Qui est NetZero, la première climatech européenne à avoir levé 11 millions d’euros ?

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    Qui est NetZero, la première climatech européenne à avoir levé 11 millions d’euros ?
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BPI France

Spécialisée dans le stockage de carbone atmosphérique, la start-up française NetZero vient d’annoncer une levée de fonds de 11 millions d’euros en Série A, un record pour une climatech européenne. A cette occasion, Olivier Reinaud, co-fondateur de l'entreprise, revient sur l’enjeu de cette opération et le développement à grande échelle de sa solution : le biochar.

Faire passer à l’échelle le biochar, l’une des seules solutions reconnues par le GIEC, (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) comme capable d’extraire du carbone de l’atmosphère pour des centaines d’années. C’est avec cet objectif que les cinq co-fondateurs de NetZero comptent, à moyen terme, atteindre 2 millions de tonnes de CO2 stockées par an d’ici 2030. Après l’annonce d’une première levée de fonds en série A de 11 millions d’euros, un record pour une climatech européenne, Olivier Reinaud, co-fondateur de l’entreprise revient sur les ambitions de ce premier tour de table.

Big média : Deux ans à peine après la création de NetZero, vous venez de lever 11 millions d’euros. Quel est le but de ce premier tour de table ?

Olivier Reinaud : Pour pouvoir industrialiser notre solution ! Ces deux dernières années nous ont permis de mettre au point notre technologie et d’éprouver grandeur nature notre modèle, avec la construction et mise en fonctionnement de deux usines de biochar : l’une au Cameroun, l’autre au Brésil. C’était la phase de démonstration. L’enjeu désormais, avec cette levée de fonds, c’est d’améliorer le modèle et de converger sur une solution très optimisée qui pourra être, dans un troisième temps, répliquée à très grande échelle. Nous nous donnons environ trois ans pour y parvenir, avec évidemment un gros volet R&D. La version totalement optimisée nous permettra ensuite de basculer vers un modèle de franchise à croissance très rapide, avec à la fin un impact maximum.

BM : Avec cette opération, trois acteurs de renom entrent au capital de NetZero : Stellantis, L’Oréal et CMA CGM. Est-ce un objectif pour vous de vous associer à ce type d’entreprises ?

OR : Absolument ! Faire entrer au capital de notre start-up trois grands acteurs industriels était pour nous absolument stratégique. Vu notre positionnement et le rythme de développement que nous nous imposons, dictés par l’urgence climatique, il nous paraissait indispensable d’être rejoints par des partenaires qui cumulent deux approches. D’une part, ce sont des entreprises très sérieusement engagées dans une trajectoire de neutralité carbone. Par ailleurs, nous avons la volonté de nouer des synergies industrielles riches car, au-delà du financement, nous souhaitons bénéficier du savoir-faire et des réseaux de nos partenaires. Enfin, le sujet des crédits-carbone de très haute qualité sont un sujet de fort intérêt pour eux, raison pour laquelle ils se mobilisent pour nous permettre de faire avancer notre solution.

BM : Si on s'intéresse de plus prêt à votre solution, pouvez-vous nous expliquer comment obtient-on du biochar et par quel procédé parvient-il à séquestrer du CO2 ?

OR : Le biochar, c’est une petite merveille… et c’est surtout un puits de carbone ! Pour faire simple, c’est une sorte de poudre de carbone, que l’on peut obtenir à partir de n’importe que type de résidu végétal sec – pour le moment, nous nous sommes concentrés sur les résidus de café. En poussant, les végétaux captent naturellement du carbone dans l’atmosphère : c’est le phénomène de photosynthèse. En récupérant des résidus végétaux inutilisés et en les chauffant à haute température sans oxygène (un procédé appelé pyrolyse, qui fonctionne entièrement avec de l’énergie renouvelable), on extrait le carbone contenu dans la biomasse sous la forme d’une poudre : notre fameux biochar. La beauté de la chose, c’est que ce concentré de carbone représente un bénéfice climatique évident, puisqu’il permet de stocker de manière stable ce carbone pour plusieurs centaines d’années. Mais il a également un bénéfice agricole très important : incorporé à la terre, il développe de manière spéculaire la fertilité des sols, et est particulièrement efficace pour les sols des zones tropicales, dont il corrige l’acidité tout en retenant davantage l’eau et les nutriments.

BM : D’ailleurs, vos activités opérationnelles sont entièrement basées dans les zones tropicales. Pourquoi ?

OR : C’est en effet l’une des singularités de notre modèle. Son centre de gravité est et sera toujours dans les zones tropicales. À cela, trois raisons : tout d’abord, d’immenses quantités de résidus agricoles y sont générés tous les ans, avec très peu de filières de valorisation existantes. Ensuite, parce l’efficacité agronomique du biochar permet de réduire nettement l’usage d’engrais chimiques tout en maintenant les rendements, augmentant donc la marge des petits producteurs et développant une agriculture plus durable. Enfin, la transformation sur place de cette biomasse en biochar permet la création d’emplois industriels dans les zones rurales. Faire du biochar en zone tropicale, c’est donc accéder à de très grands gisements de biomasse chargée en carbone atmosphérique tout en maximisant l’impact social pour les populations locales.

Cet article a été publié initialement sur Big Média Qui est NetZero, la première climatech européenne à avoir levé 11 millions d’euros ?
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