Enseignante tuée à Saint-Jean-de-Luz : ce que le procureur a déclaré lors de sa prise de parole, ce jeudi

  • Le lycée Saint-Thomas-d'Aquin à Saint-Jean-de-Luz.
    Le lycée Saint-Thomas-d'Aquin à Saint-Jean-de-Luz. Google Street View - Capture d'écran
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Jeudi 23 février 2023, le procureur de Bayonne s'est exprimé au lendemain des faits qui ont plongé Saint-Jean-de-Luz dans une très vive émotion.

Après 15 heures, ce jeudi, le magistrat a tenu une conférence de presse pour revenir sur les terribles faits de la veille. Le mercredi 22 février 2023, une professeure d'espagnol a été tuée au lycée Saint-Thomas-d'Acquin, dans la matinée. L'auteur du coup de couteau mortel, un élève de 16 ans, qui est passé à l'acte en plein cours, a rapidement été interpellé et placé en garde à vue. 

Hommage unanime à Agnès

Dans un premier temps, le procureur de Bayonne, Jérôme Bourrier, a salué la mémoire d'Agnès Lassalle, "une professeure extrêmement investie dans son établissement, unanimement appréciée, aimée de ses collègues, sa famille". Le procueur a pu rencontrer le conjoint de la défunte, "qui fait preuve de beaucoup de dignité et de courage face à l'effroi et à la tragédie de ce crime".

"J'ai ruiné ma vie, tout est fini"

Et lorsque Jérôme Bourrier rappelle la terrible issue, il souligne que le geste a été commis par "un élève dont on sait pour l'instant peu de choses". C'est à 9h45 que tout s'est produit. "Pendant ce cours, un élève s'est levé, s'est saisi d'un rouleau de sopalin et s'est approché de la porte de la classe qu'il a verrouillée. Il s'est ensuite dirigé vers son professeur en sortant de ce sopalin un couteau de cuisine avec une lame de 18 centimètres, et il lui a porté un coup."

Appréhendé par deux autres enseignants, l'adolescent de 16 ans leur a déclaré : "j'ai ruiné ma vie, tout est fini". C'est à cette occasion qu'il a évoqué cette voix, expliquant que "quelqu'un aurait pris possession de son corps". Pendant sa garde à vue, il déclare justement que cette même voix "lui parle", et qu'elle provient d'un "être égoïste, manipulateur, égocentrique, qui l'incite à faire le mal".

\ud83d\udde3 "Durant sa garde à vue, il a mis en cause une petite voix qui lui parle, un être qu'il décrit comme égoïste, manipulateur, égocentrique, qui l'incite à faire le mal, et qui lui aurait suggéré la veille de commettre un assassinat" précise le procureur. pic.twitter.com/D9alsADy83

— franceinfo (@franceinfo) February 23, 2023

Examen psychiatrique

Un premier examen psychiatrique a été réalisé. Le procureur indique qu'il "révèle des traits de personnalité anxieuse, une forme d'anxiété réactionnelle pouvant perturber son discernement".

Mais le magistrat poursuit toutefois : "l'expert note l'absence de désorganisation en lien avec le déroulement des faits. Il ne retrouve, en l'état, aucune maladie mentale de type schizophrénie, état maniaque, mélancolie ou retard mental, ni aucune décompensation psychiatre aiguë".

En revanche, cet examen "décrit des éléments de dépression de l'adolescent évoluant depuis un an". Jérôme Bourrier révèle que l'élève était suivi par un psychiatre. "Il avait réalisé au mois d'octobre 2022 une tentative de suicide médicamenteuse. Il faisait, depuis, l'objet d'une prescription d'antidépresseurs".

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Ouverture d'une information judiciaire

Durant son audition, l'élève a admis "une forme d'animosité à l'égard de sa professeure d'espagnol, dans une matière où ses résultats n'étaient pas bons, contrairement aux autres enseignements". Le jeune homme de 16 ans vivait d'ailleurs sa première année scolaire dans ce lycée : "il a fait état de faits de harcèlement dont il aurait été victime dans son précédent établissement et qui l'auraient beaucoup affecté".

Ce premier examen permet au procureur d'affirmer que "cet adolescent apparaît accessible à une responsabilité pénale, sous réserve des expertises qui devront être ordonnées et d'une possible altération de son discernement". 

Le parquet de Bayonne, qui "demandera le placement en détention provisoire", ouvrira, dès vendredi 24 février 2023, "une information judiciaire sous la qualification de meurtre avec préméditation"

Quentin Marais
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