Réforme des retraites : ces deux Aveyronnais ne s'imaginent pas chauffeurs routiers jusqu'à 64 ans

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  • Antoine, 60 ans (à gauche) a rendu visite à son ami Serge, 59 ans, à Aubin, pour parler retraite.
    Antoine, 60 ans (à gauche) a rendu visite à son ami Serge, 59 ans, à Aubin, pour parler retraite. Centre Presse Aveyron
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Béatrice Dillies

Serge, 59 ans, et Antoine, 60 ans, chauffeurs en fin de carrière dans le transit international routier, témoignent de leur quotidien.

Serge et Antoine sont amis de longue date, unis par la solidarité des chauffeurs routiers qui savent ce que c’est de ne pas voir grandir ses enfants, de partir le lundi matin et de rentrer le vendredi soir après avoir sillonné les routes du continent européen au volant d’un 44 tonnes. "En bus, ça pouvait même aller jusqu’à 21 jours sans rentrer." Pas de regrets, malgré tout, pour tous les deux. "En plus, c’est comme ça que j’ai connu ma femme, sourit Antoine. Elle partait voir l’expo universelle à Séville." Mais une conscience aiguë, tout de même, d’avoir laissé une partie de leur santé dans les cabines des gros cubes qu’ils ont eu le privilège de conduire.

Le dernier accident du travail de Serge remonte à il y a un an. Une palette mal chargée. "Elle glissait. J’ai forcé pour la rattraper. J’ai eu un arrachement des ligaments du biceps", explique Serge, un solide gaillard de 59 ans qui n’entend pas accabler son employeur, "un super patron", dit-il.

Mais voilà, "cela fait partie des risques du métier et il faudrait en tenir compte dans le calcul de l’âge de départ à la retraite", selon les deux hommes qui entendent conserver les acquis pour leurs collègues. "Dans le métier, on avait la possibilité de prendre un congé de fin d’activité à 57 ans. Moi, j’ai attendu 59 ans, ce qui me fera une retraite de 1 500 € nets à peine. Mais je ne me voyais pas aller au-delà, même avec tous les progrès qu’on a connus depuis que j’ai commencé", confie Serge.

Les fauteuils sur coussin d’air et les transpalettes ont en effet considérablement amélioré la vie des chauffeurs routiers. Mais les contraintes n’ont pas changé. "Pour bâcher et débâcher, il faut sangler, monter en haut de la pile de bois ou des palettes, selon ce que l’on charge, explique Serge. Et donc il y a des risques de chute." Antoine, lui, est tombé deux fois. Résultat, deux opérations de l’épaule à Toulouse Purpan.

La fatigue : "c'est le plus dangereux dans ce métier"

Autre critère de pénibilité, la fatigue. "C’est le plus dangereux dans ce métier vu les contraintes horaires. La somnolence au volant est facteur d’accident." Pour la contrer, il y a bien sûr des pauses imposées. "Mais quand on fait 700 à 800 km par jour, en moyenne, ça veut dire des amplitudes horaires de 12 à 15 heures par jour, manutention des chargements comprise. Plus la vigilance que demande la conduite. Même si on a des camions super-confortables aujourd’hui, beaucoup parmi nous ont des tassements vertébraux et les cervicales usées ", poursuit Serge, devant Antoine qui confirme. "C’est mon cas. Et j’ai des soucis aussi un problème de canal carpien des deux côtés." Forcément, avec les mains sur le volant 9 ou 10 heures par jour, les poignets souffrent.

Alors, ce congé de fin d’activité, les deux copains ne se voyaient pas ne pas le prendre, même à 75 % du salaire brut sans les primes. Et ils imaginent encore moins des chauffeurs au volant d’un poids lourd à 64 ans.

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