L‘Espagne adopte le congé menstruel, une première en Europe

  • Les députés espagnols ont dit oui jeudi au congé menstruel.
    Les députés espagnols ont dit oui jeudi au congé menstruel. MaxPPP
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Cette mesure pour les femmes souffrant de règles douloureuses fait partie d’un texte plus large qui facilite l’accès à l’avortement et le changement de sexe.

C’est "un jour historique", se félicite la ministre de l’Égalité espagnole, Irene Montero. Les députés espagnols ont dit “oui” jeudi à l’adoption d’un congé menstruel pour les femmes souffrant de règles douloureuses, une première en Europe.
Les règles douloureuses en Espagne vont donc devenir un motif d’absence au travail.

"Règles incapacitantes"

La mise en place d’un congé menstruel permettra aux femmes ayant "des règles incapacitantes", parfois dues à des "pathologies comme l’endométriose", de se mettre en arrêt maladie tous les mois.

Le projet de loi a été adopté par 185 voix favorables, contre 154 s’y opposant et 3 abstentions. Porté par la gauche, il s’opposait à l’avis du PP, le parti conservateur. Cette principale formation de la droite espagnole reprochait à la mesure de chercher à « marginaliser » les femmes.

Il s’agit là "d’accorder à cette situation pathologique une régulation adaptée afin d’éliminer tout biais négatif dans le monde du travail", selon la présentation du projet. La durée de ce congé, sa récurrence et sa mise en place n’ont pas été précisées, en revanche, pour le moment.

On ignore aussi s’il devra être prescrit par un médecin tous les mois et comment il sera financé par la sécurité sociale.
Si un tel congé permettrait de soulager certaines femmes souffrant de règles douloureuses, certains y voient pourtant une "fausse bonne idée".

Pour le collectif Osez le féminisme, ce genre de loi induirait la normalisation des douleurs menstruelles, alors même que certaines d’entre elles sont causées par des pathologies mal ou peu diagnostiquées.
La porte-parole de l’association Fabienne El-Khoury, citée par France Info, craignait aussi, en avril dernier, que ce genre de congé dédié aux femmes ne les stigmatise lors de leur embauche. Dans le monde, plusieurs pays tels que la Zambie ou le Japon, l’ont déjà adopté.

Autorisation d’avorter, dès 16 ans, sans l’accord des parents

D’autres mesures figuraient dans ce projet de loi porté par la gauche en Espagne. L’accès à l’avortement pour les mineurs sera renforcé dans les hôpitaux publics, avec l’autorisation d’avorter, dès 16 ans, sans l’accord des parents.

Le Congrès des députés a également adopté une loi permettant de changer de sexe dès 16 ans. À partir de cet âge, tout Espagnol pourra désormais modifier son genre sur les registres de l’état civil et ce, par simple demande.

Il devra confirmer son choix trois mois après, mais n’aura pas à passer devant un tribunal, à présenter un justificatif médical, ni même à recevoir un traitement hormonal.

Les 12 à 14 ans pourront, eux aussi changer de sexe, s’ils obtiennent l’autorisation d’un représentant légal et de la justice.
Une ambition affichée à travers ces différentes mesures : "Briser un tabou."
 

Elise Do Marcolino
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Les commentaires (1)
Altair12 Il y a 1 mois Le 17/02/2023 à 09:24

Il n'est pas surprenant que les employeurs préfèrent embaucher des hommes ; c'est le genre de mesure qui ne fera qu'aggraver la situation !