Réforme des retraites : témoignages d'Aveyronnais, à 66 ans, Philippe a décidé de retourner au boulot

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  • Philippe n'a pris part à aucune manifestation.
    Philippe n'a pris part à aucune manifestation. Centre Presse Aveyron - José A. Torres
Publié le
Alexia Ott et Jennifer Franco

Centre Presse Aveyron a donné la parole à des Aveyronnais sur le projet de réforme des retraites. 

Philippe, 66 ans, a eu plusieurs vies professionnelles. Ce fils de chef d’entreprise a créé sa propre microentreprise sur l’éclosion des radios locales, à seulement 24 ans. "Ça s’est fait naturellement, j’ai rapidement eu l’envie d’entreprendre." Après sept ans d’activité, il décide de se reconvertir. Il devient consultant indépendant en marketing industriel et en innovation, à Bordeaux, durant sept ans également.

"La rupture a été trop brutale"

En 1997, il emménage à Rodez et prend les fonctions de consultant développement économique et territorial. Jusqu’en juillet 2021, où à 64 ans, il part à la retraite. "J’aurais pu la prendre avant mais je n’en avais pas trop envie. Il y avait un gros projet en cours au sein de mon entreprise".

De son propre aveu, la retraite n’a pas été une partie de plaisir. "J’ai ressenti un vide. La rupture a été trop brutale. Je n’avais pas appréhendé ma retraite avant. Je ne m’ennuyais pas, j’étais élu à Salles-la-Source et j’avais une vie associative riche. Ce n’est pas l’occupation qui me manquait mais le travail, avec son adrénaline. Je défends une retraite progressive et l’accompagnement de la personne qui va nous remplacer".

Au bout de six mois, il était déjà en train de créer une microentreprise et de s’installer en free-lance. "Je ne voulais pas perdre contact avec le milieu de l’entreprise qui me plaît bien". Grâce à son réseau, une société lui a proposé de l’embaucher en tant que salarié. Depuis début 2022, il occupe un poste de chargé de mission dans le secteur du retour à l’emploi et de la reconversion professionnelle à Rodez. Philippe se rend bien compte de la chance qu’il a : "Je suis un privilégié, j’ai toujours aimé ce que je faisais. C’est plus facile pour moi, je ne fais pas un travail physique. Et je suis en bonne santé". 

"On m’a embauché malgré mon âge"

Malgré ses 66 ans, Philippe ne compte pas s’arrêter de sitôt. "Ça ne me choque pas de travailler à cet âge-là. Ils n’ont pas hésité à m’embaucher, on arrive encore à trouver du travail à 60 ans et plus. Je ne m’arrêterai que quand j’aurai du mal à me lever le matin. J’ai besoin de ça. » Selon lui, "une réforme est nécessaire mais il faudrait l’approcher avec une vision globale ; et davantage prendre en compte la pénibilité et envisager la retraite progressive".

Il dénonce le manque de concertation et la rapidité qui est, selon lui, à l’origine du mécontentement des Français. "Le dialogue social, on ne sait pas en faire en France. On est dans le conflit. Je trouve ça profondément triste". 

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