Rodez : Ruban Bleu, un laboratoire aveyronnais du "mix énergétique" qui expérimente de nouveaux carburants

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  • "On veut être acteurs et pas seulement suiveurs", affirme le directeur général Vincent Dunez.
    "On veut être acteurs et pas seulement suiveurs", affirme le directeur général Vincent Dunez. Centre Presse Aveyron - X. B.
  • Près de 80 % des véhicules de service sont aujourd'hui électrique dans l'entreprise, où 76 bus roulent au B100 et 32 au gaz.
    Près de 80 % des véhicules de service sont aujourd'hui électrique dans l'entreprise, où 76 bus roulent au B100 et 32 au gaz. Centre Presse Aveyron - X. B.
Publié le , mis à jour
Xavier Buisson

Forte de près de 550 véhicules, l'entreprise Ruban bleu tourne peu à peu la page du diesel en expérimentant de nouveaux carburants. Le dernier en date, le B100, 100 % végétal et issu du retraitement des résidus de colza, permet de réduire drastiquement les émissions de CO2 et particules fines.

Fondée il y a plus de 70 ans, l'entreprise dont le siège est à Rodez, a historiquement "fonctionné avec des véhicules à moteur thermique au gasoil, comme tous les transporteurs de France et d'ailleurs", ainsi que l'explique son directeur général Vincent Dunez, arrivé à ce poste en 2017.

Mais petit à petit, face aux enjeux environnementaux, sociétaux et à l'évolution des normes des moteurs, la donne a changé dans l'entreprise. 

539 véhicules

Ruban bleu, dont le parc compte aujourd'hui 539 véhicules, commence à s'interroger. "Nous nous sommes demandé quelles étaient les substitutions possibles au gasoil et ce qu'allaient nous proposer les constructeurs", se souvient Vincent Dunez.

La première diversification remonte à 2015. Un "premier essai" basé sur la "curiosité" avec un Renault Kangoo électrique-hydrogène, dédié à l'usage interne et toujours en service aujourd'hui. Deux ans plus tard, en 2017, les Renault Zoé (électriques) ont été la véritable porte d'entrée du groupe dans le sujet et, à ce jour, les véhicules électriques constituent 80 % de la flotte de service. Cette technologie est étendue progressivement aux petits véhicules de 9 places, comme les navettes de centre-ville en circulation à Espalion et à Albi.

Au gaz version bio

En 2020, Ruban bleu construit sa première station de gaz à Millau, elle sera inaugurée l'année suivante. Une nouvelle étape franchie dans la sobriété, et celle-ci concerne cette fois-ci les bus. Le principe : l'entreprise achète du biogaz, un gaz naturel issu de la méthanisation. "Un choix de l'entreprise par rapport à l'environnement, car il est un peu plus cher que du gaz naturel classique", explique le directeur. Il alimente les premiers véhicules de ligne entre Millau et Rodez et Millau et Montpellier. 

Le biogaz gagne du terrain dès l'année suivante, à Rodez, alors que "Rodez Agglomération s'intéressait au biogaz pour le renouvellement de la flotte d'Agglobus". L'agglomération décide finalement de franchir le pas et une nouvelle station voit le jour au siège du groupe, avenue de Toulouse à Rodez. Elle permet d'aliment 13 des 22 bus urbains du réseau. Trois nouveaux bus au gaz sont par ailleurs attendus d'ici la fin 2023et, au total, les véhicule fonctionnant au gaz sont actuellement 32.

"Les économies financières ne sont pas avérées, c'est un choix réellement environnemental"

En parallèle, un nouveau type de carburant fait son apparition dans le milieu du transport, avec la particularité d'être "consommable" par les historiques moteurs diesels, contraints désormais de respecter les normes de sobriété imposées par l'Etat. Il s'agit du B100, issu du traitement des résidus de colza, et qui permet de répondre à la norme Euro-5.

Il peut alimenter les moteurs diesel sans aucun aménagement et ne nécessite qu'un rapide réglage pour ceux à la norme Euro-6. "Du zéro émission, tout comme le gaz", se félicite Vincent Dunez, qui a comme avantage non négligeable de permettre aux véhicules concernés de bénéficier de la vignette Crit'Air1 et, de ce fait, de pénétrer dans les zones à faible émission comme, localement, Toulouse et Montpellier. Aujourd'hui, 76 véhicules tournent au B100, appelé aussi Oléo100.

Revers de la médaille : le coût des véhicules : 20 à 25 % plus cher pour ceux au gaz, 10 à 15 % pour ceux alimentés au B100. Les bus au gasoil et ceux au gaz consomment la même quantité de carburant. "Le problème c'est que les prix se sont envolés avec la guerre en Ukraine", souligne Vincent Dunez, avant de revenir, aujourd'hui, à des "normes standard". Soit un prix légèrement inférieur à celui du gasoil, tout comme le B100, ce dernier ayant cependant "une surconsommation de 10%".

"Acteurs et pas suiveurs"

"Notre créneau, c'est le mix énergétique. Personne ne savoir si demain tout sera au gaz, à l'électricité, à l'hydrogène. L'hydrogène a sans doute énormément d'avenir mais pour le moment économiquement pas atteignable pour des entreprises comme la nôtre", résume Vincent Dunez, qui poursuit :

"Les économies financières ne sont pas avérées pour le gaz et l'électricité, et le B100 a un prix indexé sur celui du gasoil. C'est un choix réellement environnemental, porté aussi par nos donneurs d'ordres que sont des collectivités telles que Rodez agglomération et la région Occitanie. 80% de nos marchés sont issus d'appels d’offres de collectivités".

"C'est notre philosophie générale : on veut être acteurs et pas seulement suiveurs. Si une nouvelle technologie émerge, on y sera vigilant", conclut le directeur général du groupe, alors que le retrofit pointe le bout de son nez dans le secteur du transport. Il s'agit, tout en conservant les véhicules, de remplacer leurs moteurs diesel par des moteurs au gaz ou électrique. Avec la limite que, pour l'heure, cette démarche coûte à peu près le même prix qu'un véhicule neuf.

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