El Niño : vers un nouvel épisode de réchauffement du climat ?

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  • En 2016, El Niño avait impacté des mangroves en Australie.
    En 2016, El Niño avait impacté des mangroves en Australie. MaxPPP
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Morgane Masson

Phénomène climatique puissant et cyclique, El Niño pourrait revenir en 2023 et est particulièrement scruté par les scientifiques. De quoi s’agit-il, comment est-il prévu et quelles peuvent être ses conséquences ?

Le phénomène climatique naturel et cyclique El Niño semble faire son retour prochain. C’est en tout cas la tendance amorcée par les modèles de prévisions, à tel point que début mars, l’OMM (Organisation météorologique mondiale) a indiqué via un communiqué de presse qu’un "épisode de réchauffement El Niño pourrait se développer dans les mois à venir après trois années consécutives d’un épisode La Niña exceptionnellement long et persistant".

Le ton du communiqué n’a rien de réjouissant : "Si nous entrons maintenant dans une phase El Niño, cela risque de provoquer un nouveau pic des températures mondiales", selon Jukka Petteri Taalas, le secrétaire général de l’OMM.

1. Comment se forme ce phénomène ?

Pour mieux comprendre ces phénomènes, il faut analyser comment ils se forment. La Niña, le “pendant froid” en quelque sorte d’El Niño, est un régime climatique sous lequel nous sommes depuis trois ans, avec pour conséquence un refroidissement des eaux du Pacifique, notamment côté américain. C’est à cause de La Niña par exemple qu’une sécheresse historique frappe depuis trois ans la Californie et qu’a contrario, des pluies diluviennes se sont abattues sur l’Australie notamment.

Désormais, "on assiste à un recentrage de ces eaux chaudes de façon suffisamment marquée pour qu’on bascule dans un phénomène El Niño, qui semble être la tendance pour les mois à venir, avec cette zone chaude qui se décale vers l’ouest américain", projette Pierre Bonnin.

2. Quelle probabilité qu’El Niño revienne cette année ?

À ce stade, selon l’OMM, la probabilité est en hausse. "Les prévisions à très longue échéance pour la période juin-août indiquent une probabilité de 55 % qu’un épisode El Niño se développe, mais elles présentent un degré d’incertitude élevé caractéristique des prévisions à cette période de l’année", tempère l’organisme.

Pierre Bonin rappelle aussi que ce phénomène atteint généralement son paroxysme pendant nos mois d’hiver. "Là, on va entrer dans l’été, ce n’est pas là que le phénomène est le plus marquant, c’est pour ça qu’on reste assez prudent."

3. Quelles seraient les conséquences d’El Niño ?

"Les conséquences dépendent de là où on se trouve", résume Pierre Bonnin. En effet, les zones intertropicales seront les premières touchées par ce phénomène, avec des précipitations plus intenses et une sécheresse accrue localement. Son intensité sera aussi déterminante. "Cela induit des modifications atmosphériques qui peuvent, selon les circonstances, se propager et avoir des conséquences jusque dans les latitudes tempérées, donc remonter jusqu’à l’hémisphère nord, le continent américain", résume Pierre Bonnin, qui écarte en tout cas des conséquences prégnantes en France et en Europe.

Un réchauffement global dû au phénomène El Niño n’est en revanche pas à exclure, et c’est ce point qui inquiète plus particulièrement la communauté scientifique. L’OMM rappelle d’ailleurs que "l’année 2016 est actuellement la plus chaude jamais enregistrée en raison du phénomène El Niño associé au changement climatique".

4. Quel lien avec le changement climatique ?

Selon Pierre Bonnin, il est pour l’heure trop difficile "d’évaluer si le réchauffement climatique a un impact sur la fréquence ou les intensités de ces phénomènes". En revanche, le phénomène, lui, a un impact sur le réchauffement global.

Comme La Niña, El Niño est un phénomène naturel qui n’a pas de lien avec l’activité humaine, mais "ils s’inscrivent cependant dans un contexte de changement climatique d’origine anthropique qui fait augmenter les températures mondiales, modifie les régimes saisonniers de précipitations et accentue les conditions météorologiques extrêmes", rappelle l’OMM.

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