Aveyron : la préfecture donne son feu vert au parc éolien de Verrières

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  • Le parc de Verrières regroupera cinq éoliennes pour une puissance nominale de 20 mégawatts.
    Le parc de Verrières regroupera cinq éoliennes pour une puissance nominale de 20 mégawatts. Archives José A. Torres
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Aurélien Delbouis

Dans son arrêté du 28 décembre dernier, la préfecture autorise la construction du futur parc éolien de Verrières. Une étape de plus pour ce projet lancé il y a dix ans.

Près de 10 ans après le lancement du projet, le parc éolien de Verrières franchit une nouvelle étape. Dans un arrêté en date du 28 décembre 2022, la préfecture de l’Aveyron vient en effet de donner son accord à l’exploitation, par la société V’éol, de cinq nouveaux aérogénérateurs le long de la RD 911.

Si le début du chantier n’est pas pour demain, l’arrêté portant "autorisation de la demande environnementale d’exploiter le parc éolien, installation de production d’électricité utilisant l’énergie mécanique du vent, sur le territoire de la commune de Verrière" donne en revanche du vent au moulin de la municipalité qui, dans sa gazette de juillet 2013, exprimait déjà sa volonté de recevoir, sous certaines conditions, un parc éolien sur son territoire.

Satisfaction dans la commune

"Dans le contexte global de baisse des dotations, il est apparu indispensable d’aller chercher des ressources pérennes, indépendantes de la fiscalité, en proposant et en imaginant aussi les retombées positives pour notre territoire", plaide Jérôme Mouriès, le maire de commune dont les 429 habitants sont, dit-on, eux aussi "favorables" au projet qui "devrait permettre de contribuer au développement de l’emploi" tout en consolidant les finances de la collectivité.

"Nous n’avons jamais rencontré d’opposition sur la commune, confirme le conseiller municipal, Romain Jeanjean. Depuis le lancement, nous avons organisé plusieurs réunions publiques. À chaque fois, les habitants se sont déplacés pour voir comment investir le projet." Même si 70 % des signataires de l’enquête publique de juillet 2022 ont fait valoir leur opposition, "c’est peu, tempère l’élu. Généralement, l’opposition à ce genre d’installation est plutôt de l’ordre de 90 %."

"Citoyen, collectif, partagé, porté par un territoire", poursuit le conseiller municipal, le projet est aussi unique dans son montage financier.

"Nous nous sommes associés à un opérateur (Soleil du Midi), pionnier français des énergies citoyennes, ce qui nous permet d’être propriétaires à 50 % de la SAS V’éol, et de peser sur les choix de futurs actionnaires, en cohérence avec nos objectifs."

Cette singularité ne serait d’ailleurs pas étrangère à la décision de la préfecture, avance la Direction régionale de l’environnement (Dreal).

Un lieu contesté par la Fédération des grands causses

Avec ses cinq aérogénérateurs – éoliennes – de 180 mètres de hauteur en bout de pâles, le parc de Verrières – dont l’enveloppe avoisine les 36 millions d’euros – doit être implanté dans la forêt de Vinnac, entre la RD 911 au niveau de l’embranchement de Saint-Laurent-de-Lévézou et de la RD 29 (La Glène, Aguessac). Un lieu d’implantation pour le moins contesté. Notamment par la Fédération des grands causses.

"Situé en zone forestière des Pins de Vinnac et en zone sensible (proximité de zones Natura 2000 et de Znieff, domaine vital de nombreuses espèces protégées), ce projet est invasif dans un vaste territoire jusque-là protégé", peste l’association, tant les risques pour de nombreuses espèces (dont l’aigle royal, le gypaète barbu, le vautour moine, le vautour fauve, le vautour percnoptère et le milan royal, NDLR) sont pour elle "clairement identifiés".

"Nos causses ont-ils vraiment vocation à devenir des zones industrielles de l’énergie alors que notre département est déjà largement positif aux énergies renouvelables ?", poursuit la fédération qui, comme tous les opposants au projet, a désormais trois mois pour formuler un recours. La décision d’autorisation pouvant être déférée à la juridiction administrative par les pétitionnaires dans un délai de 2 mois et par les tiers dans un délai de 4 mois à compter de la publication de l’autorisation.

Le temps des recours

Une éventualité qui n’a pas échappé aux édiles verriérois, très prudents quant à la suite des événements. "Par expérience, nous savons qu’il y aura des recours. La LPO nous a déjà annoncé son intention, valide Romain Jeanjean. Ces recours seront ensuite étudiés par un juge." Sauf événement contraire, "cinq à six années" peuvent encore être nécessaires à l’aboutissement du projet. "Tout ça dans l’hypothèse où le contentieux n’annule pas la décision du préfet", prévient la Dreal. Ce qui aurait pour effet "l’abandon pur et simple du projet".

Bref, pour Romain Jeanjean et la municipalité, il y a aujourd’hui urgence à attendre. "Nous n’avons pas encore sabré le champagne."

Six autres parcstoujours en discussion

En plus de celui de Verrières, en Aveyron, six autres parcs éoliens font actuellement l’objet de discussions – plus ou moins avancées – entre les développeurs et les services de l’État. Portés par Engie, ceux de Fondamente (8 éoliennes) et de Lestrade-et-Thouels (3 éoliennes) devraient être soumis à enquête publique dans les prochains mois. Deux autres dossiers sont également dits "actifs". On parle du parc de Galgan (5 éoliennes) dans l’ouest du département et celui de Durenque (4 éoliennes) portés respectivement par la société VSB énergies nouvelles et Gaz électricité de Grenoble (GEG). Deux derniers dossiers sont enfin suspendus par décision des développeurs confrontés à un certain nombre de soucis techniques. Le premier à Bertholène (6 éoliennes) opéré par Total énergies et le second à Salles-Curan (8 éoliennes) lancé par la branche énergie renouvelable d’EDF.
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