Pouvoir d'achat : du papier toilette en guise de protection, un tiers des Françaises et des Français se privent de produits d’hygiène à cause des prix

  • En dépit des mesures prises par les pouvoirs publics, la précarité menstruelle progresse.
    En dépit des mesures prises par les pouvoirs publics, la précarité menstruelle progresse. MaxPPP
Publié le
Léa Pippinato

Le contexte économique pèse de plus en plus.

Se brosser les dents sans dentifrice, limiter l’achat de protections menstruelles ou renoncer à mettre du déodorant. Selon un sondage Ifop produit pour l’association Dons solidaires et publié ce mardi, ces gestes étonnants de prime abord sont en réalité le quotidien d’un certain nombre de Français. Les chiffres sont formels : un tiers de la population admet se priver de produits d’hygiène pour des raisons économiques.

Concrètement, 6 millions de Français renoncent à l’achat de déodorant, 4 millions se privent de shampoing et 3,5 millions manquent de dentifrice.

Hygiène et estime de soi

Les familles ne sont pas épargnées : les parents sont 28 % à contrôler la consommation de gel douche et de shampoing de leurs enfants.

Pire encore pour les plus pauvres, ces comportements de renoncement sont beaucoup plus répandus parmi les catégories modestes et pauvres de la population et culminent à des niveaux records au sein de l’échantillon du sondage composé de bénéficiaires d’associations. À titre d’exemple, parmi les bénéficiaires des associations, 56 % indiquent contrôler la consommation de gel douche et de shampoing pour leurs enfants.

Dans le communiqué publié par l’association Dons solidaires, une mère de deux enfants dans cette situation témoigne : "Il m’arrive de laver les enfants à l’eau seule ou de leur dire de ne faire qu’une toilette rapide."

Précarité menstruelle

Une autre avoue utiliser du papier toilette en guise de protections hygiéniques pour en laisser davantage à ses filles.
Les résultats du baromètre permettent de lever le voile sur un phénomène encore plus alarmant : en dépit des efforts mis en place par les pouvoirs publics, la précarité menstruelle progresse. À la fin de l’année 2022, près de 15 % des femmes réglées indiquent qu’il leur arrive souvent ou de temps en temps de ne pas disposer de suffisamment de protections hygiéniques. Une proportion en progression par rapport à 2020 et 2019 où le chiffre s’élevait respectivement à 9 et 8 %.

Comment ne pas se sentir exclu lorsque l’on manque de produits aussi essentiels que du savon, du dentifrice ou encore des protections hygiéniques ? L’augmentation de la précarité hygiénique est liée à un sentiment de malaise de plus en plus fort : 1 Français sur 10 se sent mal à l’aise en raison de son hygiène personnelle.

Arbitrage sur les dépenses

Face à ce mal-être, les personnes touchées par la précarité hygiénique s’isolent : 23 % d’entre elles limitent les sorties, 18 % évitent ou ignorent une connaissance. Un malaise qui va même jusqu’à impacter l’insertion professionnelle : 6 % ont déjà annulé un entretien d’embauche et cette proportion triple lorsque l’on pose la question à des bénéficiaires d’associations.

Face à l’augmentation des prix, les Français doivent se livrer à des arbitrages sur les dépenses. Un phénomène qui ne concerne plus exclusivement les plus précaires et qui est sans doute amené à s’aggraver, notamment suite au projet de loi prévoyant de réguler les “super promo” sur les produits d’hygiène et d’entretien.

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