Séismes en Turquie et en Syrie : "Des conditions de recherche éprouvantes", selon le porte-parole de la Sécurité civile

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  • Les opérations de sauvetage sont permanentes en Turquie et en Syrie après les terribles séismes du lundi 6 février 2023. Les opérations de sauvetage sont permanentes en Turquie et en Syrie après les terribles séismes du lundi 6 février 2023.
    Les opérations de sauvetage sont permanentes en Turquie et en Syrie après les terribles séismes du lundi 6 février 2023. MAXPPP - ERDEM SAHIN
Publié le , mis à jour
Manuel Cudel

Après le terrible séisme qui a touché la Turquie, lundi 6 février 2023, la France se mobilise pour venir en aide aux victimes. Quelles sont les unités mobilisées ? Entretien avec le colonel Arnaud Wilm, porte-parole de la Sécurité civile.

La Turquie et la Syrie pleurent des milliers de morts, après les terribles séismes survenus lundi 6 février 2023. Selon le dernier bilan, ce mercredi 8 février, 9 500 décès sont à déplorer, dont 6 957 en Turquie, qui a sollicité rapidement l’aide internationale. Le mécanisme de protection civile de l’Union européenne a été déclenché. 45 pays sont mobilisés actuellement, plus des associations humanitaires.

La France a répondu à l’appel en envoyant deux détachements : 70 sapeurs sauveteurs, des militaires de la Sécurité civile et 70 sapeurs-pompiers de la région Ile-de-France, assistés de dix chiens formés à la recherche de personnes dans les milieux effondrés. Ils partent avec 42 tonnes de matériel à Hatay (zone située dans le sud de la Turquie, limitrophe de la Syrie) et Gaziantep, l’épicentre.

Entretien avec le colonel Arnaud Wilm, porte-parole de la Sécurité civile.

La France a un savoir-faire particulier dans ce domaine ?

Oui, ses méthodes de sauvetage sont nées dans les bombardements de la Seconde Guerre mondiale.
Elles se sont largement développées, depuis, avec l’appui de nouveaux outils. Nous avons aujourd’hui une expertise reconnue dans le monde entier. Ces équipes Husar (Heavy urban search and rescue), des unités lourdes de recherche et sauvetage en milieu urbain effondré, vont travailler en totale autonomie. Elles vont installer leur camp de base, avec leur propre eau, nourriture, on ne demande rien au pays qui nous accueille, et elles vont travailler 24 h/24 pendant dix jours pour aller chercher des victimes.

Quelle sera leur mission ?

On va commencer par une phase de ratissage, une reconnaissance à pied, avec des chiens, on va marquer les premières victimes et va débuter la recherche et le sauvetage des personnes facilement accessibles, en enlevant les décombres sélectionnés avec minutie. Puis va intervenir une phase plus critique, la recherche de victimes dans des endroits plus difficilement accessibles, avec des techniques plus lourdes. On va utiliser des appareils d’écoutes pour localiser les victimes.

On va mobiliser nos chiens qui peuvent marquer des personnes assez profondément en fonction des effluves et se faufiler dans des endroits inaccessibles à l’homme. On va avoir aussi recours à des flexicams, des caméras sur des tiges télescopiques flexibles qui permettent d’aller en profondeur pour identifier d’éventuelles zones de refuge.

Nous pourrons ensuite créer des tunnels, pour essayer d’extraire des victimes et les transporter vers des centres médicaux. Il y a ensuite une dernière phase sanitaire, quand l’urgence est éteinte, parce qu’il n’y a plus d’espérance de vie, on recherche des corps.

Pendant combien de temps peut-on trouver des survivants ?

Pendant les 48 à 72 premières heures, les chances sont fortes. Au-delà, cela va dépendre des endroits et de l’état de la victime. Si des personnes ont de l’eau, voire un peu d’alimentation, on a des chances de les retrouver vivantes même au bout d’une semaine.

Le froid complique les choses…

Oui, il rend la situation très compliquée pour les victimes en hypothermie et pour les sauveteurs français. Même s’ils ont la chance d’être bien équipés, ce sont des situations de vie très rustique et des conditions de recherche très éprouvantes. Des pluies peuvent venir aggraver le danger avec des glissements de terrain. Comme conditions d’intervention, difficile de faire plus compliqué !

Ce qui fait la difficulté de cette intervention, c’est aussi l’ampleur de la catastrophe sur un périmètre très vaste, avec énormément de victimes. Tout cela nous rappelle que les tremblements de terre sont les catastrophes naturelles les plus dévastatrices : les tremblements de terre représentent 8 % des catastrophes naturelles, mais 56 % des victimes.

D’autres équipes françaises vont partir sur place ?

Une équipe associative, Pompiers de l’urgence internationale, s’est mobilisée. L’envoi de renforts du Gard pour créer un hôpital de campagne (*) est aussi à l’étude.

(*) Le préfet souhaite déployer sur place l’Escrim (Élément de Sécurité civile rapide d’intervention médicale). Le Sdis envoie une équipe de reconnaissance en Turquie pour étudier son implantation.

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