Aveyron : la chasse au frelon asiatique est ouverte... et elle devient l'affaire de tous

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  • «Le frelon asiatique est notre ennemi, il faut que nous unissions nos forces pour piéger les fondatrices», explique Jean Blanchot, du Groupement sanitaire de l’Aveyron.
    «Le frelon asiatique est notre ennemi, il faut que nous unissions nos forces pour piéger les fondatrices», explique Jean Blanchot, du Groupement sanitaire de l’Aveyron. Centre Presse Aveyron - José A. Torres
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Syndicat départemental d'apiculture et groupement de défense sanitaire appellent à la mobilisation générale alors que s'ouvre la "saison" de la capture des reines, en ce moment crucial où les frelons asiatiques s'apprêtent à confectionner leurs premiers nids.

C'est une "grosse campagne" que vient de lancer le petit monde de l'apiculture, ainsi que l'ont expliqué ce mardi 14 février, sur le site du rucher école de Toizac, les représentants du syndicat apicole l'Abeille du Rouergue, Alain Teissier, et du Groupement de défense sanitaire, Jean Blanchot. Car alors que le frelon asiatique s'apprête à sortir de sa torpeur hivernale, l'heure est grave pour les apiculteurs... mais aussi pour la biodiversité et l'ensemble des Aveyronnais.

Présent dans l’Aveyron depuis 2008

"Le frelon asiatique est notre ennemi, il faut que nous unissions nos forces pour piéger les fondatrices. Notre mission est de dire aux gens qu'il faut qu'ils s'y mettent, ce n'est plus un problème qui concerne les seuls apiculteurs", affirme Jean Blanchot, président du groupement de défense sanitaire de l'Aveyron. Observé pour la première fois dans le département à Millau en 2008, le frelon asiatique y a désormais établi ses quartiers, au grand désespoir des apiculteurs.

Après avoir passé l'hiver à l'abri, dans des cavités ou des souches par exemple, les reines s'attaquent ces jours-ci, avec le retour de températures plus clémentes, à la création de nids dits "primaires", aidées de quelques ouvrières. Ces premiers nids, de la taille d'une boule de pétanque, seront rapidement délaissés au profit du nid définitif, qui pourra accueillir jusqu'à 3000 individus.

Abeilles, humains, biodiversité : une triple menace

Le frelon asiatique représente tout d'abord un danger pour les ruches, dont ils déciment les populations et mettent à mal l'évolution. "Les abeilles reines, quand elles sentent la présence du frelon asiatique, cessent leur ponte, il y a une coupure. De plus les abeilles changent leur comportement en sa présence et cessent de se nourrir". 

L'adaptation de ces "envahisseurs" à nos contrées est aussi un danger pour l'ensemble des Aveyronnais : "Les nids sont de plus en plus bas, dans les hangars, les maisons, les haies... C'est de plus en plus dangereux", avance Alain Teissier, soulignant un risque de piqûre fortement accru. Par ailleurs le frelon asiatique est un prédateur pour l'ensemble des insectes, un nid de frelon pouvant "consommer", sur la saison, de 10 à 15 kg d'insectes. "C'est ça de moins pour les oiseaux, cela nuit à la biodiversité", affirme Jean Blanchot.

Apiculteurs et particuliers invités à piéger dès maintenant

D'où l'intérêt de piéger, collectivement, les fondatrices, qui sont actuellement les seuls spécimens observables, du fait que les pontes n'ont pas encore eu lieu. "C'est en ce moment que tout se joue", soulignent les spécialistes, qui ont donc lancé officiellement leur campagne de piégeage pour une période allant de mi-février à fin mai.

La solution est de disposer des pièges, "du côté des apiculteurs, mais aussi des particuliers", insistent-ils. Désormais, des modèles de pièges sélectifs existent, permettant de capturer les seuls frelons asiatiques. Sur le principe d'un entonnoir, ils sont en vente dans plusieurs enseignes comme RAGT, Unicor ou Catusse ainsi que dans les magasins spécialisés. S'il semble préférable d'utiliser ce type de pièges, les dispositifs plus conventionnels sont efficaces aussi, mais ils présentent le risque de piéger, parfois, d'autres espèces que celles recherchées.

Compter 80 à 150 € pour une destruction de nid

Outre le piégeage des fondatrices, le second recours pour se protéger du frelon asiatique est, dès que l'on observe la présence d'un nid, de prévenir un professionnel qui se chargera de l'éradiquer. Coût de l'intervention : entre 80 et 150 euros, selon l'emplacement du nid. Certaines communes aveyronnaises prennent aussi en charge les destructions, les personnes intéressées doivent se rapprocher de leurs mairies.

Le syndicat apicole l'Abeille de l'Aveyron compte actuellement 500 adhérents (sur près d'un millier d'apiculteurs dans l'Aveyron) et propose des formations théoriques et pratiques car, comme l'explique son président Alain Teissier, "l'apiculture ne s'apprend pas du jour au lendemain". Une pratique "prenante" et qui devient "de plus en plus compliquée" alors que les apiculteurs sont confrontés à la présence du frelon asiatique mais aussi du varroa, un acarien parasite qui décime les ruches.

Contacts : syndicat apicole l’Abeille du Rouergue, 06 45 07 72 19 ou abeilledelaveyron.com

Groupement de défense sanitaire de l’Aveyron : 05 65 42 18 92 ou à l’adresse http://fodsa-gds12.fr

 

 

 

 

Apiculteurs, particuliers : quelques conseils pour un piégeage efficace

Pour le moment, comme l’explique l’Union nationale de l’apiculture française, il n’existe pas de piège contre le frelon asiatique à la fois efficace et sélectif.

Le piégeage de printemps entraînera donc la prise d’insectes non visés par la lutte (des mouches principalement, mais aussi des papillons et d’autres vespidés). Pour limiter ces prises, il convient suivre plusieurs recommandations.

Outre les pièges sélectifs récemment arrivés sur le marché, il est possible d’acquérir des pièges conventionnels ou même d’en fabriquer, avec des bouteilles en plastique notamment.

L’appât devra être sucré et alcoolisé avec bière, sirop, panaché, ou vin blanc. Par exemple : deux tiers de bière alcoolisée et un tiers de sirop de fruits rouges (cassis, framboise, etc.) ou bien du panaché avec un léger rajout de vin blanc (un minimum d’alcool est nécessaire pour repousser les abeilles).

L’entretien du piège doit être réalisé tous les 8 à 10 jours maximum : renouveler régulièrement les pièges permet de conserver une efficacité et de limiter les prises d’insectes non-cibles. En cas de chaleurs, il faudra intervenir tous les trois à quatre jours.
Le piège doit être disposé à proximité des anciens nids, d’arbres et arbustes mellifères en fleurs, de ruchers ou à proximité de points d’eau. Il doit être placé entre 0,50 m et 1,50 m de hauteur, idéalement au soleil le matin. Les pièges devront être retirés six semaines après l’installation des températures douces, moment à partir duquel les reines fondatrices cessent de sortir du nid.

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Xavier Buisson
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