Manifestations du 16 février : Albi en capitale de la contestation contre la réforme des retraites

  • Laurent Berger (CFDT) et Philippe Martinez (CGT) seront ce jeudi 16 février à Albi.
    Laurent Berger (CFDT) et Philippe Martinez (CGT) seront ce jeudi 16 février à Albi. MaxPPP
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Christelle Bertrand

Les huit principaux syndicats ont appelé à la grève jeudi 16 février, pour une cinquième journée de protestation contre la réforme des retraites. Les leaders de l’intersyndicale se sont donné rendez-vous à Albi (Tarn) pour manifester ensemble.

Elle n’a échappé à personne, ni aux politiques ni aux syndicats... Cette colère des villes moyennes, où le nombre de manifestants ne cesse de progresser, inquiète la majorité et donne de l’espoir aux opposants à la réforme des retraites. C’est le cas des patrons de la CGT et de la CDFT qui ont décidé de la mettre en lumière en choisissant Albi aujourd’hui pour manifester.

Depuis le début du conflit, le nombre de manifestants y oscille entre 12 000 et 20 000. "Pour nous la symbolique est forte. Depuis des mois, la mobilisation contre les retraites est très ancrée sur les territoires ce qui n’était pas forcément une évidence quand nous avons lancé le mouvement. Les villes de taille moyenne qui ne manifestaient plus depuis longtemps se réveillent", nous explique François Hommeril, le patron de la CFE CGC qui sera dans le Tarn, aux côtés de Philippe Martinez et de Laurent Berger.

Selon le leader syndical, ces villes manifestent car "les gens y ont consenti beaucoup de sacrifices tout ça pour avoir aujourd’hui un pouvoir d’achat dégradé. C’est le même gouvernement qui demande aux travailleurs de faire plus et qui multiplie les aides aux entreprises. La retraite ; c’est la goûte d’eau qui a fait déborder le vase".

Un constat partagé par le député et président du groupe Liot Bertrand Pancher qui a manifesté, pour la première fois de sa vie, samedi dernier chez lui à Bar-le-Duc. On lui a beaucoup parlé pouvoir d’achat, perte des services publics, isolement..."Dans ces villes moyennes, la situation de crise est vécue plus fortement qu’ailleurs. Les manifestants disent aussi que Macron ne les écoute pas", nous assure-t-il.

Entre 30 000 et 40 000 manifestants attendus par les syndicats

Pour le sociologue Jean Viard, "c’est la même France que celle des Gilets jaunes, ce peuple qui a le sentiment d’être gouverné par des gens des villes peu concernés par les 80 km/h ou par le départ à la retraite à 64 ans. Du coup, on a créé une rupture entre les milieux populaires du grand périurbain et des petites villes et les élites urbaines."

Au sein de la majorité où l’on observe ce nouveau type de mobilisation d’un œil inquiet, le constat est un peu différent : "Ce sont des villes qui ont vu de nombreuses entreprises fermer, où les gens de plus de 55 ans ont morflé parce qu’ils n’ont jamais retrouvé de travail. C’est resté dans les mémoires", nous assure l’une des têtes pensantes de Renaissance suggérant que l’histoire ancienne pèse plus que l’histoire récente dans le sentiment de colère qui s’exprime.

Mais au-delà de la volonté de mettre en lumière un ressentiment qui s’y exprime plus fortement, en choisissant une ville moyenne pour manifester les leaders syndicaux ont voulu aussi rappeler les élus à leur devoir. "Le texte est débattu en ce moment à l’Assemblée, et le sera au Sénat, par des personnes qui sont élues des territoires. On veut leur rappeler, au moment où ils devront faire un choix de vote, qu’ils ont des électeurs", explique François Hommeril. Il jure, en revanche, qu’Albi n’a pas été choisie en fonction du profil politique de sa maire Stéphanie Guiraud-Chaumeil, proche d’Édouard Philippe qui s’est dit, lui, favorable à la retraite à... 67 ans.

Selon francebleu, le point de départ de la manifestation à Albi sera donné à l’échangeur du Séquestre à 14 h 30.

Les organisateurs attendent entre 30 000 et 40 000 participants dans la préfecture du Tarn. Les syndicats avaient recensé 20 000 personnes dans les rues le 11 février contre 6 000 selon la police.

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