Guerre en Ukraine : retour sur un an d'affrontements meurtriers avec la Russie et quelle issue au conflit

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  • Volodymyr Zelensky, le 11 janvier 2023, à Lviv, rend hommage à ses soldats tués.	 
    Volodymyr Zelensky, le 11 janvier 2023, à Lviv, rend hommage à ses soldats tués.   MAXPPP - Ukrainian Presidential Press Off
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Comment le rapport de force a évolué sur le terrain. Etat des lieux avec le regard croisé de quatre experts.

Vladimir Poutine s’est dit certain, mardi, "d’atteindre ses objectifs" en Ukraine, dans une nouvelle diatribe mise en scène face à la Douma, au palais des congrès Gostiny Dvor de Moscou. Un an après le début de la guerre, le maître du Kremlin est pourtant loin d’avoir atteint son but. Explications.

Ce que Poutine avait prévu

Lorsqu’il lance ses chars sur Kiev, le 24 février 2022, le président russe a un plan en tête, explique le général Dominique Trinquand, ancien chef de la mission militaire française auprès de l’ONU : installer "un gouvernement aux ordres" en Ukraine. "Celui-ci aurait entériné le rattachement du Donbass à la Russie et aurait signé un traité d’amitié avec Moscou", explique le général Jérôme Pellistrandi, rédacteur en chef de la revue Défense nationale.

"Le plan suivant aurait alors été une intégration de l’Ukraine à l’État de l’Union, regroupant la Biélorussie et la Russie", abonde Carole Grimaud, spécialiste de la géopolitique russe, fondatrice du think tank Center for Russia and Eastern Europe Research (CREER) de Genève.

"Autrement dit, la Russie espérait réintégrer le pays dans sa zone d’influence pour qu’il échappe à celles de l’Otan et de l’UE. Les autorités ukrainiennes auraient donc subi un sort peu enviable", souligne Cyrille Bret, géopoliticien à Sciences Po Paris chercheur associé à l’Institut Delors, à la tête du site eurasiaprospective.net. "L’objectif initial visait clairement à renverser le régime de Zelynsky, quitte à le supprimer physiquement", poursuit le général Pellistrandi.

Voilà ce qui attendait le président ukrainien : la mort ou la prison assortie d’une campagne de décrédibilisation, pour "démontrer l’illégitimité de son gouvernement avec des accusations infondées de corruption par exemple, suivies par un jugement et une condamnation", explique Carole Grimaud. L’ancien président Viktor Ianoukovitch faisait déjà "partie des potentiels candidats", pour lui succéder. Vladimir Poutine avait tout prévu. Tout sauf la réaction d’un peuple transcendé par un président mué en héros de guerre.

Comment Zelensky a déjoué ses plans

Le point de bascule de la guerre s’est joué dans les premières heures. Les mots de Volodymyr Zelensky refusant d’être exfiltré par ses alliés américains ("J’ai besoin de munitions, pas d’un taxi"), l’image d’un président bravant la mort dans les rues de Kiev, envoie immédiatement un puissant signal, bientôt renforcé par un art consommé de la communication à coups de messages vidéo ciblés. "Il a montré par là que la résistance ukrainienne ferait face à l’attaque de la Russie. Sa communication a ensuite joué un grand rôle dans le soutien des pays alliés", analyse Carole Grimaud.

Pour cela, l’homme fort de Kiev, ancien clown cathodique devenu politique, "a complètement changé son style de gouvernement à l’intérieur et démultiplié les actions à l’extérieur. Il a changé de langue en n’utilisant plus sa langue maternelle, le russe. Il a changé de style vestimentaire, en adoptant le t-shirt des forces armées et en cessant de se raser", décortique Cryille Bret.

"Le président jeune, moderne et issu du show-business a montré sa solidarité avec les souffrances de sa population civile, a adopté la posture de la conscience morale des Occidentaux et s’est démultiplié pour soutenir le moral de ses troupes", décrypte le géopoliticien. "En restant à Kiev, sa dimension "sacrificielle". lui a donné une légitimité incontestée, à l’exemple de Churchill en 1940. Celui qui ne baisse pas les bras et fédère les énergies d’une Nation en arme face à l’envahisseur", note le général Pellistrandi.

Zelensky a su ainsi mobiliser ses alliés, convaincus, comme lui, que Poutine ne s’arrêtera pas à l’Ukraine s’il l’emporte. "Leur soutien a été crescendo jusqu’à obtenir une panoplie presque complète d’armement et un soutien financier massif", poursuit le général Trinquand. Le tout renforcé "par les sanctions de l’Union européenne", rappelle Cyrille Bret.

Ce soutien technologique, militaire, financier, est colossal, résume Carole Grimaud et croissant. À tel point que l’Ukraine consomme aujourd’hui davantage de munitions que l’Otan en produit. Mais le résultat est là : jusqu’ici, David a résisté à Goliath.

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Manuel Cudel
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