Au Royaume-Uni, les petites salles de concert s’inquiètent de leur avenir

  • Au Royaume-Uni, les salles de concert indépendantes ont vu leur fréquentation baisser de 11% par rapport à 2019.
    Au Royaume-Uni, les salles de concert indépendantes ont vu leur fréquentation baisser de 11% par rapport à 2019. Kristina Kokhanova / Getty Images
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ETX Daily Up

(ETX Daily Up) - La crise sanitaire liée au Covid-19 a profondément bouleversé l’industrie de la musique "live", tout comme l’inflation galopante. Au Royaume-Uni, de nombreuses salles de concert indépendantes rencontrent des difficultés économiques et redoutent de devoir fermer leurs portes.


L’organisation professionnelle britannique Music Venue Trust, qui compte 960 membres à travers la région, s’est penchée sur la dynamique du monde de la musique "live". Il s’avère qu’elle n’est toujours pas revenue à son niveau pré-pandémie, avec 16,7% de concerts de moins en 2022 qu’en 2019. À l’époque, les salles de concert indépendantes du Royaume-Uni organisaient, en moyenne, 218 shows par an. Elles n’en accueillent désormais plus que 184.

Ce n’est pas le seul sujet d’inquiétude pour les professionnels du secteur. Si l’offre musicale a été riche l’année dernière, les salles de concerts ne jouaient pas à guichets fermés. Elles ont ainsi vu leur fréquentation baisser de 11% par rapport à 2019. Ce phénomène est étroitement lié à la pandémie, mais aussi à la hausse des prix au Royaume-Uni. Inflation oblige, de nombreux ménages britanniques réduisent le budget consacré aux loisirs pour joindre les deux bouts. À cela s’ajoute une augmentation drastique du prix moyen des billets de concert (+24,7% depuis 2019).

Résultat : le choix d’aller voir un concert est davantage mis en balance, ce qui porte atteinte à l’équilibre économique des petites et moyennes salles du Royaume-Uni. Elles ont dépensé plus de 499 millions de livres sterling (environ 560 millions d'euros) en 2022, afin d’assurer leur bon fonctionnement. Or, leur chiffre d’affaires s’élevait à 500 millions de livres sterling, ce qui signifie que ces lieux fonctionnent avec une marge bénéficiaire de 0,2%. En d’autres termes, ils peinent à être rentables. Une industrie au bord du gouffre

Cette précarité financière assombrit encore plus l’avenir de la musique "live" au Royaume-Uni, et tout particulièrement celui des petites et moyennes salles de concert. Mark Davyd, président du Music Venue Trust, estime que "le secteur est sérieusement en difficulté", comme il l’a déclaré fin-janvier devant le Parlement britannique. "Je mets l'industrie de la musique en garde : nous sommes au bord du gouffre. Nous ne sommes pas près du bord, nous sommes au-dessus du bord et nous dégringolons. Vous devez nous lancer une bouée de sauvetage. Nous ne pouvons pas payer 79 millions de livres sterling par an pour créer les artistes qui vont apparaître sur les scènes de vos festivals", a-t-il ajouté selon NME.

À l’heure où les salles de concert indépendantes peinent à survivre, Mark Davyd s’est insurgé contre la surenchère des grandes salles ou des stades. Ces derniers tendent à fragiliser les acteurs plus modestes de l’industrie, ce qui porte atteinte à la diversité de la programmation musicale. "La répartition des richesses dans cette industrie doit changer et être durable pour les artistes locaux, sinon nous nous dirigeons tous vers le précipice", a-t-il expliqué aux députés britanniques. "Vous venez avec nous, vous êtes enchaînés à nous, ne nous laissez pas en plan, venez nous soutenir".

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