. Si la possibilité d’une attaque de loup n’est pas écartée, les bergers sont indemnisés. Jean-Christophe Peers, inspecteur de l’environnement et animateur et correspondant du réseau loup, précise que l’État subventionne, à minima, à 80 % certaines mesures de protections des troupeaux vis-à-vis du loup telles que les clôtures électriques, le financement d’un berger et l’achat de patous. Julien Steinmetz, ingénieur de l’OFB à Toulouse rajoute qu’"avoir un patou n’est pas anodin, il faut l’éduquer, le nourrir, le soigner…".
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