Après "Auschwitz", l'auteur Pascal Croci, installé à Sévérac-d’Aveyron, dévoile… "Hitler"
En séance de dédicaces à la Maison du livre de Rodez, samedi 18 février 2023, l’auteur installé à Sévérac-d’Aveyron depuis plusieurs années, risque une nouvelle fois de faire parler avec son nouvel ouvrage.
À première vue, on pourrait se demander si Pascal Croci aime choquer ? Lui préfère en sourire. "La censure, ça vient des autres… Je n’en ai aucune, moi", répond-il simplement. Il faut dire que ce Parisien, installé à Sévérac-d’Aveyron depuis de nombreuses années, connaît la polémique.
Il y a plus de vingt ans, en 1999, il sort une bande dessinée intitulée "Auschwitz". Sur la couverture, un dessin aux allures gothiques et rien d’autre. Cela choque. Le genre BD, qu’on assimile souvent à l’enfance et à l’humour, n’a pas l’habitude de s’attaquer aux sujets sensibles.
Du moins d’un point de vue réaliste, ce qu’avait choisi de faire Pascal Croci. "C’est un hommage au film documentaire Shoah de Claude Lanzmann. Et j’aime bien l’idée que la BD ne se résume pas qu’à Astérix ou Tintin", s’est-il longtemps défendu. Depuis, l’œuvre a reçu le prix jeunesse de l’Assemblée nationale en 2001 et s’est même immiscée dans les programmes scolaires…
En couverture, le portrait d’Adolf Hitler
Croisé hier, lors d’une séance de dédicaces à la Maison du livre de Rodez, l’auteur autodidacte se remémorait cette période. Et ces gens "du milieu" qui, à Angoulême ou bien dans les revues spécialisées, se refusaient à faire la promotion de son ouvrage… "Certaines planches avaient choqué, mais elles sont issues de témoignages de survivants du camp d’Auschwitz-Birkenau ", assure-t-il.
Aujourd’hui, le débat subsiste encore et personne ne saurait être à l’aise face à ces dessins… Son dernier ouvrage n’arrangera rien. Cette fois, Pascal Croci s’attaque à Hitler. Toujours dans son style. Sur la couverture, le portrait du dictateur et son nom. Uniquement. "Cela a dérangé mon éditeur au départ. Moi, je n’y ai pas pensé. Je n’ai pas de tabou", reconnaissait-il, face à de nombreux lecteurs, hier. Des jeunes et des moins jeunes.
Un Ruthénois "né en 1933 comme Hitler" est venu rencontrer cet auteur qu’il suit depuis longtemps. "Je l’aime bien. Et vous savez, j’ai vu défiler les Allemands dans Rodez et ça, on s’en souvient à vie… Surtout en ce moment où l’on voit des choses qui font peur un peu partout dans le monde", souffle-t-il. Dans la file d’attente, derrière, un jeune garçon. Lui a fait un spectacle sur l’embrigadement, à la MJC de Rodez. "C’est bien qu’il en sache davantage par le biais d’une BD", explique sa mère qui l’accompagne.
L’échec artistique d’Hitler
Dans son ouvrage de 64 pages, sorti le 25 janvier aux éditions Paquet (16,50 €), Pascal Croci évoque notamment les relations amoureuses d’Adolf Hitler. Il s’intéresse aussi " à la noirceur de l’âme ". Il s’interroge aussi : " Qui est le monstre, celui qui accepte ou celui qui demande ? ". Voilà plusieurs années qu’il se documente sur cette période de l’histoire et sur ce régime nazi. Pourquoi ? Il ne saura véritablement le dire, mais" plus on avance dans le temps, moins on rencontrera des témoins de cette époque", confie-t-il.
Avant de raconter, sans détour, face à ses lecteurs, qu’il fut particulièrement séduit par les dessins du jeune Hitler, souvent présenté comme un artiste raté. "C’est faux, il ne faut pas noircir le tableau. N’importe laquelle de ses aquarelles lui permettrait d’entrer aux Beaux-Arts aujourd’hui. On peut d’ailleurs se demander si cet échec n’a pas entraîné le reste : car on le voit dans tous nos entourages, quelqu’un qui échoue se cherche un bouc émissaire", explique l’auteur.
Lui dit avoir eu du mal à dessiner le monstre à la célèbre moustache… Il fut surpris aussi par quelques rencontres lors de dédicaces. "Je croise beaucoup de négationnistes et de complotistes lors de mes séances et sur internet. C’est surprenant. Et il faut combattre cela, sans tabou, par le débat", explique-t-il. "Quoi qu’il en soit, il vaut mieux voir Hitler en BD que sur les murs d’une ville !", s’exclame une dame, en attendant sa dédicace. Dans une séance qui, de nouveau, a tourné au débat. Loin du dessin. Une habitude avec Pascal Croci…