Aides, rats taupiers, risque climatique : l'agriculture aveyronnaise liste ses doléances

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  • Augmentation des coûts de l'énergie et des fournitures, notamment, ont mis à mal les finances de la Chambre en 2022.
    Augmentation des coûts de l'énergie et des fournitures, notamment, ont mis à mal les finances de la Chambre en 2022. Centre Presse
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Xavier Buisson

Incarnation des craintes locales, cinq motions ont été votées à l'unanimité lors de la session de la chambre d'agriculture de ce lundi 13 mars à Rodez.

C'est à l'issue d'une année 2022 "assez compliquée" selon les mots de son président que la Chambre d'agriculture de l'Aveyron a tenu sa session ce lundi 13 mars à Rodez. "Moins mauvais que ce que l'on prévoyait", précise cependant Jacques Molières, du fait d'un budget modificatif en novembre 2022 qui permettra à la chambre, économiquement parlant, de "reprendre les choses en main" en 2023.

En cause, l'augmentation des coûts de l'énergie et des fournitures, ayant pour conséquence des résultats "pas bons... mais qui ne nous mettent pas en danger". Pour passer ce cap, la chambre a dû puiser dans son fonds de roulement à hauteur de 169 000 €. Pour 2023, cette dernière prévoit de "lourds investissements" dans son patrimoine bâti ainsi que la cession de la ferme du Cambon, mise à disposition du lycée agricole La Cazotte de Saint-Affrique. 2023 sera donc placée sous le signe de la "rigueur dans la gestion au quotidien".

Une "compétition alimentaire" entre animaux et humains ?

Devant une assistance d'une quarantaine de personnes (le quorum était tout juste atteint), cette session s'est poursuivie autour de la restitution d'une étude intitulée "Elevage et compétition alimentaire avec l'homme : chasser les idées reçues, l'exemple de l'élevage aveyronnais". Il était question de savoir dans quelles mesures les animaux d'élevage consomment des protéines végétales que les humains pourraient consommer, d'où la notion de "compétition". Vingt-deux professionnels aveyronnais ont été consultés et il ressort que les bovins "donnent" davantage qu'ils ne "prennent", de l'ordre du simple au double. L'étude se base sur les seuls aliments consommables par les deux espèces, à savoir maïs, blé, orge ou soja. D'où l'importance, selon Jacques Molières, de "maintenir un élevage le plus fort possible dans l'Aveyron".

Incarnation des inquiétudes actuelles du monde agricole, cinq motions ont ensuite été soumises au vote de l'assistance. Toutes ont été adoptées à l'unanimité. La première concernait le dispositif d'Aide à la relance de l'exploitation agricole (Area), en vigueur depuis trois ans. L'Area remplace un dispositif local qui bénéficiait précédemment à une trentaine d'agriculteurs aveyronnais chaque année, là où le nouveau système en concerne trois par an... à l'échelle nationale. Un dispositif "complètement inopérant" selon Laurent Saint-Affre, président de la FDSEA. "Nous n'avons pas le droit de laisser des agriculteurs en difficulté au bord de la route", a-t-il poursuivi, Jacques Molières renchérissant : "Tout ne peut pas se décider à Paris".

La deuxième motion, autour de la lutte contre les rats taupiers, a demandé le "réveil" du comité mis en place autour de la préfère Valérie Michel-Moreaux en juillet 2022 ainsi qu'un soutien aux agriculteurs impactés et la mise en place d'un dispositif (Etat, conseil départemental, Région, communautés de communes...) entre accompagnement financier et recherche. Un nouveau vote a été proposé sur le sujet du nouveau dispositif de gestion des risques climatiques, qui remplace le système des calamités agricoles : la chambre demande, face aux "failles" rencontrées, un perfectionnement du système d'observation par satellite et des recours possibles en cas de désaccord. Même approche pour la quatrième motion, sur la déclaration TéléPac, la chambre formulant des craintes que le dispositif ne soit pas "opérationnel à 100% pour l'ouverture". Dans la dernière motion, il a enfin été demandé le rejet pur et simple de l'accord de libre-échange Mercosur, au nom notamment de la non-réciprocité des normes.

Présents ou représentés, des élus "attentifs"

Au rang des invités à cette session, Jean-Claude Anglars a réaffirmé son engagement contre le projet de loi Zéro artificialisation nette (ZAN) qui mettrait un frein, notamment, à la construction de hangars agricoles. Le sénateur s'est par ailleurs engagé à faire "remonter" les préoccupations aveyronnaises autour des rats taupiers et de la réforme du système d'aides. Simon Worou, représentant le député Rousset, Christian Naudan pour le Département, Clément Carles pour la Région et Laurent Alexandre, député de la 2e circonscription, étaient eux aussi présents et se sont déclarés "attentifs" aux différentes problématiques exposées.

Directrice départementale adjointe des territoires, Anne Calmet a annoncé que 4895 exploitants (soit près de 90%) avaient reçu un acompte au titre de la sécheresse 2022 pour un total de 13 M€. 8% des dossiers ont été rejetés dans ce cadre. Représentant le préfet, Anne Calmet a par ailleurs reconnu la "complexité" du système Area, s'engageant elle aussi à faire "remonter" les diverses doléances à l'autorité préfectorale.

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