Guerre en Ukraine : "Kyiv est libre !", la réponse de Joe Biden aux déclarations de Vladimir Poutine

  • Le président des Etats-Unis, Joe Biden, a prononcé un discours ce mardi depuis Varsovie en Pologne.
    Le président des Etats-Unis, Joe Biden, a prononcé un discours ce mardi depuis Varsovie en Pologne. MAXPPP - Radek Pietruszka
Publié le

Le président russe, Vladimir Poutine, s'est exprimé ce mardi matin, avant le discours du président américain Joe Biden depuis la Pologne.

De retour de sa visite surprise à Kyiv lundi 20 février 2023, le président américain Joe Biden a vanté l'unité de l'Otan mardi à Varsovie et proclamé le soutien inaltérable des Etats-Unis à l'Ukraine où il a assuré que la Russie ne pourrait jamais remporter une victoire militaire.

Le déplacement du président américain en Europe de l'Est se veut une réponse au discours prononcé mardi par son homologue russe Vladimir Poutine, qui a une nouvelle fois imputé aux pays occidentaux la responsabilité de la guerre en Ukraine en les accusant de menacer l'existence même de la Russie. "L'Occident ne complote pas pour attaquer la Russie", lui a répondu Joe Biden dans un discours prononcé au Palais royal de Varsovie.

A lire aussi : Objectifs en Ukraine, vive critique de l'Occident : le discours de Vladimir Poutine à Moscou, ce mardi

Le président des Etats-Unis a estimé que Vladimir Poutine avait grandement sous-estimé les autorités ukrainiennes et la capacité de l'Otan à rester unie lorsqu'il a lancé l'invasion de l'Ukraine le 24 février 2022. "Il y a un an, le monde entier s'attendait à la chute de Kyiv", a-t-il dit. "Je peux en témoigner : Kyiv est forte, Kyiv est fière, Kyiv est debout et, plus important que tout, Kyiv est libre!"

Joe Biden s'était auparavant entretenu avec son homologue polonais Andrzej Duda, un des plus fervents soutiens de l'Ukraine qu'il a remercié pour son engagement. "Votre visite témoigne de la responsabilité des Etats-Unis envers la sécurité dans le monde et en Europe", a déclaré le président polonais. "J'appelle tous les pays européens, tous les membres de l'Otan, à montrer leur solidarité avec l'Ukraine, à fournir de l'aide militaire à l'Ukraine (...) N'ayez pas peur de fournir cette aide", a-t-il ajouté.

La Pologne, qui partage une longue frontière avec l'Ukraine, sert de base arrière pour les transferts d'armes et a accueilli plus de 2,5 millions de réfugiés ukrainiens depuis le début du conflit.

A lire aussi : Joe Biden en visite surprise à Kiev, quatre jours avant le premier anniversaire de la guerre en Ukraine

L'Europe de l'Est veut plus des Etats-Unis

Le conseiller d'Andrzej Duda pour la politique étrangère a indiqué que les deux présidents devaient aussi discuter d'un renforcement du dispositif permanent de l'Otan en Pologne, à l'heure où le pays s'est lancé dans une modernisation à marche forcée de son armée, mais aucun des deux chefs d'Etat n'a évoqué publiquement le sujet.

Joe Biden a été accueilli triomphalement par les Polonais et les réfugiés ukrainiens à Varsovie. Certains l'ont appelé à en faire encore davantage pour soutenir Kyiv face à l'invasion russe, notamment en déployant une banderole qui demandait "des F-16 pour l'Ukraine" devant son hôtel. Washington refuse pour l'instant de livrer des avions de combat.

Avant de rentrer à Washington mercredi, le président des Etats-Unis s'entretiendra avec les dirigeants des "Neuf de Bucarest", les neuf pays issus de l'ancien bloc communiste qui ont rejoint l'Otan. La plupart de ces pays d'Europe de l'Est - à l'exception notable de la Hongrie - sont de fervents partisans des livraisons d'armes à l'Ukraine, qu'ils voient comme un rempart pour leur propre sécurité. Washington a annoncé lundi une nouvelle aide militaire de 450 millions de dollars comprenant notamment des munitions pour l'artillerie ukrainienne, des missiles antichars et des radars pour la défense antiaérienne.

Mais au-delà de l'Ukraine, le président lituanien Gitanas Nauseda va dire à Joe Biden qu'il souhaite "une plus grande implication des Etats-Unis en Europe, sur le flanc oriental de l'Otan", a déclaré une de ses conseillères à la radio lituanienne. "La Lituanie et d'autres pays ont plusieurs demandes qui portent sur les systèmes de défense antiaérienne, la présence avancée renforcée (de l'Otan) et des investissements plus importants dans l'industrie de défense", a-t-elle dit.

La Russie renonce au traité de New Start

La Russie va suspendre sa participation au traité New Start de réduction des armes stratégiques, sans pour autant se retirer formellement du pacte conclu avec les Etats-Unis, a déclaré mardi le président russe Vladimir Poutine, s'attirant aussitôt les critiques de l'Otan et de Washington.

Dans un discours annuel devant le Parlement russe, Vladimir Poutine a émis de nouvelles menaces nucléaires implicites envers les pays occidentaux qui soutiennent l'Ukraine, en annonçant l'entrée en service de nouveaux missiles et en ouvrant la porte à une reprise des essais nucléaires russes si les Etats-Unis devaient faire de même.

Le traité New Start, signé en 2010 et qui doit expirer en 2026, limite à 1.550 le nombre de têtes nucléaires que les deux anciennes superpuissances de l'époque de la Guerre froide peuvent déployer dans des missiles balistiques intercontinentaux, des sous-marins lance-missiles ou des bombardiers stratégiques. "Je suis obligé d'annoncer aujourd'hui que la Russie suspend sa participation au traité sur les armes stratégiques", a dit Vladimir Poutine, justifiant cette décision par le fait que la Russie ne peut pas effectuer d'inspections pour vérifier son application par les pays occidentaux. Le chef du Kremlin a insisté sur le fait que son pays ne se retirait pas du traité mais qu'il suspendait sa participation, dans l'attente de savoir "ce que veulent les pays de l'Otan comme la France et le Royaume-Uni".

Par la suite, le ministère russe des Affaires étrangères a indiqué que la Russie continuerait de respecter la limite fixée par le traité au nombre de têtes nucléaires pouvant être déployées sur des missiles, déclarant dans un communiqué que Moscou voulait adopter une "approche responsable" et maintenir un "degré suffisant de prévisibilité et de stabilité".

Réagissant au discours de Vladimir Poutine, le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, a dit regretter la décision de la Russie et l'a invitée à reconsidérer sa position. Dénonçant pour sa part une annonce "malheureuse et irresponsable", le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a déclaré que les Etats-Unis prendraient toujours les mesures nécessaires à leur sécurité et à celle de leurs alliés, tout en demeurant ouverts au dialogue sur le sujet.

La France "déplore" l'initiative de Vladimir Poutine et appelle la Russie à "faire preuve de responsabilité et à revenir au plus vite sur son annonce", a dit le Quai d'Orsay. Vladimir Poutine a affirmé, sans fournir de preuves, que certains responsables américains envisageaient de reprendre les essais nucléaires et a fait savoir que la Russie n'hésiterait pas à faire de même si c'était le cas. "Bien sûr, nous ne le ferons pas en premier. Mais si les Etats-Unis font des essais, nous le ferons aussi. Personne ne doit se faire d'illusions dangereuses sur le fait que la parité stratégique mondiale peut être détruite", a-t-il dit

Nicolas Drusian avec Reuters
Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?

Les commentaires (1)
Altair12 Il y a 1 mois Le 22/02/2023 à 08:18

Certaines mauvaises langues annonçaient le président Biden comme sénile ; il démontre bien au contraire une grande vitalité, beaucoup de clairvoyance et de courage.
Il défend les intérêts de son pays mais surtout l'humanité toute entière ; ce qui n'est pas le cas de bien de chefs d'états ! ! !