Entre grèves, 49.3 et Covid-19 : comment le dernier projet de réforme des retraites a agité la France

  • La dernière réforme des retraites a fait l'objet de vives discussions... et d'un 49.3.
    La dernière réforme des retraites a fait l'objet de vives discussions... et d'un 49.3. MAXPPP
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Quentin Marais

Entré dans une phase déterminante en cette mi-mars 2023, le texte de loi sur les retraites voit planer autour de lui le spectre du 49.3. Un article déjà déployé... pour une réforme sur le même thème il y a trois ans. 

"Nous n'en voulons pas", "on n'en a pas envie" : d'Olivier Véran à Bruno Le Maire en passant par Gabriel Attal, les différents rouages du gouvernement d'Elisabeth Borne le martèlent : il n'y aura pas de 49.3 pour faire passer la réforme des retraites.

Très controversé, le texte, qui fait l'objet d'une importante contestation dans la rue, a été adopté par le Sénat samedi 11 mars. Une Commission Mixte Paritaire composée de 14 élus se penchera dessus mercredi 15 mars, avant de repasser à l'Assemblée nationale, le 16

Un fil rouge au XXIe siècle

Au XXIe siècle, le système des retraites et ses bouleversements ont fréquemment animé l'actualité du pays. Projet de loi Fillon en 2003, projet de loi Woerth en 2010... à plusieurs reprises, les différents gouvernements se sont démenés pour adopter divers textes.

La dernière tentative en date n'est pas si lointaine. Réforme des retraites, protestations, grèves, 49.3 : cette addition de termes a été d'actualité en France... il y a trois ans.

Une refonte du système de retraites

Fin 2019, Edouard Philippe, alors Premier ministre, déclare devant le Conseil économique social et environnemental : "le temps est venu de construire un système universel de retraites".

Refonte des règles, correction des injustices mais aussi fidélité aux piliers du système créé après 1945 : cette réforme doit permettre la mise en place d'un système universel à points, d'un âge d'équilibre à 64 ans et "la fin des régimes spéciaux".

La France se mobilise fin 2019

Un vaste mouvement social s'installe alors dans le pays, à compter de décembre 2019. Deux jours de ce dernier mois de l'année vont concentrer la vague de protestation : le 5 et le 17.

Selon les syndicats, 1,5 million de personnes ont défilé dans les rues, le 5, contre 806 000 selon le ministère de l'Intérieur. La SNCF et les syndicats annoncent reconduire la grève alors qu'Air France annulait 30% de ses vols intérieurs.

Le mardi 17, la CGT revendique 1,8 million de manifestants contre 615 000 pour la place Beauvau. À la différence du mouvement de 2023, l'intersyndicale n'est pas réunie, mais Laurent Berger et la CFDT entrent dans la danse à l'occasion de cet acte III, le deuxième ayant eu lieu le 10 du mois

Début 2020 animé

Le passage en 2020 n'impacte pas le mécontentement des manifestants. Quatrième journée de mobilisation le 9 janvier, cinquième le 11, sixième le 16 et septième le 24 janvier, où entre 249 000 et 1 300 000 manifestants battent le pavé.

C'est le lundi 17 février 2020 que démarrent les débats au sein de l'Assemblée nationale. L'examen des 41 000 amendements tourne au ralenti, rappels au règlement et suspensions se faisant extrêmement fréquents dans l'hémicycle.

"Conformément à l'article 49 alinéa 3..."

115 heures de discussions, un projet de loi ordinaire qui ne compte pas moins de 65 articles... Et une prise de parole d'Edouard Philippe, le samedi 29 février. Le chef du gouvernement sévit.

"Conformément à l'article 49 alinéa 3 de la Constitution de 1958 et après en avoir obtenu l'autorisation du Conseil des ministres du 29 février, j'ai décidé d'engager la responsabilité du Gouvernement sur le projet de loi instituant un système universel de retraite."

Cet article permet l'adoption d'une loi sans passer par le vote des parlementaires. Pour le Premier ministre, il ne s'agit pas de "mettre fin au débat", mais plutôt à "cet épisode de non-débat, à un Parlement privé de sa fonction éminente de faire la loi et pour permettre à la suite du processus législatif de s'engager".

Vives réactions... et covid-19

Rapidement, l'opposition de gauche annonce déposer une motion de censure du gouvernement. Même son de cloche pour la droite, alors que le Rassemblement National tire, lui aussi, à boulets rouges sur le gouvernement. Au même moment, la crise du covid-19 gagne en intensité. Fermeture des écoles, des bars, des restaurants, avant le début du confinement, le mardi 17 mars 2020.

Dans le sillage des propos du président de la République, Edouard Philippe déclare, le 3 avril, que "nous devons suspendre au maximum les désaccords. Le chef de l'Etat a annoncé la suspension d'un certain nombre de réformes qui n'ont plus lieu d'être dans la situation actuelle". La pandémie aura finalement raison du projet de loi.

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