Vidéo : le Saint-Cômois Jean-Pierre Olié, une vie consacrée à la médecine psychiatrique

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  • Chemise et gilet bleus assortis à ses yeux. À 77 ans, Jean-Pierre Olié garde un regard et un esprit vifs.
    Chemise et gilet bleus assortis à ses yeux. À 77 ans, Jean-Pierre Olié garde un regard et un esprit vifs. L'Aveyronnais - Emmanuel Pons
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A Nogent-sur-Marne, Emmanuel Pons

Professeur renommé, ancien chef de service psychiatrie à l’hôpital Sainte-Anne de Paris, membre de l’Académie nationale de médecine, le Saint-Cômois Jean-Pierre Olié passe une retraite paisible mais toujours active dans son pavillon de Nogent-sur-Marne.

Jean-Pierre Olié aurait pu faire carrière en Aveyron, s’installer comme médecin généraliste – médecin de famille, disait-on alors – prendre la suite du docteur Martin, dans son cabinet d’Espalion où le jeune homme, tout juste diplômé, venait faire un remplacement. "Mais j’avais rencontré Évelyne, originaire de Prades-d’Aubrac, qui m’a encouragé à monter à Paris, raconte l’Aveyronnais. Alors j’ai décidé de poursuivre mes études à la capitale." "Elle a réveillé les lumières de cette ville que j’avais découverte quand j’avais seize ans", ajoute-t-il.

Le lycée Foch, le "nec plus ultra"

Né à Aubin en avril 1945, l’enfant arrive à deux ans à Saint-Côme-d’Olt, un village auquel il reste encore aujourd’hui très attaché et où ses parents tenaient une épicerie. "Mon père faisait la tournée avec son camion. Il vendait des casseroles, des pantoufles, du café, des fruits, du pain…", se souvient-il.

Le jeune Jean-Pierre (à gauche), alors âgé d’une dizaine d’années, devant  l’épicerie familiale de Saint-Côme-d’Olt, avec son père Roger et deux de ses cousins.
Le jeune Jean-Pierre (à gauche), alors âgé d’une dizaine d’années, devant l’épicerie familiale de Saint-Côme-d’Olt, avec son père Roger et deux de ses cousins. Reproduction L’Aveyronnais

À l’école, Jean Lacas, l’instituteur, remarque les capacités du petit Jean-Pierre et décide de le prendre sous son aile. "Le jeudi matin (jour de congé à l’époque remplacé aujourd’hui par le mercredi, NDLR), il me gardait en classe pour que je fasse encore mieux", se souvient-il.

Ensuite, "mes parents n’ont pas voulu que j’aille à Espalion. Le nec plus ultra, c’était le lycée Foch", précise-t-il.

L’établissement ruthénois était alors installé dans l’actuelle chapelle royale, place Foch, et accueillait les élèves de la sixième à la terminale. Voilà donc le jeune Saint-Cômois, 11 ans, inscrit en tant que pensionnaire. Loin de sa famille qu’il ne voit que toutes les trois semaines. "On prenait le bus tous les 21 jours, de Rodez à Espalion puis d’Espalion à Saint-Côme. C’était très dur. J’étais fils unique, séparé de mes parents. Mais à l’époque, on ne se souciait pas de savoir ce que pouvait penser un enfant", raconte-t-il.

Les retrouvailles avec les petits camarades parisiens

"Après la seconde, c’était plus drôle, j’étais plus autonome, plus sûr de moi. Et puis on s’amusait bien avec mes camarades." Des camarades, l’adolescent en retrouvait aussi pendant les vacances. Ceux-là étaient Parisiens – François Lautard, Jacques Capelle… – montés avec leurs parents aveyronnais à la capitale. "C’était la fête quand ils arrivaient à Saint-Côme, se souvient-il. Et une déchirure quand ils repartaient. Et puis c’était le retour au lycée, en pension, où je m’ennuyais." Au terme de ses études secondaires, il décroche son bac philo, en 1964, et part "faire médecine" à Montpellier.

Spécialiste reconnu, Jean-Pierre Olié a écrit de nombreux ouvrages sur  la psychiatrie et est souvent intervenu à la télé ou à la radio.
Spécialiste reconnu, Jean-Pierre Olié a écrit de nombreux ouvrages sur la psychiatrie et est souvent intervenu à la télé ou à la radio. Capture d'écran : Reproduction L'Aveyronnais

"Après le bac, je ne savais pas vraiment quoi faire, avoue-t-il. Le droit ? Je ne connaissais pas. Et puis médecin, comme le docteur Martin, c’était une position enviable…"

Diplômé en 1971, il décide donc, sur les conseils de sa femme, Évelyne – qu’il a rencontrée en 1966 en Aveyron, au bal du village d’Aubrac, et épousée en 1968 – de rejoindre la capitale où il est interne des hôpitaux psychiatriques de Paris.

Et c’est en 1973 qu’il fait son premier stage à l’hôpital Sainte-Anne. Le début d’une longue et belle carrière. "Je n’en suis plus jamais parti, confirme Jean-Pierre Olié. J’ai été assistant, médecin des hôpitaux puis professeur, chef de service à Saint-Anne."

Sur les bancs de l’Académie  nationale de médecine, Jean-Pierre Olié participe toutes les semaines  à la séance de travail du mardi matin et à l’assemblée plénière de l’après-midi.
Sur les bancs de l’Académie nationale de médecine, Jean-Pierre Olié participe toutes les semaines à la séance de travail du mardi matin et à l’assemblée plénière de l’après-midi. Reproduction L'Aveyronnais

Il y fait une rencontre marquante, en la personne du professeur Deniker, qui le prend sous son aile. "C’est lui qui a inventé le premier traitement efficace contre la schizophrénie, en 1952", précise-t-il.

"Vous n’allez pas retourner à Rodez ? !", m’avait-il dit. "Madame Deniker me disait que je ressemblais à Pierre, qu’il se reconnaissait en moi. Mais il ne l’a jamais verbalisé… Il ne m’a jamais interrogé sur mes origines. Il m’a fait une confiance aveugle. Et m’a guidé vers les plus hautes distinctions de la médecine."

Membre de l’Académie nationale de médecine

Et le "Graal" en matière de médecine, "l’aboutissement ultime", comme l’exprime Jean-Pierre Olié, c’est son élection – en tant que correspondant en 2016 et titulaire en 2019 – à l’Académie nationale de médecine, prestigieuse institution, qui compte 135 membres représentant toutes les spécialités. "C’est un milieu que j’aime beaucoup. On se réunit tous les mardis. Et on est souvent sollicité par le gouvernement. On travaille actuellement sur les questions de genre, de changement d’identité, explique Jean-Pierre Olié. Je fais aussi partie des douze membres qui élaborent le dictionnaire de l’Académie de médecine."

Sur les bancs de l’Académie  nationale de médecine, Jean-Pierre Olié participe toutes les semaines  à la séance de travail du mardi  matin et à l’assemblée plénière  de l’après-midi.
Sur les bancs de l’Académie nationale de médecine, Jean-Pierre Olié participe toutes les semaines à la séance de travail du mardi matin et à l’assemblée plénière de l’après-midi. Reproduction L’Aveyronnais

Installé avec sa femme Évelyne depuis le milieu des années 1980, dans un coquet pavillon de banlieue, à Nogent-sur-Marne, après la naissance des jumeaux Pierre et Vincent en 1975 et d’Émilie, en 1979, l’ancien professeur, âgé de 77 ans et retraité depuis une dizaine d’années, continue de se rendre fréquemment à l’hôpital Sainte-Anne, et s’investit au sein de l’Académie nationale de médecine où il continue à s’intéresser à ce domaine qui le passionne depuis toujours. "Toute ma vie, j’ai beaucoup travaillé, constate l’Aveyronnais. Je n’ai jamais vraiment profité de Paris. Je ne suis jamais beaucoup sorti. Et je déteste les mondanités."Une brillante carrière parisienne qu’il ne regrette pas même s’il avoue qu’il aurait "pu prendre la suite du Docteur Martin. Il m’avait dit que j’avais tort de partir. Je pense que j’aurais été heureux en Aveyron. Et puis j’aime le calme, la verdure. Je ne suis pas Parisien, insiste-t-il, je suis un Saint-Cômois retiré en région parisienne…"

Pourquoi le choix de la psychiatrie ?

"Je ne voulais pas faire une carrière classique de généraliste ou de cardiologue… Je voulais faire différemment. Et puis je connaissais un garçon de Saint-Côme, René Arlabosse, qui était psychiatre à Paris et que j’admirais beaucoup. Il y avait une sorte d’identification", explique Jean-Pierre Olié.
"J’ai fait médecine pour faire plaisir à ma mère et j’ai choisi la psychiatrie parce que l’on ne peut pas toujours faire plaisir à sa mère", sourit-il.

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