Réforme des retraites en Aveyron : galvanisés, les syndicats s'attendent à "un nouveau succès dans la rue"

"On ne lâchera rien". À chaque mobilisation, les syndicats usent de cette expression. Mais cette fois, elle trouve certainement plus de sens que par le passé. Déjà, car tous les organismes sont main dans la main contre la réforme des retraites. Et surtout, car la première mobilisation du 19 janvier a galvanisé les troupes. De mémoire, on n'avait jamais vu un cortège aussi fourni ces dernières décennies dans les rues de la préfecture ruthénoise. 12 500 personnes étaient là selon les syndicats, 11 000 selon la police. Qu'en sera-t-il pour l'acte II ce mardi 31 ? "On ne veut pas faire la course aux chiffres mais ça s'annonce tout aussi bien. Ce sera un nouveau succès pour la rue.", assurent les huit principaux syndicats de travailleurs. La bataille entre la rue et Emmanuel Macron s'annonce donc encore longue et disputée. "On a déjà gagné celle de l'opinion publique", se félicitent les syndicalistes aveyronnais, derniers sondages en mains montrant que 72% de la population française est opposée à cette réforme.

"Et chez les travailleurs, c'est 90% !", assurent-ils, impatients de battre le pavé une nouvelle fois "face à un gouvernement et des députés qui n'entendent rien". Dans leur viseur, Stéphane Mazars notamment. L'intersyndicale s'est déjà entretenue au lendemain de la première mobilisation avec le représentant LREM de la 1^re circonscription. "Mais il campe sur ses positions. Il est hors sol, comme toute la Macronie. Le seul point positif, c'est qu'il y a deux ans, il défendait bec et ongles le système de retraite par points contre celui par répartition. Aujourd'hui, il se fait l'avocat du système par répartition... Donc demain, si le vent souffle fort dans la rue, il sera peut-être de notre côté !"  

"On ne pourra pas canaliser la colère éternellement..."

En attendant, il est certain qu'à l'instar de ses camarades de Matignon, le député aveyronnais jettera un œil attentif sur les chiffres de la mobilisation de ce mardi. Car les défilés dans les villes moyennes et notamment rurales ont étonné, le 19 janvier dernier. Cela a même été qualifié cela "d'historique". Et l'Aveyron qu'on dit si souvent légitimiste et centriste a prouvé qu'il peut également être un terreau de contestation. Une réalité loin d'être étonnante pour les représentants syndicaux. "Déjà, l'âge légal de départ à la retraite concerne tout le monde. C'est simple à expliquer, à la différence de la première réforme voulue par Macron. Puis surtout, depuis des années, l'Aveyron est un département périphérique dans lequel s'accumulent les problèmes. Il y a cette réforme injuste, mais il y a aussi l'inflation, le prix à la pompe, le manque de médecins, la désindustrialisation... Et en face, on a un gouvernement qui est considéré comme celui des riches. Qui n'entend pas que la vraie vie, elle se passe aussi dans nos campagnes, loin de Paris. Ici, on n'a pas le métro, nos couvreurs ne grimpent pas sur les toits avec un ascenseur et on prend la voiture tous les jours pour aller bosser et faire nos courses. Et à chaque fois, on souffre en passant à la caisse".  

Et aux syndicalistes d'aller plus loin : "Si le gouvernement veut passer en force avec le 49-3, ou le 47-1, il s'expose à une grande colère. Tous les ingrédients sont réunis pour que ça pète. Alors, ne jouons pas avec le mépris. Car, nous, syndicats, on gère cette colère, on la contient. Mais on ne pourra pas la canaliser longtemps..."