"Il faut passer par les forces de l'ordre" : cet enregistrement qui fait enfler la polémique autour de l'intervention du SAMU à Sainte-Soline

  • Un enregistrement met en cause le commandement de gendarmerie sur place dans l'intervention tardive des secours.
    Un enregistrement met en cause le commandement de gendarmerie sur place dans l'intervention tardive des secours. Capture Twitter - Gendarmerie nationale
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Cet enregistrement révèle pourquoi les secours ont mis du temps à être déployés pour prendre en charge les manifestants blessés à Sainte-Soline.

Après les violents affrontements qui ont éclaté à Sainte-Soline (Deux-Sèvres), samedi 25 mars 2023, entre des manifestants opposés au projet de "méga-bassines" et les forces de l'ordre, une polémique très vive a suivi sur les possibilités des secours d'intervenir sur place.

D'un côté, les opposants dont une équipe de la Ligue des droits de l'homme accusent les forces de l'ordre d'avoir obstrué l'intervention des secours pour prendre en charge de nombreux blessés. Le parquet de Niort a notamment fait état d'au moins quatre manifestants grièvement blessés et hospitalisés.

D'un autre côté, les autorités démentent totalement. Emmanuelle Dubée, préfète des Deux-Sèvres, s'est exprimée via un communiqué de presse mardi soir, disant qu'il n'est "pas surprenant" que "si les conditions de sécurité n'étaient pas réunies, les forces de l'ordre aient pu, pour certaines géolocalisations et dans certaines périodes de temps, indiquer qu"un envoi d'ambulance n'était pas possible dans l'immédiat". Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a répété sur RTL ce mercredi que "les secours sont arrivés dès qu'ils ont pu".

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La responsabilité des forces de l'ordre engagée

Y avait-il une raison valable pour que les forces de l'ordre refusent d'envoyer des secours ? Les deux camps se renvoient la balle. Ce qui est certain aujourd'hui, grâce à un enregistrement qu'ont pu se procurer Le Monde et Médiapart, c'est que c'est bien le commandement sur place qui avait le dernier mot sur la question.

Dans cet enregistrement de 7m30, on entend une conversation téléphonique entre un médecin et une avocate de La Ligue des Droits de l'Homme qui étaient sur place, ainsi que le SAMU à l'autre bout du fil. "On n'enverra pas de moyens Smur ou d'hélico parce qu'on a ordre de ne pas en envoyer par les forces de l'ordre", ont expliqué les secours.

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"Je suis avec des observateurs de la Ligue des droits de l'homme qui disent que les observateurs sur place disent que c'est calme depuis 30 minutes et qu'il est possible d'intervenir ?", a demandé le médecin sur place. La réponse : "Je suis d'accord avec vous, vous n'êtes pas le premier à le dire. Le problème, c'est que c'est à l'appréciation des forces de l'ordre et qu'on est sous un commandement, qui n'est pas nous. Donc, pour l'instant, on a ordre de rassembler les victimes au niveau de l'église de Sainte-Soline, avec des moyens pompiers qui se déplacent sur site pour prendre en charge et ramener. Mais pour l'instant, on n'aura pas de moyens de Smur ou d'hélico ou de quoique ce soit sur place".

Voici un extrait partagé par Franceinfo :

En insistant pour savoir qui contacter afin de débloquer la situation, le médecin et l'avocate de la Ligue des Droits de l'Homme ont systématiquement été renvoyés vers le commandement sur place, et non la préfecture.

Ils apprennent également que des médecins militaires étaient présents, mais qu'ils avaient pour mission de soigner uniquement les gendarmes. Le parquet de Niort avait fait état de 47 blessés parmi les forces de l'ordre, dont deux graves, qui sont aujourd'hui sortis de l'hôpital.

Deux plaintes pour tentative de meurtre

Ce mercredi 29 mars 2023, la famille d'un manifestant plongé dans le coma a annoncé avoir porté plainte contre X pour "tentative de meurtre" et "entrave aux secours". Dans la foulée, la famille d'une deuxième victime gravement blessée ce week-end a décidé de porter plainte à son tour pour "tentative de meurtre".

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L'enquête judiciaire concernant ces violents affrontements a été confiée au parquet de Rennes, qui a les compétences en affaires militaires. L'inspection générale de la Gendarmerie nationale (IGPN) est en charge de l'enquête pour "violences par personne dépositaire de l'autorité publique" et "non-assistance à personne en péril".

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