"Il faut calmer le jeu avant qu'il y ait un drame" : 457 interpellations et 441 policiers et gendarmes blessés jeudi

  • De vives tensions ont éclaté dans plusieurs villes, en marge des manifestations.
    De vives tensions ont éclaté dans plusieurs villes, en marge des manifestations. MAXPPP - MOHAMMED BADRA
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Nicolas Drusian avec Reuters

La mobilisation de jeudi a été massive pour exiger le retrait de la réforme des retraites, mais les violences sont aussi montées d'un cran.

Le gouvernement doit chercher une "porte de sortie" sur la réforme des retraites, a déclaré vendredi 24 mars 2023 le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger, alors que la contestation s'est durcie jeudi en France en marge d'une nouvelle journée de manifestations à l'appel des syndicats.

"Tout le monde est inquiet ce matin. Parce qu'il y a eu des violences qui sont inacceptables (...) Dans ce cas, il faut calmer le jeu, maintenant, avant qu'il y ait un drame", a dit Laurent Berger sur RTL. "La solution, c'est dire 'on met sur pause', on se donne six mois pour regarder et sur le travail et sur les retraites comment il faut reprendre les choses à l'endroit. Et ensuite les organisations syndicales diront 'on va venir avec nos propositions' (...) et puis on va trouver le compromis s'il est possible. Ça calmerait le jeu", a-t-il poursuivi.

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457 interpellations, 441 policiers et gendarmes blessés

Jeudi, des heurts ont éclaté à Paris et dans d'autres villes françaises en marge et à l'issue des manifestations organisées à l'appel d'une neuvième journée de contestation qui a été marquée par un regain de mobilisation au lendemain d'une intervention très décriée d'Emmanuel Macron, accusé par les opposants à la réforme d'avoir attisé la colère.

Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a fait état de 457 interpellations dans toute la France et 441 policiers et gendarmes blessés. Des affrontements ont opposé en début de soirée à Paris des groupes très mobiles, dont des "Black Bloc", et les forces de l'ordre, lesquelles ont fait usage de gaz lacrymogène.

Gérald Darmanin a dénoncé sur CNews la présence de 1.500 casseurs dans la capitale, ajoutant que plus de 900 feux de mobilier urbain ou de poubelles ont été recensés. Des rassemblements nocturnes ont aussi eu lieu à Lyon ou encore à Bordeaux, où la porte de la mairie a été incendiée.

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"La seule réponse apportée à un problème politique, c'est une réponse policière"

"Je suis le premier à voir qu'il y a une grande mobilisation contre la réforme des retraites mais on ne peut pas s'en prendre aux policiers et aux gendarmes", a dit Gérald Darmanin, ciblant une extrême gauche qui veut "attaquer la République". "La France insoumise joue un jeu extrêmement dangereux contre les forces de l'ordre. Nous avons besoin qu'ils nous disent s'ils sont du côté de la loi - après tout, ils sont parlementaires - ou du désordre", a-t-il ajouté.

Interrogé sur BFMTV, le député La France insoumise (LFI) François Ruffin a assuré vendredi n'être "pas partisan de la violence", déplorant dans le même temps l'absence de "réponse politique" du gouvernement à la contestation. "La seule réponse apportée à un problème politique, c'est une réponse policière", a-t-il regretté.

"Comment on en sort, et comment on apporte de l'apaisement ? Les cartes, c'est le président de la République qui les a. Il a trois solutions : il y a référendum, il y a retrait, il y a démission", a poursuivi François Ruffin, ajoutant que le chef de l'Etat "bouche toutes les issues".

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Un "entêtement incompréhensible" pour les syndicats

Mercredi, Emmanuel Macron a dit vouloir que la réforme des retraites entre en vigueur d'ici la fin de l'année, excluant tout recul sur ce texte emblématique qui prévoit le recul de l'âge légal de départ à la retraite de 62 ans à 64 ans. Le président de la République a aussi réitéré sa confiance dans la Première ministre Elisabeth Borne dont le gouvernement a été fragilisé par le recours à l'article 49.3 pour faire adopter sa réforme sans vote et par le rejet de justesse d'une motion de censure contre l'exécutif.

Dénonçant l'"entêtement incompréhensible" du chef de l'Etat, l'intersyndicale a appelé à une nouvelle journée de mobilisation nationale le mardi 28 mars. Parallèlement, des grèves reconductibles se poursuivent dans les transports, l'énergie ou encore chez les éboueurs, obligeant le gouvernement à procéder à des réquisitions.

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Les forces de l'ordre sont ainsi intervenues tôt jeudi matin à la raffinerie de TotalEnergies à Gonfreville-l'Orcher, près du Havre, en Seine-Maritime, où des salariés grévistes bloquaient l'accès au site. Les opérations de pompage sur place ont redémarré, a déclaré la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, sur RMC. Les gendarmes ont libéré l'accès à la raffinerie afin que les salariés réquisitionnés puissent prendre leur poste

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