Vidéos : la vie de l'Aveyronnais Philippe Mayanobe, installé à Barcelone, digne d’un scénario de cinéma
"Spiderman", "Le Labyrinthe de Pan", "Le voyage de cent pas", cet Aveyronnais est décorateur dans le cinéma pour les films à succès !
C’est dans la restauration que Philippe Mayanobe, aujourd’hui décorateur dans le cinéma, installé à Barcelone, en Espagne, a commencé sa carrière professionnelle. "C’est mes parents qui m’ont donné le goût pour la cuisine. Ça me passionnait. Alors j’ai fait l’école hôtelière à Millau. Je n’ai pas eu mon BEP, avoue-t-il. Pendant 4-5 ans, j’ai fait des saisons en Aveyron, au Cap d’Agde et à Toulouse. Mais cette profession ne me correspondait pas."
Fin de la parenthèse dans la restauration pour le jeune Aveyronnais qui décide alors de suivre une formation dans la sylviculture. Il s’installe alors dans les Pyrénées ariégeoises, près de Lavelanet, où il est bûcheron durant deux années. "Je me levais tous les matins avec le château de Montségur en face de moi, se souvient-il. Je quittais les bars, la vie de nuit et la fête pour retrouver la nature de mon enfance."
Il faut dire que le petit Philippe, né en 1965 à Rodez, a passé les premières années de sa vie à Rodelle, où son père est facteur et sa mère, au foyer. "J’en garde de très beaux souvenirs de nature et de liberté. À l’école, c’était une classe unique, sourit-il. Et j’ai même été baptisé dans la petite église du village." La famille passe ensuite par Nuces puis Marcillac où il fréquente l’école publique et le collège Kervallon.
L’art, une révélation
En Ariège, donc, Philippe Mayanobe se découvre une passion – sans doute déjà présente mais enfouie au fond de lui – pour tout ce qui touche au domaine artistique. "Je me suis accroché à l’art, confirme-t-il, ce qui a redonné un peu de sens à ma vie." Littérature, dessin, histoire de l’art… Tout l’intéresse. "Je me suis formé en autodidacte." Il va cependant prendre quelques cours de dessin à Toulouse, dans l’atelier de Catherine Escudier, une artiste reconnue. "Je dessinais depuis tout petit mais, chez moi, personne n’avait un intérêt profond pour l’art, note-t-il. Jamais je n’avais eu l’idée de faire du dessin ou de m’intéresser à l’art."
Et c’est une révélation ! "C’est un moment charnière dans ma vie, insiste-t-il. Je passe de l’obscurité à la lumière !"
Après trois années dans les Pyrénées, Philippe Mayanobe rejoint Toulouse où il travaille la peinture pendant 4-5 ans. "Je peignais comme un fou mais je ne gagnais pas grand-chose", se rappelle-t-il.
Il rencontre alors l’artiste Gérard Jean et Anne Denjean, modèle pour les étudiants des Beaux-Arts, qui devient sa compagne. "Ils m’ont tous les deux soutenu et encouragé. Et Anne m’a fait entrer dans le monde artistique que je ne connaissais pas." Quelques expos suivent avant la rupture avec Anne. "Le cycle se refermait, dit-il. Il était temps que je me remette en question."
Barcelone, le tournant
Le désormais artiste quitte alors la Ville rose pour rejoindre Barcelone où il avait quelques connexions. "J’ai ouvert une école d’art, là-bas, et j’ai commencé à faire du design de meubles, dans un atelier que je partageais. J’ai fait quelques expos. Personne ne me connaissait alors tout était permis", se rappelle-t-il.
Et puis "un jour, le cinéma est arrivé sans crier gare !"
Tout est alors allé très vite. "En 2001, J’ai appris qu’on recherchait des gens pour travailler sur le film "Le Sortilège de Shanghaï", de Fernando Trueba, raconte Philippe Mayanobe. Un mois plus tard, on est partis sur le tournage à Madrid et je suis devenu l’assistant de la décoratrice, Pilar Revuelta." Une rencontre "très importante" pour le jeune homme de 26 ans. "C’est une des plus grandes décoratrices espagnole, insiste-t-il. Elle m’a formé, m’a fait découvrir le boulot."
Avec elle, il travaille sur "Le Labyrinthe de Pan", de Guillermo del Toro (2006, qui remporte deux oscars dont celui des meilleurs décors), sur "Che" (parties 1 et 2, avec Benicio del Toro, sortis en 2008), de Steven Soderbergh, plusieurs fois primé.
Difficile de rêver meilleur début de carrière. "Ça a été une expérience très enrichissante", confirme-t-il. Et surtout, cela lui donne une visibilité dans le monde du cinéma. "J’ai ensuite collaboré avec les plus grands décorateurs et réalisateurs espagnols." "L’impossible", en 2012, de J.A Bayona avec Naomi Watts et Ewan McGregor, en 2012 ; la même année, "L’artiste et son modèle", de Fernando Trueba, avec Jean Rochefort.
Entre 2010 et 2013, l’Aveyronnais s’installe en Ariège comme décorateur ensemblier pour des productions parisiennes qui tournent notamment à Toulouse. Puis, entre 2014 et 2018, passe un an et demi à Hong Kong, deux ans en Californie et une année à Hawaï.
"La folie des séries"
"À partir de 2015, ça a été la folie des séries", explique-t-il. Il crée notamment les décors des deux saisons de Warrior Nun, diffusée sur Netflix. Il collabore aussi à "Jack Ryan" (2017), à "Killing Eve" (2019)… Et le cinéma lui fait aussi les yeux doux. Il assure la direction artistique du film "Le voyage de cent pas" (2014, coproduit par Steven Spielberg) ou encore de Spiderman (2018) pour la partie tournée en Espagne. Espagne qu’il retrouve en 2018, à Malaga puis à Madrid avant de revenir à Barcelone en 2022. Il participe aussi à des publicités et au tournage de "Welcome to Eden", toujours pour Netflix.
"J’aime beaucoup la vie ici, c’est très vivant", avoue l’Aveyronnais qui est installé au cœur de la capitale catalane et qui marche tous les jours une dizaine de kilomètres à travers la ville. Et il y apprécie aussi le climat, moins rude et moins contrasté qu’en Aveyron. Même s’il aime retrouver son département d’origine. "Mon frère Jean-Pierre habite près de Rodez, ma sœur à Montauban et j’ai des cousins à Espalion, Decazeville, Rignac…" "J’ai fait le tour du monde, dit-il. Mais je n’oublie pas que je viens d’un petit village de l’Aveyron."
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