La Roque-Bouillac : sauver les cloches et les âmes

  • Depuis leur acte d’insoumission, les gens de La Roque nommentleurs sonnailles "les cloches des femmes".
    Depuis leur acte d’insoumission, les gens de La Roque nommentleurs sonnailles "les cloches des femmes".
  • Le fac-similé de la Pietà qui se trouve dans la chapelle des Gabarriers.
    Le fac-similé de la Pietà qui se trouve dans la chapelle des Gabarriers.
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GDM

Le village de la Laroque-Bouillac, bien que modeste, savait se montrer rebelle et résistant comme nous allons le voir avec les "amazones" des cloches, mais savait aussi faire preuve de piété.

En ce début de 1794, la République vit sous la Terreur. Les frontières sont menacées et dans le Rouergue une sérieuse répression s’abat contre les prêtres réfractaires et les enfarinés, très présents dans la vallée plus ou moins escarpée du Lot, qui sont traités de "fanatiques illuminés" et pourchassés.

Le délégué du peuple, Chateauneuf-Randon, qui conduit les affaires dans le Rouergue, mène une politique de déchristianisation sévère, ordonnant de descendre les cloches et de démolir les clochers ! Les cloches sont d’ailleurs réquisitionnées pour être fondues car il fallait de la matière première pour fabriquer des canons.

Un groupe de municipaux se met en route pour récupérer les "sonnailles" de La Roque-Bouillac. Mais ils sont accueillis par une "escouade" de femmes, fières, solidaires, portant avec ferveur cette foi chrétienne que rien n’ébranle. La force des mots et des jets de pierres font reculer cette première expédition. On intime aux municipaux l’ordre de repartir à l’assaut de ce modeste clocheton. Nouvel échec face aux "amazones", comme les appela le curé Jean Boularot. Finalement, Chateauneuf-Randon renonce, précisant qu’il confiait ces cloches au patriotisme de ces femmes galvanisées. Les deux cloches, si âprement défendues, furent fondues et remplacées par deux modèles plus grands, en 1821.

À la sortie du Moyen-Âge, la Roque-Bouillac fait partie du bailliage de Peyrusse-le-Roc et possède une remarquable composition qui figure en bonne place sur un piédestal dédié à Notre Dame de Piété. Les gabariers notamment, hardis gaillards jurant comme des charretiers, n’hésitent pas à s’agenouiller devant elle afin d’éviter les pièges diaboliques que peut tendre parfois le Lot. Mais à la fin du XVIIIe siècle, les villageois connaissent la disette suite à de mauvaises récoltes. Afin de conjurer le mauvais sort, les habitants de la Roque demandent à ceux de Montredon de leur échanger du blé contre leur magnifique Pietà polychrome de marbre qui est déposée au croisement du chemin entre Livinhac et Figeac.

À partir de là, un malentendu crée de la tension entre les deux villages : La Roque parle d’un prêt, Montredon d’un don définitif. Toujours est-il, un siècle plus tard, l’abbé Fau redescend avec la Pietà. Quatre gars de Montredon décident de récupérer leur "bien" et remontent par le sentier pentu, portant la bagatelle de 100 kg. L’un d’eux, victime d’un refroidissement, succombe à une congestion pulmonaire.

"Selon le témoignage de Marie-Thérèse Gannat, les paroissiens de la Roque-Bouillac virent un signe de la colère divine, punissant un acte jugé comme sacrilège. Depuis ce jour, il n’eut plus de demande de restitution, car Dieu avait choisi son camp", rapport Jean-Pierre Gayrard.

Depuis, un fac-similé de la madone a été installé dans la chapelle des Gabariers pour continuer à sauver des âmes.

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