Aveyron : les crues, de véritables plaies pour La Roque-Bouillac

Abonnés
  • 2003, dernière grosse crue à La Roque-Bouillac. En 1783, l’eau est monté jusqu’aux toits.
    2003, dernière grosse crue à La Roque-Bouillac. En 1783, l’eau est monté jusqu’aux toits.
  • Cette vue montre l’étroitesse du site.
    Cette vue montre l’étroitesse du site.
Publié le
D. L.

De tout temps, la chronique de La Roque-Bouillac est émaillée de crues calamiteuses. Le Lot, comparable à un monstre aquatique incontrôlable, apportait moult dégâts et parfois le deuil.

Bâtir le long de vallées escarpées avec au pied d’une rivière était jugé dangereux. Dès le Moyen Âge on en mesurait les conséquences. Mais la physionomie des lieux permettait aussi au seigneur de contrôler la navigation et de guetter la possible intrusion d’envahisseurs. C’est pourquoi le site accueillit le village qui prit le nom de La Roque-Bouillac. La rivière Lot, véritable autoroute à l’époque, "le grand chemin qui marche", pour reprendre une expression de Blaise Pascal, offrait aux propriétaires de bateaux une activité lucrative. Pour les bateliers, leur métier s’avérait dangereux. Outre les accidents "ordinaires", mauvaise manœuvre, ensablement, choc avec un obstacle, etc., qui entraînaient notamment des chutes et parfois des noyades, s’ajoutaient la soudaine montée des eaux.

Lorsque les maris descendaient le Lot pour livrer les marchandises dans les villes de l’aval, les épouses se mettaient à genoux dans la chapelle pour conjurer le sort, adressant des suppliques à Norte Dame de Pitié. Les pilotes les plus expérimentés savaient lire dans la course des nuages et la direction des vents d’éventuelles informations, à défaut de secours divins…

Autant le Lot faisait partie des rivières "maigres", de la fin du printemps au début de l’automne, autant il pouvait (et peut encore) générer de puissantes inondations durant la mauvaise saison. Une vingtaine de grandes crues ont été enregistrées depuis 1 346. Cinq ont été particulièrement dévastatrices : 1783, 1833, 1844, 1866, 1875, aujourd’hui effacées des mémoires, occasionnant à chaque fois des dégâts et des pertes considérables.

"Celle de 1783 a été la plus épouvantable. L’eau est montée à plus de 2 mètres dans la chapelle des Gabarriers, dont le sol se situe déjà à plus de trois mètres par rapport au niveau de la route, soit plus de 10 mètres au total ! Cette rivière déchaînée, Léviathan pénétrant dans les étages des foyers comme un effroyable prédateur, pour essayer d’arracher des âmes au village avec sa langue monstrueuse. On sonnait le tocsin, les villageois s’échappaient par le chemin de derrière qui monte à travers la paroi rocheuse, servant de nos jours de sentier pour les touristes", résume avec beaucoup de fougue notre guide Jean-Pierre Gayrard.

Plus près de nous, les inondations de 1927, 1976 et celle de 2003 demeurent mémorables, même si la création des barrages a assagi et régulé le Lot.

Des repères indiquent toujours sur certaines habitations de la Roque-Bouillac le niveau des eaux en pareille circonstance et que Dame nature a toujours le dernier mot.

Cet article est réservé aux abonnés
Accédez immédiatement à cet article
2 semaines offertes
Voir les commentaires
L'immobilier à Rodez

450000 €

En exclusivité chez IMMO DE FRANCE, venez vite découvrir cet opportunité d'[...]

Toutes les annonces immobilières de Rodez
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?