Retraites : le député du Lot Aurélien Pradié "demande au Président de retirer cette réforme"
Le député lotois Les Républicains assume ses convictions sur la réforme des retraites et demande au chef de l’État "d’apaiser les esprits".
L’annonce du 49.3 a sonné comme un coup de tonnerre. Comment avez-vous accueilli cette décision ?
Je pense que personne n’a gagné. Ni la démocratie, ni le gouvernement, ni même les Français. C’est un échec pour tout le monde. Ce qu’il s’est passé ce jeudi est loin d’être anecdotique. C’est peut-être le début d’un basculement, j’exprime ici un sentiment de profonde gravité.
Pourquoi ?
La vérité est claire : le gouvernement n’avait pas la majorité. Nous aurions dû aller au vote, et seul ce dernier aurait permis de clore le débat. Si le texte avait été adopté, je me serais rangé derrière nos institutions. S’il avait été rejeté, le gouvernement aurait dû se ranger derrière. La vérité est que l’exécutif a refusé le verdict du peuple.
Le gouvernement a eu des mots durs à votre égard. Olivier Véran a notamment estimé que les Républicains qui n’avaient pas voté le texte s’étaient "assis sur leurs engagements"…
Oui, et Madame Borne a tenu les mêmes propos au JT de 20 heures de TF1… Je l’ai dit depuis le début, je suis favorable à une réforme des retraites, mais pas à celle-ci, pas dans ces conditions. Je suis fier de n’avoir cédé à aucune intimidation et d’avoir tenu une sorte de droiture politique. J’ai fait connaître mes lignes rouges, notamment sur les carrières longues. Je n’ai pas varié. Pourtant, je me suis fait tromper. Et quand on trompe les députés, on trompe les Français. C’est la raison pour laquelle j’ai clairement dit depuis le début que je ne voterai pas ce texte.
La question est désormais inévitable : comptez-vous voter l’une des motions de censure ?
Je prendrai ma décision ce lundi. J’ai fixé des règles : je ne voterai jamais une motion de censure déposée par l’extrême gauche ou l’extrême droite. Je sais que dans les semaines qui viennent, nous devrons faire face à ceux qui veulent déstabiliser les institutions. Je ne tomberai pas dans leur piège. Je voudrais toutefois adresser un message à Emmanuel Macron. Je demande solennellement au président de la République de retirer cette réforme et d’engager une conférence sociale afin de revenir devant les partenaires sociaux pour dessiner une nouvelle réforme des retraites. Ce texte est empoisonné : s’il entre dans la vie des Français, il empoisonnera durablement le pacte démocratique.
Des alliés de votre camp vous ont accusé de faire passer votre carrière avant l’intérêt du parti. Que répondez-vous à cela ?
L’honneur de la politique, c’est de défendre les convictions auxquelles on croit. J’ai payé pour cela. J’ai assumé d’être démis de mes fonctions de vice-président des Républicains. Je crois qu’avec le temps, on se rendra compte que j’ai plus rendu service à ma famille politique qu’on ne le croit.
Emmanuel Macron apparaît-il, selon vous, plus fragilisé que jamais ?
Je pense qu’Emmanuel Macron joue avec le feu. S’il s’en rend compte, c’est du cynisme. S’il ne s’en rend pas compte, c’est de la déconnexion. Je ne sais pas ce qui est le plus grave. En tant que Président, il doit dépasser les clivages politiques et cesser de fracturer le pays.
Que va-t-il faire, selon vous ?
Je ne sais pas, mais je lui souhaite en tout cas d’apaiser les esprits. Je n’ose pas imaginer qu’il puisse regarder le pays s’embraser sans réagir. Il faut qu’il provoque un nouveau débat, et que nous avancions, je le répète, sur une nouvelle réforme des retraites. Tenir bon dans ses convictions, c’est redonner de l’espoir à la politique.
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