Le web3 a-t-il trouvé sa place au sein des entreprises françaises ?

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    Le web3 a-t-il trouvé sa place au sein des entreprises françaises ?
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BPI France

A l’heure où les entreprises doivent naviguer dans un paysage numérique en constante évolution, certaines misent désormais sur le web3 quand d’autres peinent encore à le comprendre. Le conférencier Naully Nicolas nous parle de la place de cet internet décentralisé au sein des entreprises françaises et de son avenir. 

" La principale évolution, c’est la décentralisation de l’information ", déclare Naully Nicolas, conférencier et consultant en web3 et métaverse. " On a vu ces derniers mois beaucoup d’entreprises pénalisées car elles rechignent à se conformer aux algorithmes des grands groupes. Ce boycott les amène à perdre leur visibilité sur les réseaux sociaux ", ajoute l’expert. Alors que la blockchain permet aux entreprises de reprendre la main sur leurs données, le web3 leur offre également la possibilité de ne plus compter que sur " Google, Facebook ou autres grands groupes. "

S’il semble que cet internet décentralisé représente un atout non négligeable, a-t-il réellement trouvé sa place au sein des entreprises françaises ? Bilan avec Naully Nicolas.

Big média : Quelle place occupe le web 3 au sein des entreprises françaises aujourd’hui ?

Naully Nicolas : Je pense que c’est un peu comme les prémices d’internet, ça va prendre du temps à venir. Le web tel qu’on le connait est né dans les années 2000 et a mis du temps avant de conquérir professionnels et particuliers. Depuis peu, le web3 prend de plus en plus de place et intéresse les entreprises qui souhaitent davantage saisir l’aspect utilitaire qu’il apporte et plus seulement son côté gadget. C’est aussi une question de générations. Les jeunes startups ou entreprises dirigées par les millennials sont nées avec internet et des univers comme le jeu de construction virtuel Minecraft. Ils arrivent à alterner entre le monde réel et virtuel. Mais beaucoup d’entrepreneurs ont encore du mal à saisir son opportunité.

BM : Quels sont les avantages pour les dirigeants et employés ?

NN : Ce ne sont pas les mêmes. Je dirais que pour les dirigeants, il aide à reprendre la main sur la clientèle et les différentes bases de données. Dans ce cas, elles n’ont plus à faire appel à des fournisseurs de solutions CRM (Customer relationship management, soit une solution de gestion des relations clients, NDLR), au risque de perdre l’information. Désormais, les solutions sont internalisées, ce qui permet également plus de réactivité. La blockchain leur permet également de réaliser des smart contracts : des contrats capables de contenir des tonnes d’informations, qui vérifient, négocient et exécutent un contrat tout en assurant leur intégrité et leur inviolabilité.

Au niveau des collaborateurs, le web3 permet d’avoir une vision plus claire et transparente de l’entreprise. La blockchain est un moyen de vérifier que l’entreprise tient ses engagements.

" Les dirigeants sont encore très frileux car appréhendent mal ce qu’est le web3 "

BM : Quels sont les freins à son évolution au sein des entreprises ?

NN : Intégrer le web3 ou même tout simplement la blockchain dans son entreprise est source de coûts, ce qui peut représenter un obstacle. Il existe deux extrêmes qui s’y intéressent vraiment et qui font fi de ces freins : les startups qui grandissent dedans et son persuadées de l’avantage d’utiliser le web3, et les grands groupes qui ont des budgets très conséquents.

Mais un bon nombre de PME n’ont pas forcément le budget ou le temps de s’acculturer à cet internet décentralisé. De plus, certains dirigeants sont encore très frileux car appréhendent mal ce qu’est le web3. Ils le réduisent souvent au métavers, aux NFT ou à la blockchain, qui ne parlent pas vraiment aux entreprises car ce n’est pas adapté à leurs besoins. Il y a aussi un manque de vision selon moi. Intégrer le web3 au sein de son entreprise demande d’avoir une stratégie à long terme de ce que l’on souhaite pour sa boite.

BM : Le web3 est critiqué pour sa consommation d’énergie et ses problèmes de sécurité. Quels conseils donneriez-vous à une entreprise qui souhaite avoir recours à des pratiques plus vertueuses ?

NN : Avant de s’engager dans le web3, le dirigeant doit réaliser tout un travail de recherche. Si l’entreprise est dans le secteur de la transition énergétique et écologique, elle peut se renseigner et faire appel à des centres de calcul ou data centers. Ces derniers mettent en place une initiative respectueuse de l’environnement, comme une alimentation par énergies renouvelables, dans leur business model. Il faut toujours s’interroger sur les solutions auxquelles on fait appel. Concernant la sécurité, je pense qu’il faut aussi creuser ! La plupart des sociétés de blockchain sont basées hors Europe, et n’ont dont pas à se plier aux règles RGPD auxquelles nous sommes soumis. Le meilleur conseil que je puisse donner est de se tourner vers des startups françaises qui utilisent des réseaux de blockchain basés en France.

Cet article a été publié initialement sur Big Média Le web3 a-t-il trouvé sa place au sein des entreprises françaises ?
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