Affiner son business model grâce à l’expérience client, l’histoire d’Amélie et Annaléa Raymond, cofondatrices de Gabie

  • Affiner son business model grâce à l’expérience client, l’histoire d’Amélie et Annaléa Raymond, cofondatrices de Gabie
    Affiner son business model grâce à l’expérience client, l’histoire d’Amélie et Annaléa Raymond, cofondatrices de Gabie
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BPI France

La création d’entreprise est faite de victoires mais aussi de faux départs. C’est ce qu’ont vécu les deux co-fondatrices de l’application de rencontre Gabie qui, avant de connaitre le succès, ont dû faire face à une remise en question de leur produit.  

Prendre en compte l'avis des utilisateurs pour assurer le succès de son entreprise. En mai 2021, les cousines Amélie et Annaléa Raymond se lancent sur le marché très concurrentiel des applications de rencontre. Avec " Chez Q " les deux jeunes femmes espèrent alors proposer une alternative au swipe de masse, initié par les autres plateformes du secteur. Pourtant, quelques mois plus tard, après un lancement peu concluant, les cousines doivent faire un choix : renoncer ou persister.
Déterminées et passionnées, elles ont choisi d’y croire et de revoir leur copie en s’appuyant sur les avis de leurs utilisateurs. Un pari gagnant !

Big média : Comment vous êtes-vous rendues compte que votre proposition initiale ne fonctionnait pas auprès des utilisateurs ?

Annaléa Raymond : Grâce à eux ! Lorsque nous avons lancé la première version de notre application de rencontre " Chez Q ", nous avons rapidement eu beaucoup de retours utilisateurs qui nous ont fait prendre conscience qu’on allait devoir revoir notre copie. Presque tous nous affirmaient apprécier le concept de l’application, mais en revanche, beaucoup trouvaient qu’elle était trop axée sur la sexualité. Il leur manquait ce partage de valeurs profondes et de connexion émotionnelle.

BM : Mais au lieu de baisser les bras et de repartir sur un tout autre projet, vous avez persisté. Comment vous y êtes-vous prises ?

Annaléa Raymond : Le modèle initial était difficilement scalable car l’adhésion d’un nouveau membre sur l’application ne se faisait que sur invitation ou par parrainage. Il fallait que nos profils " ambassadrices" les valident car ni Amélie ni moi ne nous sentions légitimes pour arbitrer sur les motivations de chacun. Dans la nouvelle version, nous avons conservé le principe d’ambassadrices, mais nous l’avons étoffé afin de rendre l’accès à l’application beaucoup plus rapide pour les nouveaux adhérents.

Amélie Raymond : Mais je pense que ce qui a vraiment fait bouger les choses c’est notre incubation dans un start-up studio spécialisé en Tech. C’est avec eux qu’on a retravaillé tout le concept de notre produit. Dès le début de notre aventure entrepreneuriale, on a choisi de coconstruire notre projet avec des bêta testeurs, et en ce sens on a initié plusieurs ateliers de design thinking avec eux. On s’est appuyé sur leurs besoins pour proposer un produit qui libère la parole sur la sexualité, permet de communiquer en toute confiance sur ses désirs mais toujours dans un contexte de connexion émotionnelle.

" On a cherché un accompagnement sur des compétences qu’on n’avait pas "

BM : Pourquoi avoir choisi un incubateur spécialisé en Tech et Numérique ?

Amélie Raymond : On a cherché un accompagnement sur des compétences qu’on n’avait pas. Ça nous a permis d’éviter certaines erreurs préjudiciables à l’entreprise et ça nous a posé un cadre directionnel. Bien sûr, ils n’ont rien fait à notre place, mais leurs conseils ont été précieux. On a rapidement mesuré l’importance de tout l’univers technique qui entoure une application : les mises à jour, la maintenance, etc. C’est tout bête mais on n’avait pas conscience que, quoi qu’il arrive, un produit digital a toujours des bugs.

Annaléa Raymond : La dernière chose, assez fondamentale, qu’on a appris pendant notre incubation, c’est la levée de fonds. Et je pense qu’on n’aurait pas réussi l’exercice, ou du moins pas aussi bien, si on n’avait pas été incubées.

BM : Aujourd’hui, on reproche beaucoup aux applications de rencontre d’enfermer les utilisateurs dans un monde digital. Était-ce justement l’avis de vos bêta testeurs ?

Annaléa Raymond : Complètement. Nos membres nous ont exprimé leur besoin de réencrer les rencontres dans la réalité, c’est pourquoi nous avons choisi de réduire la quantité de profils mis à disposition pour ne proposer qu’une sélection qualitative, avec laquelle il sera plus facile de se projeter et de passer l’étape du rendez-vous.

Amélie Raymond : Et au-delà de ça, on a souhaité également apporter de l’humain par le biais de notre histoire ! On est devenues la vitrine de l’application et c’est important pour nous de communiquer sur qui on est, notre parcours et nos valeurs pour apporter plus de réel.

" Jamais nous n’aurions pensé que le nom de notre application aurait un impact sur notre recherche de financements et de partenaires potentiels "

BM : Est-ce qu’il y a eu d’autres freins lors du lancement de la première version de votre application ?

Amélie Raymond : Oui, le choix du nom ! Jamais nous n’aurions pensé qu’il aurait un impact sur l’image de notre application ou même sur notre recherche de financements et de partenaires potentiels, mais ça a malheureusement été le cas. " Chez Q " était un nom trop frontal et beaucoup de banques nous ont dit ne pas être à l’aise avec ça. Ici encore, on a sondé notre communauté et une bonne moitié nous a avoué avoir du mal à parler du nom de l’application en public. Tout ça nous a amené à choisir un prénom mixte et moins clivant : Gabie.

Annaléa Raymond : Et le dernier tir qu’on a corrigé, c’est qu’au départ nous étions seules. Mais pour qu’une entreprise se développe, il faut accepter que l’équipe grandisse. Aujourd’hui nous sommes six et ça nous permet de prendre beaucoup plus de recul et d’aller plus loin dans notre vision.

BM : Vous avez également repensé votre marketing ?

Annaléa Raymond : Effectivement. Au début, on a eu beaucoup de difficultés à cibler notre clientèle car notre nom et notre discours pouvaient prêter à confusion. Du coup on dépensait beaucoup d’argent en marketing pour rien car finalement les nouveaux adhérents ne correspondaient pas aux valeurs de notre application.

Par le passé on avait également fait quelques collaborations avec des influenceurs, mais on a rapidement constaté que ça ne fonctionnait pas. Le dating relève de l’intime, et c’est plus souvent par du bouche-à-oreille ou des bons retours d’expériences que les gens choisissent de s’inscrire sur une application de rencontre. Donc passer par des influenceurs n’était pas pertinent.

BM : Maintenant que l’application est sur une bonne voie, quelle est la suite ?

Annaléa Raymond : Nous voulons que Gabie soit plus qu’une simple application de rencontre, mais un ami du quotidien. On veut réencrer les dates dans la vraie vie, c’est pourquoi on va développer un accompagnement digital qui suivra l’usager jusqu’à son rendez-vous, car c’est souvent une étape compliquée. L’idée est de lui proposer des contenus pour l’inspirer, le conseiller et même le rassurer.

Amélie Raymond : En parallèle, notre objectif est d’atteindre les 88 000 utilisateurs d’ici la fin de l’année. On va également accélérer sur le recrutement pour offrir une expérience optimale à nos clients. On espère donc compter parmi nous très prochainement des développeurs d’application mobile, des data analyst et des chargés des partenariats.

Cet article a été publié initialement sur Big Média Affiner son business model grâce à l’expérience client, l’histoire d’Amélie et Annaléa Raymond, cofondatrices de Gabie
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