Réforme des retraites, témoignages d'Aveyronnais : Joël, 58 ans, "je changerai de travail, j'en ferai un moins physique"
Comment la réforme des retraites risque de vous impacter ? Centre Presse Aveyron vous donne la parole. Joël, 58 ans, est salarié dans une entreprise de métallurgie et de BTP à Rodez.
Pouvez-vous présenter ?
"J'ai grandi en milieu rural. Mes parents avaient une petite ferme sur le Ségala. Désormais, j'habite à Manhac."
Pouvez-vous nous raconter votre parcours professionnel ?
"J'ai commencé à travailler à 16 ans. J'ai d'abord été apprenti boulanger, puis boulanger sur une période de 5 ans. Ensuite, j'ai fait le service militaire pendant 2 ans. J'ai été magasinier en chambre froide dans une entreprise de surgelé pendant 7 ans. La température était à -30 degrés. L'écart de température était difficile l'été.
Par la suite, j'ai travaillé pendant 5 mois en blanchisserie. Je lavais, pliais et livrais le linge. Je faisais jusqu'à 15 à 16 heures par jour, du lundi au vendredi. L'entreprise était basée à Baraqueville, je livrais jusqu'à Montpellier. Ensuite, j'étais animateur en pastorale pendant 7 ans. Je montais des projets avec des jeunes en milieux ruraux.
J'ai été ouvrier dans une pépinière pendant 2 ans. J'ai livré de la viande sur trois départements ( Lot, Tarn et Lozère ) pendant 3 ans. Je faisais environ 400 kilomètres par jour, il y avait des horaires à respecter, le poids des colis à supporter. Désormais, je travaille dans une entreprise de métallurgie et de BTP à Rodez. Cela fait 15 ans. Je pose des clôtures, c'est aussi assez physique".
Qu'est-ce que ces expériences professionnelles vous ont apporté ?
"Je vais avoir 58 ans. J'ai vu pleins de choses et j'ai rencontré pleins de gens. Généralement, je me suis plu dans tous les emplois que j'ai faits."
À quel âge pourrez-vous prendre votre retraite ?
"J'ai fait une simulation. Je peux prendre ma retraite autour de 60-61 ans comme je suis en carrière longue. C'est un sujet qui me préoccupe. J'ai pris un rendez-vous avec un conseiller. Aujourd'hui, on vit plus longtemps mais il faut profiter. On passe quand même trois quarts de notre temps au travail."
Vous imaginez-vous travailler jusqu'à 64 ans ?
"Je ne me vois pas travailler jusqu'à 64 ans dans le boulot que je fais, même s’il me plaît. C'est physique et on est à tous les temps. S’il faut que je travaille plus longtemps, je le ferai, mais je changerai de travail, j'en ferai un moins physique"
Quelle est votre opinion concernant la réforme des retraites ?
"Je suis d'accord pour qu'il y ait une réforme mais il faut qu'elle soit équitable pour tout le monde. Tout métier a sa pénibilité, mais il faudrait faire du cas par cas. Il n'y a plus de métiers manuels, le gouvernement a poussé les jeunes dans les études longues. Ils travaillent donc plus tard, mais il faut payer les retraites, c'est compliqué. On a assisté des personnes plus à rester chez eux qu'à travailler"
Quel est votre sentiment concernant cette réforme ?
"Il y a de l'injustice dans le système. On est pris pour des vaches à lait. On travaille, on paye. C'est dommage, on est un beau pays, j'ai l'impression que ça va à la dégringolade. Les ouvriers se sont battus pour avoir des droits, et aujourd'hui on est en train de tout casser. Le bien commun n'existe plus."
Quelles solutions proposez-vous ?
"Il faudrait motiver les jeunes à travailler. Il y a un problème dans la transmission des métiers. Le sentiment que j'ai, c'est que, du coup, ils font travailler les personnes âgées. Il y a une différence générationnelle au niveau du travail. Le mercredi, quand je n'allais pas à l'école, je travaillais avec mon père. Les réseaux sociaux en sont aussi pour quelque chose. On apprend aux jeunes à gagner de l'argent sans rien faire."
Avez-vous manifesté ?
"J'ai pu participer seulement à la manifestation du 11 février. J'ai pu y aller car je ne travaillais pas. Si on manifeste, on perd une journée de travail. C'est la première fois que je manifestais."
Pensez-vous que ces rassemblements peuvent faire changer les choses ?
"Si on voulait que ça marche, il faudrait que tout le monde s'y mette. Je pense que ces manifestations peuvent faire changer les choses, seulement si elles deviennent plus massives."
Pourquoi avez-vous décidé de témoigner aujourd'hui ?
"Je ne témoigne pas spécialement pour moi, mais par solidarité ; et aussi pour être entendu."
à cet article à partir de


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