Football : à Rodez, la fin de l’état de grâce de Killian Corredor

Qu’elle semble loin la fin de saison dernière. Héros du maintien obtenu lors du sprint final, Killian Corredor avait bouleversé un destin collectif en même temps qu’il faisait décoller sa carrière. Avec son énergie, sa générosité, son culot et en se montrant décisif, l’attaquant avait rapidement séduit son ancien entraîneur, Laurent Peyrelade, et ses supporters, dont certains voyaient en lui le digne successeur d’Ugo Bonnet. Titulaire lors des six dernières rencontres (ses premières apparitions dans le onze de départ en L2), auteur de deux buts, dont celui du maintien quasi officiel lors de la victoire à Bastia (1-0, 37e J.), le gamin qui a grandi à Entraygues-sur-Truyère était le symbole du redressement débouchant sur un sauvetage un temps mal embarqué.

Ses faits d’armes lui ont valu un changement de statut. Revenu au Raf lors de l’été 2021, dans un premier temps sans signer de contrat professionnel, le joueur passé par le centre de formation de Toulouse a ainsi vécu la première moitié de la saison actuelle dans la peau d’un titulaire incontournable, au point d’être le deuxième joueur le plus utilisé de l’effectif, derrière Bradley Danger. Un bouleversement, puisqu’avant son éclosion, Laurent Peyrelade répétait qu’"il n’était pas prêt" pour jouer en Ligue 2…

Mais depuis, force est de constater que l’augmentation de son temps de jeu n’a pas été suivie par une hausse de ses statistiques dans les mêmes proportions. Avec seulement 1 but et 1 passe décisive en 19 apparitions (dont 16 titularisations), Killian Corredor n’a pas eu l’impact espéré sur les performances des sang et or et semble traverser une crise de croissance.

"Il aime se sacrifier"

"Il a peut-être perdu un chouïa de confiance devant le but, a reconnu Didier Santini, son entraîneur. Mais pas dans ses courses vers l’avant." En étant associé à un attaquant de fixation, comme Clément Depres ou Joseph Mendes, l’ancien Toulousain donne de la profondeur au jeu de son équipe. Ses courses sont également importantes dans le travail défensif et son engagement n’a jamais été mis en défaut. "C’est un super mec, qui aime se sacrifier. Il cavale tout le temps et est capable d’aller chercher des ballons qu’on pensait perdus", salue le coach sang et or.

Tout en reconnaissant que cette débauche d’énergie peut aussi nuire à son rendement. "Par moments, il faut aussi savoir être égoïste. Lui n’est pas toujours à l’endroit où il faudrait être, relève-t-il. Il doit encore apprendre à se structurer."

Un nouveau concurrent

Didier Santini prévient d’ailleurs qu’il ne faut "pas brûler les étapes" avec ce jeune joueur. Une manière de dire qu’il pourrait être moins utilisé par la suite ? Peut-être. Son entraîneur lui a préféré Andy Pembélé lors de trois des quatre derniers matches du Raf (en incluant la Coupe de France). Et le joueur de 22 ans devra désormais faire avec un nouveau concurrent, Sambou Soumano, arrivée la semaine dernière en Aveyron. Et ce n’est certainement pas un hasard si Gregory Ursule, le manager du Raf, a présenté le Sénégalais prêté par Lorient comme "un attaquant finisseur".

Même si cette phrase ne lui était pas forcément destinée, c’est aussi une manière de signaler à Killian Corredor que la générosité ne peut pas être suffisante. Pour rester indiscutable, à lui de retrouver la réussite qui l’avait fait entrer dans les cœurs des supporters sang et or au printemps.