"J’ai pensé que c’était ma dernière nuit" : à Alep, une Aveyronnaise se démène pour aider les Syriens victimes du séisme

  • Diane Antakli a grandi à Espalion. Elle est aujourd'hui déléguée générale des Baroudeurs de l'Espoir et travaille à Alep.
    Diane Antakli a grandi à Espalion. Elle est aujourd'hui déléguée générale des Baroudeurs de l'Espoir et travaille à Alep. Reproduction Centre Presse - DR
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Béatrice Dillies

Présente à Alep au moment du terrible séisme qui a frappé la Turquie et la Syrie il y a une semaine, l'Aveyronnaise Diane Antakli, cofondatrice et déléguée générale de l'association des Baroudeurs de l'espoir, n'avait jamais connu une situation aussi dramatique en Syrie, un pays en guerre dans lequel elle fait pourtant des voyages humanitaires depuis dix ans. Elle lance un appel aux dons pour aider une population désespérée.

Un spectacle de désolation. Où que ses pas la mènent à Alep, Diane Antakli est frappée par le désespoir des Syriens déjà éprouvés par 12 ans de guerre. La ville n’avait rien du paisible village d’Espalion où elle a grandi, mais depuis le séisme, c’est pire. Arrivée en décembre pour faire le point sur les projets éducatifs en cours avec son association, les Baroudeurs de l’espoir, Diane s’est très vite adaptée à l’urgence. Une thérapie pour elle aussi.

"À la première secousse, j’ai pensé que c’était ma dernière nuit. L’immeuble a tangué, c’était impressionnant, ça a duré 45 secondes. Puis on a pris les escaliers et on a été dans la rue, le plus loin possible des immeubles. On sait ce que ce sont les constructions à Alep."

"Les Syriens sont dans une situation d'urgence absolue"

Sa priorité aujourd’hui, préparer des colis alimentaires et des kits hygiène pour parer à l’épidémie de choléra qui a déjà durement frappé la Syrie l’été dernier.

"Ça s’était calmé avec l’hiver, mais il y a des épisodes diarrhéiques qui recommencent. Il y a 5,3 millions de personnes qui sont sans logement dans le pays depuis le tremblement de terre, des familles entières qui s’entassent dans les écoles sans produits d’hygiène. Les gens ne veulent pas revenir chez eux tant qu’ils ne sont pas sûrs de la solidité des habitations. Il fait – 6°, – 7° en ce moment. Ils sont paniqués. Ils ont froid, ils ont faim. Les canalisations d’eau ont explosé. Cela fait dix ans qu’on fait des missions en Syrie. En dix ans, je n’ai jamais vu une situation aussi complexe. Pour moi, les Alepins et les Syriens en général sont dans une situation d’urgence absolue. Si l’aide humanitaire arrive dans un mois, ce sera trop tard."

Au regard des difficultés pour l’acheminement des convois en ce moment, Diane Antakli et les Baroudeurs de l’espoir qui sont déjà sur place lancent donc un appel aux dons financiers. "Il n’y a pas de pénurie dans les magasins. On peut acheter les produits utiles aux sinistrés sur place. On a ouvert une cagnotte en ligne pour les gens qui veulent nous aider, sur urgence-syrie.bdle.org. Et les gens pourront suivre ce qu’on fait sur bdle.org."

De multiples appels aux dons

Outre les Baroudeurs de l'Espoir, de nombreuses associations se mobilisent pour venir en aide aux sinistrés qui vivent des heures terribles, en Turquie et en Syrie, depuis qu’un séisme de magnitude 7,8 a frappé ces deux pays, il y a une semaine.
La Fondation de France lance un appel à la générosité pour venir en aide aux populations touchées à l’aube du lundi 6 février. Le compte est accessible sur dons.fondationdefrance.org/Solidarite-turquie-syrie.
Très engagée également, la Croix-Rouge. L’association précise que les fonds collectés seront utilisés par la Croix-Rouge française et ses partenaires, la Fédération internationale, le Croissant-Rouge turc et le Croissant-Rouge syrien. 
Roja Sor, une organisation humanitaire kurde mobilise par l’intermédiaire de son antenne parisienne qui fait le relais avec les régions sinistrées, pour la plupart au Kurdistan de Turquie et de Syrie. La collecte de dons se fait via rojasorfrance.com.
CCFD Terre solidaire a lancé un appel au don sur son site ccfd-terresolidaire.org. Elle aussi travaille en lien avec des associations locales.

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