Beyond The Sea déploie ses ailes pour décarboner le secteur du transport maritime

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    Beyond The Sea déploie ses ailes pour décarboner le secteur du transport maritime
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BPI France

Décarboner le secteur maritime, l’enjeu est de taille et l’objectif ambitieux. Jeudi 23 février Big média est parti à la rencontre d’Yves Parlier, navigateur et homme à la barre, de Beyond The Sea, une entreprise qui développe des ailes de kite pour aider à la décarbonation du secteur.

Si vous passez par Arcachon, un jour de vent vous aurez peut-être la chance de voir un catamaran bleu azur tracté par une étrange voile : un Seakite. Développée par Beyond The Sea, cette dernière devrait permettre, d’ici quelques années, de propulser des navires de fret maritime de plusieurs milliers de tonnes. Mais avant cela, il faut se rendre à La-Teste-de-Buch, à une dizaine de kilomètres de là, pour y rencontrer l’homme qui se cache derrière le Seakite : Yves Parlier. Seul à avoir remporté cinq transatlantiques en solitaire d’affilé, " l’extra-terrestre des mers " tire sa révérence après le Vendée Globe 2000-2001 pour se lancer dans un projet beaucoup plus ambitieux : la décarbonation du transport maritime.

Des maquettes, des voiles et des cordes, voilà ce qui saute aux yeux en entrant dans l’atelier de Beyond The Sea. Entre repérage météorologique et travail sur la mécatronique (technologie alliant la mécanique, l'électronique, l'informatique et les nouvelles technologies de l'information et de la communication ndlr), l’atelier est découpé en plusieurs équipes qui œuvrent ensemble pour le développement de ces voiles "nouvelle génération". En commandant de bord aguerri, Yves Parlier surveille d’un coin de l’œil les avancées de chacun. Une fois les présentations faites, l'entrepreneur entre dans le vif du sujet. A la question : " Quelle est l’ambition de Beyond The Sea ? ", le navigateur répond avec un grand sourire. " L’idée est d’apporter des solutions aux bateaux à moteur afin de limiter leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) et leur consommation d’énergie fossile ". Pour cela, l’entreprise s’est inspirée d’une méthode millénaire : la propulsion vélique.

" Il est nécessaire de décarboner le secteur "

Le projet Beyond The Sea démarre dès 2007, mais c’est en 2014, après avoir remporté une subvention de l’ADEME que la société voit le jour. " Seule la voile nous offre une solution durable. Le recours au pétrole a balayé les solutions qui s'appuyaient sur l'énergie du vent pour qu'au final on se rende compte de son impact négatif sur l'environnement ", détaille Yves Parlier. Pour lui, la propulsion vélique est le "nouvel eldorado" du transport maritime. D'ailleurs, le navigateur rappelle que l’Organisation Maritime International (OMI) a fixé un objectif de réduction de 50 % des émissions des gaz à effet de serre d’ici 2050. " Il est nécessaire de décarboner le secteur et de le faire rapidement", ajoute-il.

L’ambition du navigateur est de proposer une alternative à tous les acteurs de l’industrie navale qui utilisent des énergies fossiles. " Il faut savoir que le fret, c’est 250 milliards de dollars de fuel par an. Notre objectif, dans un premier temps, est de leur faire réaliser jusqu’à 20 % d’économie. Et là où nous sommes intéressants, c’est qu’il n’y a pas besoin de modifier les navires déjà existants pour installer un de nos kites". Beyond The Sea développe donc deux types de kites : le Seakite dédié à la marine marchande et le LibertyKite à destination des navires de plaisance. Si cette dernière aile, d'un orange intense, est déjà commercialisée, la première, d’un blanc immaculé, est toujours en phase de test. Il faut dire que sa mission est ambitieuse. Elle devra être capable de tracter tous types de navires, du bateau de pêche au cargo de 400 mètres de long.

" Lorsque j’ai voulu commencer à vendre mon produit je suis allé voir un géant du transport maritime", raconte le navigateur. " Ils m’ont répondu que ce n’était pas avec mon petit cerf-volant que j’allais remorquer leurs bateaux. " Une vision vite dissipée par les estimations d'Yves Parlier. Presque 15 ans plus tard, le SeaKite est bien réel, en plusieurs tailles et s'adapte à différentes catégories de navires. A l’heure actuelle, seules les voiles de 25m2 et 50m2 sont testées. " A la différence de nos concurrents nous avons choisi de commencer petit, avant de nous diriger progressivement vers des voiles de 100 ou 200m2".

Une commercialisation prévue pour 2024

Pour faire ses tests, Yves Parlier met à disposition de ses équipes le navire avec lequel il avait battu le record de distance parcourue en 24 heures en 2006. Ce multicoque expérimental est devenu un véritable " laboratoire maritime ". Arrivé dans le port, le catamaran se dessine de loin. C'est Patrick Tay, boat captain, qui se charge de la visite de ce bâtiment bleu azur de 18 mètres de long et 15 de large. Sa particularité : tous ses mats ont été retirés pour accueillir les points d’attache des voiles développés par Beyond The Sea. "Le bateau a été totalement repensé et refité afin de naviguer sans énergies fossiles. Au milieu se trouvent des morceaux d’un des deux mats que nous avons transformé en poutre centrale et dans lequel nous faisons passer tout le matériel informatique qui alimente la plateforme de contrôle de la voile", explique Patrice Tay.

En montant à bord, on découvre que lors de sa transformation, le navire a été découpé et ressoudé afin de pouvoir installer des turbines hydro-génératrices et propulsives biomimétiques de l’entreprise girondine ADV Propulse. Elles permettent la navigation lorsque le kite n’est pas de sortie. "Le bateau est également équipé d’une vingtaine de panneaux solaires qui alimentent les turbines ", raconte le boat captain. Après une sortie en mer, nous retrouvons Yves Parlier pour parler de la commercialisation de ses kites. Beyond The Sea se donne pour objectif de mettre en vente les premières ailes Seakite d’ici fin 2024 pour les systèmes de traction d’une puissance de cinq tonnes et pour les plus de 40 tonnes à l’horizon 2027. Avant de nous quitter, nous demandons au navigateur quels sont ses projets pour la suite. "Aujourd’hui, nous sommes encore sur des phases de test. Notre objectif est donc le passage à l’échelle en retrofit pour des économies de 20%. Ensuite ou à l'avenir, toujours dans l’idée de décarboner le secteur, nous commençons à réfléchir à des navires conçus pour la traction par kite avec des économies de 80%", conclut-il.

Cet article a été publié initialement sur Big Média Beyond The Sea déploie ses ailes pour décarboner le secteur du transport maritime
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