Mort de deux enfants aux Costes-Rouges : "On demande l'ouverture d'une information judiciaire rapidement"

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  • Me Pascal Nakache, ici dans son bureau à Toulouse, se dit "sidéré" par les déclarations du directeur de l'office public d'habitat de Rodez Agglomération.
    Me Pascal Nakache, ici dans son bureau à Toulouse, se dit "sidéré" par les déclarations du directeur de l'office public d'habitat de Rodez Agglomération. Centre Presse Aveyron - M.R.
Publié le , mis à jour

Entretien avec Me Pascal Nakache, avocat de la famille et de nombreux résidents des HLM du quartier des Costes-Rouges.

Abdoul et Naël avaient six et neuf ans. Le 26 novembre dernier, ces deux frères sont morts dans l'incendie de leur appartement, rue de la Fauvette à Onet-le-Château. Dans ce quartier des Costes-Rouges, personne n'a oublié, tant l'émotion fut grande. Et tant les questions sont encore nombreuses, au lendemain du drame. Cette semaine, une plainte a été adressée au procureur de la République de Rodez.

A lire aussi : Incendie mortel d'Onet-le-Château : une plainte déposée par la famille des deux enfants décédés

Elle émane des parents des défunts, ainsi que d'une vingtaine de résidents de la résidence HLM, sous la gestion de l'office public de l'habitat de Rodez Agglomération. Par la voix de leur conseil, Me Pascal Nakache, du barreau de Toulouse, ils demandent "une enquête exemplaire". Ils pointent surtout du doigt les nombreux "dysfonctionnements" comme "la vétusté" de l'habitat public.  

Me Pascal Nakache, vous représentez désormais la famille des défunts. Plus de trois mois après le drame, où en est l'enquête ?

On n'en sait rien et c'est la raison pour laquelle nous venons d'adresser une plainte au procureur de la République. Non seulement pour le compte des deux parents d'Abdoul et Naël, mais également pour celui d'une vingtaine de résidents des HLM du quartier. Je demande surtout à ce qu'une information judiciaire soit ouverte pour suivre la procédure et connaître les investigations menées. La suite de cette enquête doit être exemplaire, compte tenu de la gravité de l'affaire !

Dans quel état d'esprit sont vos clients aujourd'hui ?

La famille est dans un état de prostration, tellement ils sont abattus par le malheur... Les parents sont totalement désemparés, avec tout de même le souci que la vérité soit faite. Autour de mes clients, les résidents sont davantage en colère. Cela fait de nombreuses années qu'ils se plaignent de l'insalubrité, de problèmes électriques avec des étincelles permanentes à chaque fois qu'ils branchent quelque chose, des prises qui ne tiennent plus... Un homme m'a raconté qu'il avait pris le jus et était resté inconscient plus de 30 minutes au sol !

Surtout, il y a eu un incendie en avril dernier dans ces résidences. Cela n'a semble-t-il alerté personne dans la direction de l'office public de l'habitat et le deuxième incendie a malheureusement causé un terrible drame. Comment a-t-on pu laisser se dégrader une telle situation au fil des années, jusqu'à la mort de deux enfants ?

Dès le lendemain du drame, le directeur de l'office public de l'habitat indiquait dans nos colonnes que les logements "répondaient bien évidemment aux dernières normes". "Il n'y a rien qui pourrait mettre en danger les résidents", assurait-il...

Il devra en répondre pénalement. Au-delà du caractère de l'indécence, de l'impudeur, du caractère scandaleux sur le plan humain de ces propos, c'est invraisemblable qu'un directeur des HLM proclame dans la presse que tout va très bien alors que deux enfants sont décédés à la suite d'un incendie, que les problèmes étaient connus de tous et qu'il y avait déjà eu un incendie quelques mois plus tôt ! Bref, il devra bien mieux s'expliquer devant la justice, je l'espère.

Les élus de la communauté d'agglomération, de laquelle dépend l'office HLM, doivent également être interrogés. Car il y a bon nombre de jurisprudences dans notre pays pour dire que s'ils ont laissé, en connaissance de cause, des situations de dangerosité perdurer, leur responsabilité peut être engagée. Le directeur de l'office public de l'habitat a-t-il alerté ces élus ? Quand ? Comment ?

À ce jour, êtes-vous convaincu de l'origine de l'incendie, liée à un dysfonctionnement électrique ?

C'est aux enquêteurs de le dire. Mais, j'en suis convaincu. Les dysfonctionnements, c'est une évidence factuelle. Est-ce que c'est à cause d'un problème électrique ? Tous les indices vont dans ce sens-là ! On sait également que les enfants n'ont jamais posé de problème, qu'ils étaient sages et que leur père n'était malheureusement pas présent lors du drame - il s'était absenté pour faire des courses, NDLR. 

Vous semblez particulièrement agacé par les réactions des acteurs publics à la suite de ce drame...

Je suis surtout sidéré par les propos du directeur de l'office HLM. Comment peut-on assurer que tout va bien et passer à autre chose lorsque deux enfants, de six et neuf ans, sont morts ? Nous ne vivons pas dans le même monde ! Outre la décence, on se doit d'avoir la vérité après un tel drame.

"L'avocat joue son rôle"

Contacté ce mercredi soir, le directeur de l’office public de l’habitat de Rodez Agglomération, Stéphane Bultel, pointé du doigt par le conseil de la famille, a répondu : « L’avocat joue son rôle. C’est le sien ». Et de simplement ajouter : « On a d’excellentes relations avec la famille encore aujourd’hui. On a réalisé le meilleur accompagnement possible pour eux après ce drame ». Sur les « dysfonctionnements » évoqués par Me Pascal Nakache, Stéphane Bultel s’en est tenu à sa réponse : « L’avocat est dans son rôle… »

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