Centrale nucléaire de Penly : faut-il s'inquiéter de cette fissure "très importante" qui "pose problème" ?

  • La centrale nucléaire de Penly en Seine-Maritime.
    La centrale nucléaire de Penly en Seine-Maritime. Capture décran - EDF
Publié le , mis à jour
Hervé Garric avec Reuters

EDF a découvert fin février une fissure importante sur un circuit de secours d'un réacteur à l'arrêt, Penly 1, en Seine-Maritime. L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a sommé l'entreprise de "réviser sa stratégie".



 

La fissure d’ampleur découverte par EDF sur l’un de ses réacteurs nucléaires de la centrale de Penly (Seine-Maritime), est un "sujet sérieux" et "pose problème", a souligné mercredi 8 mars devant les sénateurs le président de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN).

"Il y a eu un élément nouveau ces dernières semaines qui est la découverte d’une fissuration de corrosion sous contrainte sur un des circuits du réacteur de Penly 1, qui a une taille très importante puisqu’elle fait 23 mm pour une épaisseur totale de 27", a dit Bernard Doroszczuk à propos de cette anomalie rapportée mardi 7 mars.

Il s’agit de fissures dans des tuyaux de secours devant permettre d’inonder d’eau un réacteur en cas d’accident nucléaire. Ces tuyaux ne sont pas utilisés dans le fonctionnement normal d’une centrale.

"La corrosion sous contrainte est un sujet sérieux. Ce ne sont pas des microfissures. Quand il ne reste que 4 mm sur une épaisseur de 27, ça pose problème", a-t-il ajouté, à l’occasion d’une audition sénatoriale sur un projet gouvernemental de réforme de la sûreté nucléaire.

Le sujet de la corrosion découvert en 2021

Ce sujet de la corrosion, source de microfissures, a été découvert fin 2021, en lien avec la géométrie particulière des tuyauteries des réacteurs les plus récents, et avait poussé EDF à arrêter une partie de son parc pour contrôle et réparation.

Depuis 2021, quinze réacteurs sont à l'arrêt à cause de ce type de fissures.

EDF sommé de "réviser sa stratégie"

Mais cette fois, la fissure est plus importante, et liée à un autre facteur datant de la construction de la centrale, dans les années 1990. L’ASN a de ce fait sommé mardi 7 mars EDF de "réviser sa stratégie" de traitement du problème.

Ce qui va contraindre le fournisseur "à plus de contrôles" et donc potentiellement "retarder le redémarrage de certains réacteurs" a indiqué mardi 7 mars sur franceinfo Karine Herviou, la directrice générale adjointe de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN).

"Une approche qui n'est pas acceptable"

"Le phénomène là (à Penly, NDLR) est différent : c’est une soudure qui a été doublement réparée car l’alignement des tuyauteries avant la soudure a été forcé", a poursuivi le patron de l’ASN. "Il y a eu une approche qui n’est pas acceptable, qui a consisté un peu à forcer les tuyauteries pour les aligner pour les souder, et il y a eu sur cette soudure des défauts qui ont conduit à une deuxième réparation".

Donc "on a demandé à EDF d’identifier rapidement les cas semblables pouvant exister sur les autres réacteurs pour pouvoir aller contrôler ces soudures, et on a mis la pression sur EDF pour qu’il définisse une évolution de sa stratégie de contrôle", a-t-il encore dit.

Un porte-parole d'EDF a déclaré que l'objectif était toujours, en l'état, de redémarrer début mai la centrale de Penly.

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?

Les commentaires (1)
DiB12 Il y a 1 année Le 08/03/2023 à 19:20

Cette fissure a été découverte fin février, et c'est seulement aujourd'hui que le public est informé ! Cela prouve une fois de plus que la première réaction des autorités est de faire de la rétention. Nous ne faisons pas mieux que ce qui a été fait à Tchernobyl. Le jour où il y aura un problème majeur quelles seraient les réactions ? Pourquoi seraient elles différentes ? Nous ne tirons aucun enseignement des erreurs passées. 😢