Aveyron : mobilisation sans précédent des médecins généralistes ce mardi 14 février

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    Les médecins manifestent ce mardi 14 février pour préserver leurs prérogatives et réclamer davantage de moyens. Centre Presse - José A. Torres
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Les médecins se rassemblent ce mardi 14 février partout en France, et en Aveyron à 12 h 30 devant la Caisse primaire d'assurance maladie à Rodez, pour dénoncer les mesures gouvernementales envisagées et réclamer plus de moyens. La mobilisation sera telle que l'hôpital de Rodez invite à appeler le 15 avant de se déplacer.

Pour la première fois depuis 2015, l’ensemble des syndicats de médecins, SOS médecins, médecins hospitaliers ainsi que l’Ordre des médecins appelle à la grève ce mardi, partout en France. Le rassemblement à Paris prévoit entre 10 000 et 15 000 médecins. En Aveyron, rendez-vous est donné à 12 h 30 devant la Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) de Rodez. Un lieu symbolique puisque l’une des revendications porte sur la revalorisation tarifaire qui n’a pas été renégociée depuis 2016, date de la dernière convention valable cinq ans. "Ces vingt dernières années, nous avons été augmentés de 3 % alors que la hausse est de 8,5 % pour les salariés. Cela ne rattrape pas l’inflation. Il y a eu le Covid, on nous a encore dit d’attendre car il y a eu les élections, et maintenant on sent qu’on est grignoté par les annonces gouvernementales. La situation est dramatique", lâche Éric Puel, médecin généraliste depuis 1988 à Rodez qui a constaté, au fil du temps, "la détérioration des soins".
Une dégradation qui porte un nom aujourd’hui : Rist. Du nom de la députée Renaissance Stéphanie Rist dont la loi actuellement débattue au Parlement, vise à donner un accès direct à certains infirmiers, kinésithérapeutes et orthophonistes sans prendre rendez-vous avec un médecin au préalable. Ce que résume Éric Puel par "la marchandisation des médecins." Le monde n’est pas une marchandise, voilà qui rappelle un slogan qui a fait florès en Aveyron.

Ubérisation de la médecine

Les médecins manifestent donc pour défendre leur pré carré au nom de la qualité des soins. "On rogne sur notre périmètre d’intervention, c’est une tentative de vente à la découpe. On est favorable à exercer de façon coordonnée, à l’image des Maisons de santé, mais aujourd’hui on assiste à une ubérisation de la médecine sans suivi au long cours", estime Dr Théo Combes, vice-président des Médecins généralistes (MG) France, premier syndicat des médecins généralistes en France, et délégué pour la région Occitanie. Remplacer le médecin par une infirmière – même en pratique avancée comme il est proposé par le gouvernement – ou pire encore par une machine via la télémédecine, la corporation s’y oppose fermement. "Une infirmière en pratique avancée peut assurer en EHPAD car le suivi et la surveillance sont assurés mais cela pose des problèmes médico-légaux en termes de retard de diagnostic et de prise en charge pour une consultation", indique Dr Théo Combes. Et d’ajouter : "On joue petit bras alors que la crise est grave. Il faut investir par des moyens humains."

Logique comptable

En clair, "sortir d’une logique comptable qui est celle menée depuis trente ans pour aboutir à une médecine à deux vitesses", rappelle un médecin généraliste retraité depuis peu sur Rodez. Ou comme le dit à sa façon Éric Puel : "On veut régler le trou de la sécurité sociale et non les problèmes de santé."
Les médecins comprennent la colère des usagers devant la difficulté d’avoir accès à un soin mais mettent les pénuries et les dysfonctionnements sur le dos du gouvernement. "Le problème ne vient pas des médecins mais des pouvoirs publics. La pilule est aujourd’hui difficile à avaler. La loi Rist risque de détruire le parcours santé par manque de moyens. Il faut plus de secrétaires, plus d’assistants médicaux. Par exemple, avec les 2 000 assistants médicaux créés récemment, 500 000 patients ont retrouvé un médecin traitant", avance Dr Théo Combes. Et de conclure sur le volet formation des médecins généralistes : "On a ajouté une dixième année de médecine pour donner du temps à la formation sur le terrain. Nous sommes d’accord sur le fond mais il faut encore une fois, que cela soit encadré, avec un maître de stage et non un remplacement déguisé. On sent beaucoup d’ambivalence. On espère que les élus, députés, sénateurs, vont revenir à la raison."
La mobilisation s’annonce très suivie au point que l’hôpital de Rodez se prépare à une forte affluence aux urgences et invite ce mardi 14 février la population à appeler le 15 avant de se déplacer.

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