Réforme des retraites : blocages, motions de censure... Le gouvernement sous pression au lendemain du 49.3

  • Des blocages du périphérique parisien ont été menés ce vendredi matin.
    Des blocages du périphérique parisien ont été menés ce vendredi matin. MAXPPP - TERESA SUAREZ
Publié le
Nicolas Drusian avec Reuters

La mobilisation contre le gouvernement se poursuivait vendredi 17 mars 2023 après le tollé provoqué par le recours à l'article 49.3 de la Constitution pour faire adopter sans vote l'impopulaire réforme des retraites.

L'exécutif s'est résolu jeudi à recourir à cette arme constitutionnelle - considérée par ses détracteurs comme un déni de démocratie - faute d'être assuré d'obtenir une majorité sur le texte à l'Assemblée nationale. La décision a provoqué une vague de protestations qui s'est traduite par de nombreuses manifestations spontanées jeudi soir partout en France, parfois émaillées de violences.

Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a indiqué vendredi qu'il y avait eu 310 interpellations dans le pays, dont 258 à Paris où des milliers de manifestants se sont réunis place de la Concorde, en face du Palais Bourbon.

Vendredi matin, une action de blocage a eu lieu sur le périphérique parisien à l'appel de la CGT et des manifestations se déroulaient à nouveau dans plusieurs villes de France.

A lire aussi : Réforme des retraites : jeudi soir de colère à Nantes, Amiens, Toulouse, Paris ou encore Marseille... le mouvement social va-t-il se durcir ?  

Nouvelle mobilisation le 23 mars

L'intersyndicale a appelé jeudi soir à une nouvelle journée de grève et de manifestations en France le jeudi 23 mars, ainsi qu'à des actions "de proximité" durant le week-end. "On a face à nous un gouvernement qui n'a en réalité rien à faire de ses travailleurs, de son peuple, donc partant de là on va laisser libre cours à la créativité des travailleurs sur les lieux de travail", a dit vendredi Olivier Mateu, secrétaire de l'Union départementale CGT des Bouches-du-Rhône sur BFMTV. "Cette réforme, elle ne verra pas le jour, 49.3 ou pas".

Avant le 23 mars, d'autres actions sont menées localement. En Aveyron, six manifestations sont par exemple programmées pour ce samedi :

  • Rodez : au Mail de Bourran à 10 h 30
  • Villefranche-de-Rouergue : sur la place de la République à 10 h 30
  • Decazeville : au jardin public à 10 h 30
  • Capdenac-Gare : au carrefour de la République à 10 h 30
  • Millau : devant la sous-préfecture à 10 h 30
  • Saint-Affrique : devant le kiosque à 10 h 30

"Pas un échec", dit le gouvernement

Le gouvernement refuse de parler d'"échec" à propos de cette réforme phare du début de second quinquennat d'Emmanuel Macron prévoyant le report de l'âge légal de départ à la retraite de 62 ans à 64 ans. "Ce n'est pas un échec puisqu'il y a un texte et ce texte sera, si la motion de censure est rejetée, mis en œuvre", a déclaré vendredi sur BFMTV le ministre de Travail, Olivier Dussopt.

Avec le recours au 49.3, le projet de loi de financement rectificative de la Sécurité sociale, unanimement rejeté par les syndicats et contesté depuis des semaines dans la rue, sera considéré comme adopté sauf si une motion de censure contre le gouvernement est déposée dans les 24 heures puis votée par une majorité à la chambre basse.

A lire aussi : Réforme des retraites : 49.3 contre motions de censure, que va-t-il se passer dans les prochaines heures ?

Dès l'annonce du déclenchement de l'article 49.3, les partis d'opposition comme le Rassemblement national (RN) et la France Insoumise (LFI) ont annoncé vouloir déposer une motion. Mais c'est celle du groupe centriste Liot qui pourrait s'avérer la plus dangereuse pour l'exécutif. Le groupe, fort de 20 membres, doit s'associer à d'autres élus, un minimum de 58 députés étant requis pour le dépôt d'une motion.

La coalition de gauche Nupes, qui regroupe les députés LFI, socialistes, communistes et écologistes, a fait savoir vendredi qu'elle s'associerait à la motion du Liot. "Nous avons décidé de donner les plus grandes chances possibles à la censure et donc de retirer notre propre motion au profit de celle de Liot", a dit sur France Inter Jean-Luc Mélenchon, chef de file de LFI et ancien député.

Reste à savoir quelle sera la ligne adoptée par les députés Les Républicains (LR). Déjà partagés sur le bien-fondé de la réforme, ils apparaissent également divisés sur l'éventuel soutien à une motion de censure. Le président des Républicains, Eric Ciotti, a affirmé jeudi que le groupe ne s'associerait ni ne voterait "aucune motion" mais certains députés LR ont dit vouloir être libres de leur vote. Le co-président du groupe Liot, Bertrand Pancher, a lancé un appel vendredi aux députés LR pour qu'ils s'associent à la motion de censure transpartisane que le groupe compte déposer en début d'après-midi. "N'ayez pas peur", leur a-t-il lancé sur LCI

Voir les commentaires
Sur le même sujet
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?