Réforme de la police nationale : quelle nouvelle organisation pour la PJ en Occitanie ?
Le ministre avait dû revoir sa copie après une contestation en octobre dernier.
Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a dévoilé ce vendredi 3 mars une nouvelle cartographie de la compétence des services de la police judiciaire (PJ), en décrivant, dans un courrier adressé à chaque fonctionnaire de police, les derniers ajustements de sa réforme controversée de la police nationale.
Initiée depuis de nombreux mois, celle-ci vise à regrouper au niveau départemental, sous l’autorité d’un seul directeur, tous les services de police existant actuellement (sécurité publique, police aux frontières, police judiciaire).
Ce texte avait déclenché une très forte hostilité au sein de la PJ, structurée sur un échelon régional mieux adapté à la lutte contre le grand banditisme et la criminalité organisée ou complexe, et qui lui garantit une plus grande indépendance face aux pouvoirs locaux. Cette réforme avait aussi été critiquée par les magistrats, au niveau national comme régional.
La crise avait culminé en octobre 2022 avec le limogeage brutal d’Éric Arella, le directeur interrégional de Marseille, muté quelques heures après une manifestation spectaculaire de ses enquêteurs.
Après une nouvelle phase de concertation et des missions parlementaires à l’Assemblée nationale et au Sénat, Gérald Darmanin présente donc une nouvelle version de ce texte. "J’ai décidé de retenir le principe d’une organisation interdépartementale dans les territoires où la compétence s’exerce que plusieurs départements".
En clair : pour la PJ comme pour la Paf, "cette décision permettra à ces services d’exercer leur mission au-delà de ces départements", précise-t-on au ministère de l’Intérieur. "L’idée est de conserver le périmètre qui répond à des bassins de délinquance et à des priorités d’action."
Organisation en région
En Occitanie, on comptait auparavant un Service régional de la police judiciaire (SRPJ) à Toulouse et un à Montpellier, celui de Montpellier ayant un service central dans la Métropole héraultaise et des antennes à Perpignan,
Nîmes et Avignon
Selon la nouvelle carte, les policiers de l’ex-antenne de Perpignan interviendront aussi sur l’Aude, ceux de Montpellier sur l’Aveyron, ceux de Nîmes en Lozère, et les Avignonnais seront cantonnés au Vaucluse. Ceux de Toulouse couvriront eux l’Ariège, le Gers, le Lot, les Hautes-Pyrénées, le Tarn et le Tarn-et-Garonne.
Le ministre souhaite aussi que cette réforme, complexe au niveau administratif, budgétaire et en termes de ressources humaines, soit achevée fin 2023. "L’objectif est d’être prêt pour les Jeux Olympiques" de 2024, précise-t-on place Beauvau.
Cette nouvelle cartographie de la PJ laisse très sceptiques des policiers de l’Association nationale de police judiciaire, créée à l’été 2022 contre ce projet qui risque, selon eux, de compromettre fortement l’efficacité de ce service qui lutte à grande échelle contre une criminalité organisée qui ne raisonne pas à l’échelle d’un département.
Scepticisme
"C’est du ripolinage, on reste sur le même schéma", estime une policière de Montpellier, tandis que l’un de ses collègues ajoute : "Notre force était cette possibilité de mobiliser très vite de très importantes ressources humaines sur un crime de sang, comme lors de la mort de notre collègue tué à Avignon en 2021. Je ne suis pas sûr qu’on aura à l’avenir cette même ressource humaine spécialisée. Gérer une affaire de banditisme est un métier. J’ai peur pour la qualité et pour le résultat des enquêtes."
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