Agriculture en Aveyron : résoudre la question de l’installation, le défi de demain
La question de la transmission et du renouvellement des générations est aujourd’hui au cœur de toutes les assemblées qui concernent le monde agricole. L’enjeu est de taille. Même si, l’an passé, l’Aveyron a compté 157 installations aidées, le ratio reste celui-ci : une installation pour huit départs. Et l’Aveyron se place en tête des classements des départements de France et d’Occitanie. Alors, pour y faire face, les instances agricoles et les syndicats se mobilisent pour organiser des actions de promotion, mais également faciliter ces installations. Tout en ayant conscience de l’importance d’élargir en dehors du cadre familial.
Le renouvellement des générations. Depuis plusieurs années maintenant et plus encore aujourd’hui, les instances syndicales, associées aux représentants de la profession, planchent sur le sujet. Les discussions ont nourri les débats, que ce soit lors du forum à destination des étudiants des établissements agricoles, organisé par les Jeunes agriculteurs, ou encore lors de l’assemblée générale de la FDSEA. Deux événements qui se sont tenus mi-janvier et qui ont balisé l’action des agriculteurs pour les années à venir.
"Dans 10 ou 15 ans, 80 % des gens qui vont s’installer ne seront pas du monde agricole"
"Dans dix ou quinze ans, 80 % des gens qui vont s’installer ne seront pas issus du monde agricole. Ils n’auront pas la même vision que nous. Nous devons aussi nous remettre en question et faire évoluer notre culture pour ne pas les laisser isolés." Ce plaidoyer, livré par Bruno Montourcy, éleveur porcin et ancien président des Jeunes agriculteurs de l’Aveyron, représente en quelque sorte une ligne de conduite que les instances agricoles s’efforcent de mettre en place et de suivre.
En 2022, le département pouvait se targuer d’afficher 157 nouvelles installations aidées. L’Aveyron se situe sur le podium en termes d’installations en Occitanie et se place dans le peloton de tête au niveau hexagonal. Mais, dans un même temps, ce chiffre est à mettre en parallèle avec le nombre de départ. En Aveyron, le ratio est d’une installation pour huit départs…
Une installation pour huit départs en Aveyron
"Aujourd’hui, il n’y a pas une seule filière qui n’est pas concernée par le renouvellement des générations", expliquait Laurent Saint-Affre, le président de la FDSEA, peu avant l’assemblée générale du syndicat. D’ailleurs, lors de cette journée, les participants s’étaient également réunis pour tenter de définir ce que serait l’agriculture dans 10 ans…
Dans un même temps, l’autre objectif des responsables agricoles reste de lever les freins à l’installation. Qu’il s’agisse d’accès au foncier, du développement du salariat, de la transmission, de l’amélioration des conditions de travail ou dans d’autres domaines celui de la rémunération, etc. Une multitude de pistes que les agriculteurs entendent bien explorer pour consolider l’avenir de toute une profession.
Lors de l’assemblée générale des Jeunes agriculteurs, qui s’est tenue en fin de semaine dernière, certains chiffres éloquents ont été présentés : sur l’âge moyen des agriculteurs qui s’installent est de 30 ans et la plupart (25 %) choisissent la filière bovin-viande. Juste derrière, on retrouve la filière ovin-lait qui est plébiscitée à hauteur de 20 %. Et juste devant la filière ovin-lait (13 %), le maraîchage arrive en troisième position (15,7 %), des filières qui séduisent le plus les nouveaux agriculteurs.
Assurer le maintien d’une production suffisante
Un changement de perspective qui s’inscrit également dans un contexte plus large où ces nouveaux agriculteurs souhaitent exercer avec des associés, plutôt que seul (32 % des nouveaux installés). Et 40 % de ces 157 agriculteurs installés en 2022 ont fait le choix de développer leur production dans le cadre de l’agriculture biologique.
Autre chiffre éclairant : 44 % proviennent du cadre hors familial. Une réalité que les responsables de syndicats agricoles étudient de près. Car, en filigrane, se dessine aussi la question de l’attractivité du métier. C’est ainsi que les Jeunes agriculteurs multiplient les interventions dans les milieux scolaires et qu’ils poursuivent ce travail "sous toutes les formes possibles". Même si, "les établissements agricoles ont des problèmes de place, ce qui témoigne d’un réel engouement des jeunes pour le métier", se félicitait le coprésident des JA, Julien Tranier, au cours de leur assemblée générale.
Au-delà du renouvellement des générations, l’enjeu est également d’assurer le maintien d’une production suffisante. En effet, le phénomène est perceptible depuis quelques années déjà et il s’est accentué ces derniers mois avec les différents épisodes de sécheresse qui ont contraint les éleveurs à vendre une partie de leur troupeau. Cette décapitalisation entraîne, de fait, une diminution de la production. D’ailleurs, tout récemment, la FDSEA dénonçait, lors d’une visite dans certaines enseignes de restauration rapide, cette baisse qui se produit à un rythme accéléré. La Fédération nationale bovine, entre le 1er décembre 2016 et le 1er décembre 2022, a noté une diminution de 494 000 vaches allaitantes sur l’ensemble de l’Hexagone. Alors que les importations venaient combler cette baisse de la production.
Ces multiples défis devront nécessairement être relevés par la profession sous peine de voir la productivité décliner inexorablement. Mais les agriculteurs sont prêts à relever les manches et ils s‘y attellent déjà depuis plusieurs années.
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